Le Front de gauche face aux pièges de la division qui lui sont tendus.

jeudi 3 septembre 2020.
 

- A) Face à Hollande PCF et Parti de gauche empruntent deux chemins différents (Mediapart)
- B) Mes commentaires : Le Front de gauche face aux pièges de la division qui lui sont tendus
- C) Le positionnement du Front De Gauche par rapport au PS ne constitue pas l’alpha et l’oméga de son action politique

Nous commenterons ici un article du site Mediapart intitulé

A) Face à Hollande PCF et Parti de gauche empruntent deux chemins différents (Mediapart)

Face au pouvoir socialiste, le Front de gauche reste partagé sur l’attitude à adopter.

Doit-il s’obstiner à espérer que le gouvernement penche à gauche, ou considérer qu’il ne représente plus vraiment la gauche ? Doit-il espérer le convaincre en allié, ou se préparer à le battre en concurrent ? Ces questions traversent le rassemblement de l’autre gauche, perpétuant un clivage vieux comme le Front de gauche, entre les communistes et les autres : que faire de l’alliance avec le PS ?

« On est d’accord sur le diagnostic, on discute du meilleur moyen d’être efficace. » Éric Coquerel, proche de Jean-Luc Mélenchon, résume bien la situation. D’un côté, un parti de gauche (PG) estimant que la trahison des socialistes au pouvoir est irréversible ; de l’autre un PCF qui n’a pas d’autre choix que de constater la rupture avec le PS, mais qui estime qu’elle n’est pas encore définitive.

« On est entré dans une logique à la Papandréou, où chaque plan d’austérité est présenté comme le dernier. Le même raisonnement est à l’œuvre en France, analyse François Delapierre, du parti de gauche. Hollande est entré dans le cercle vicieux de l’austérité, économique comme politique. Le gouvernement se coupe peu à peu de sa base sociale, et se retrouve de plus en plus sous domination du patronat.  » Pour l’ancien directeur de campagne de Mélenchon, dans un « contexte de dégradation idéologique », les espoirs communistes sont vains. « La stratégie de l’aiguillon est illusoire, tranche-t-il. Peu à peu, le gouvernement tue tout espoir dans cette stratégie. Vu la ligne idéologique du PS, qui devient progressivement celle d’un parti démocrate, nous nous trouvons dans une logique de compétition. »

Jean-Luc Mélenchon l’a redit ce lundi, au siège de son parti : « Tout ça va se précipiter, maintenant que les élections américaines et le congrès chinois sont terminés, les mafias internationales de l’argent vont se remettre en mouvement. » Pour l’ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle, Hollande ne fera que recopier les dessins de ses camarades sociaux-démocrates.

« Ses amis Papandréou, Zapatero ou Socrates ont échoué lamentablement. Pourquoi s’entêter à faire la même politique qu’eux, alors qu’elle échoue partout ?! À quel moment Hollande va-t-il refuser de céder ? » se demande-t-il.

Les socialistes l’accusent de se glisser dans la posture du recours, misant sur l’échec de la gauche de gouvernement ? Il leur rétorque : « Je ne mise pas sur les événements, je sais qu’ils auront lieu. La chaîne de l’austérité va se rompre quelque part en Europe d’ici peu. On ne sait pas d’où le choc viendra, mais on sait qu’il arrive. »

Côté PCF, l’hostilité vis-à-vis du gouvernement est bien moins radicale dans les mots. « On ne dit pas que les intentions du PS et de la droite sont les mêmes, mais le résultat ne s’éloigne pas suffisamment des politiques de droite  », a déclaré lundi matin le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, sur France Inter.

Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, insiste : « Si nous faisons partie de la majorité politique qui a dégagé Sarkozy, là où on attendait une vraie politique de gauche, de relance et pour les salariés, il n’est question que de compétitivité… » Pour Dartigolles, la cause n’est pas pour autant entendue :
«  Quand ça va dans le bon sens, on est là. Sur le bouclier fiscal, la loi sur le logement ou les emplois d’avenir, on a voté pour. Et si on s’abstient, on aura toujours fait des contre-propositions. Nous sommes disponibles pour aller dans la bonne direction, et pas pour rester sur le bord du chemin à distribuer les baffes et les mauvais points.  » Mais il admet dans le même temps : «  Cela fait six mois qu’on ne voit aucune grande loi perçant le ciel et réconciliant la gauche avec son histoire. On a face à nous dogmatisme social-libéral et brutalité de comportement. »

Pour le président communiste du groupe Front de gauche à la mairie de Paris, Ian Brossat, «  le PS est en train de régler le problème de lui-même, par son mépris… Mais sa récurrente pédagogie du renoncement entretient l’idée que rien n’est possible face à la crise, ce qui ne crée pas franchement un bon climat pour la gauche ».

De son côté, la responsable des relations avec le Front de gauche au sein du PCF, Marie-Pierre Vieu, s’est résolue au « virage social-libéral » du PS au pouvoir, mais n’est pas davantage optimiste. « La clarification vis-à-vis du PS est faite, l’attitude des socialistes a bien aidé à cela. Mais il faut encore donner du contenu à cette clarification. »

Fin du texte de Mediapart

Source :

http://www.mediapart.fr/journal/fra...

B) Mes commentaires : Le Front de gauche face aux pièges de la division qui lui sont tendus

L’attitude du PCF qui semble plus conciliante que celle du PG à l’égard du le PS s’explique en bonne partie, mais pas seulement (voir ci-dessous), par le fait qu’il existe encore, au niveau local, des alliances entre les élus communistes et les élus socialistes qui ne datent pas d’hier : les uns et les autres doivent leur siège à l’existence de ces alliances locales. Il est donc difficile de rompre du jour au lendemain avec le PS même si sur le fond, le PCF et le PI partagent à 90 % la même analyse sur le plan économique et politique.

A l’inverse, le PG, nouveau jeune parti est, ne l’oublions pas, le résultat d’une scission du PS. Mélenchon, Généreux et d’autres, ont tenté, en vain, pendant de nombreuses années d’orienter vers la gauche la direction du PS. Ils ont donc vécu de l’intérieur les limites du rôle "d’aiguillon" qui est encore avancé par le PCF, du fait que ce dernier, de l’extérieur, a pu pendant un temps obtenir du PS quelques infléchissements ponctuels vers la gauche.

Le PCF est encore partiellement arrimé à une vision électoraliste de la vie politique axée sur la conquête de sièges dans les assemblées plutôt que par une ambition de prise du pouvoir qui nécessite une pratique politique autrement plus exigeante (essentiellement axée sur une action continue de la formation politique des citoyens).

Ceci étant dit, le PCF progresse dans la bonne direction de l’autonomie comme en témoigne le prix élevé qu’il a dû payer en termes de pertes de sièges par son refus d’alliances locales avec le PS et par sa décision de faire alliance avec le PG, jeune parti dont le potentiel militant était relativement faible . Comme toujours, il faut apprécier les situations dialectiquement.

Mais en dépit de quelques variantes microstratégiques, le PCF et le PG sont d’accord pour que le Front de gauche devienne une force totalement autonome et susceptible, à terme, de devenir largement majoritaire à gauche

Un événement récent doit faire réfléchir : si l’on compare les analyses et les revendications de la Confédération Européenne des Syndicats à l’occasion de la mobilisation du 14 novembre 2012 et celles du Front de gauche, on constate une convergence totale notamment dans le rejet des politiques d’austérité.

Le Front de gauche est donc la seule organisation politique de poids significatif en France à être un relais politique des organisations syndicales pour la satisfaction de leurs revendications.

On comprend, de ce fait, pourquoi les médias n’ont apporté qu’une place réduite à l’explication de ce mouvement. Il est, en effet, difficile pour les médias de présenter le Front de gauche comme un cartel d’extrémistes alors que la CES regroupent de nombreux syndicats réformistes. Quant au parti socialiste, il a cessé progressivement de remplir une telle mission.

En réalité, la situation est relativement simple : le Front de gauche, avec le maximum de rigueur intellectuelle, doit faire le bilan précis, d’une part des mesures positives (satisfaisantes ou encore insuffisantes) et des mesures négatives d’autre part, prises par le gouvernement socialiste. Dans les mesures positives, il convient de distinguer les mesures de reconstruction suite aux entreprises de démolition des droits sociaux par 10 années de régime, non pas conservateur, mais destructeur et par ailleurs, les mesures nouvelles améliorant la situation qui existait il y a 10 ans.

Il faut tout de même reconnaître que le gouvernement doit mener de front un travail de reconstruction et un travail de mise en place de mesures réellement nouvelles dans un contexte de crise : la tâche n’est pas simple.

De sorte que le PG ne doit pas donner non plus l’image d’un parti dogmatique qui ne reconnaît aucune mesure positive dans l’action gouvernementale.

Cette attitude aurait comme conséquences : une incompréhension totale du corps électoral du fait que ce parti a tout de même contribué à ce que François Hollande soit élu président, et d’autre part une instrumentalisation par la droite et les médias considérant le Front de gauche comme un allié objectif de l’UMP. On renforce alors le FN.

L’attitude du PCF ne manque donc pas d’intelligence politique en ne brossant pas un tableau 100 % noir des mesures prises par le gouvernement socialiste.

Les responsables du Front de gauche sont donc dans un contexte nécessitant une intelligence politique très aiguisée

ils ont évidemment tout a fait intérêt à renforcer leur coordination pour faire front à toutes les entreprises de division. Un certain nombre de commentateurs voudraient bipolariser le Front de gauche ou même le multipôlariser (PCF/PG/gauche radicale) et favoriser ainsi son émiettement en absolutisant les différences de culture politique existant en son sein. On peut espérer les responsables du FDG suffisamment intelligents pour ne pas tomber dans un piège aussi grossier.

Mais faire le bilan de l’action gouvernementale et se positionner par rapport à elle ne sont qu’un petit aspect du travail politique  :

- le FDG dispose d’un programme, l’Humain d’abord, qu’il doit continuer de populariser et d’approfondir,

- il a tout intérêt à améliorer son organisation tant au niveau local que national,

- la formation de ses militants constitue un rôle essentiel de son fonctionnement politique.

- l’amélioration de son audience constitue un point essentiel de l’augmentation de son influence. (voir notre article précédent fragmenté en quatre parties : la longue marche vers la victoire, notamment Les clés de la victoire : la dynamique PAFOhttp://www.gauchemip.org/spip.php?a...)

Faire commenter l’action gouvernementale constitue l’essentiel de l’ensemble des interviews des journalistes lorsqu’ils invitent Jean-Luc Mélenchon : ce n’est évidemment pas par hasard. On place ainsi le FDG dans une position réactive, défensive, de dominé et de "petit aiguillonneur".

Mais Jean-Luc Mélenchon, qui n’est pas né de la dernière couvée, a parfaitement compris la manœuvre, raison pour laquelle il contrecarre cette stratégie en ayant une position offensive et indépendante de propositions constructives, telle par exemple, le budget proposé par le Front de gauche (Voir l’article incontournable figurant sur ce site : http://www.gauchemip.org/spip.php?a...)

Hervé Debonrivage

C) Le positionnement du Front De Gauche par rapport au PS ne constitue pas l’alpha et l’oméga de son action politique


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