Bibliographie nouveautés : « L’école, la religion et la politique de Condorcet à Ferry »

mardi 30 janvier 2007.
 

Le combat fut rude entre les cléricaux et les républicain en ce 19ème siècle, plus rude encore que certains peuvent le penser...L’Eglise voulait tout : la « liberté de l’enseignement »c’est à dire la possibilité d’ouvrir des écoles privées et celle qui vise à contrôler le contenu de l’enseignement public. La loi Guizot institue en 1833 l’instruction primaire élémentaire qui comprend nécessairement « l’instruction morale et religieuse » , les curés étant chargés du contrôle de l’enseignement ...

Alors que Thiers s’opposait au début à la « liberté » totale de l’enseignement, il devient l’un des fervents défenseurs de cette possibilité offerte aux congrégations d’ouvrir des écoles privées financées en partie par des fonds publics... Il s’explique dans sa déclaration du 29 juin 1849 : « ...Quant à l’université, j’ai été son défenseur... mais la Révolution de février m’a ouvert les yeux, j’ai vu que l’université est infectée de socialisme. Elle l’est surtout parmi les instituteurs primaires qui sont maintenant le plus terrible fléau de nos pays. Il faut à leur égard des remèdes prompts et énergiques... » La messe est dite et Thiers continue une carrière ultra réactionnaire qui le conduira à devenir le grand massacreur de la Commune.

La loi Falloux va permettre en 1850 à l’Eglise de disposer de tous les leviers :

le conseil académique où siégeait de droit l’évêque pouvait, sur simple rapport d’un curé, déplacer à son aise l’instituteur du lieu ; les établissements secondaires religieux vont pouvoir se développer....

Les républicains, laïques convaincus vont avec opiniatreté combattre les monarchistes, Victor Hugo à l’Assemblée nationale le 15 janvier 1850 s’en prend au parti clérical : « Vous êtes les parasites de l’Eglise, vous êtes la maladie de l’Eglise. Ignace est l’ennemi de Jésus. Vous êtes, non les croyants, mais les sectaires d’une religion que vous ne comprenez pas. Vous êtes les metteurs en scène de la sainteté. Ne mêlez pas l’Eglise à vos affaires, à vos combinaisons, à vos stratégiés, à vos doctrines, à vos ambitions... »

Anti religieux Victor Hugo ? Que non... C’est l’anti-cléricalisme qui s’exprime et rien d’autre... Voici là l’une des pages du combat séculaire. Les laïques auront leurs revanche quand la République sera établie et consolidée. Au début très peu de républicains étaient pour la séparation des églises et de l’Etat... Pour certains il valait mieux contrôler l’Eglise que lui couper les vivres.

Le passage de la domination de l’église à celle de l’émancipation par l’école sera difficile mais l’intransigeance des cléricaux et la position anti-républicaine du pape Léon XIII condamnant avec plus que de la vigueur les lois scolaires de 1881 à 1882 finiront par élargir le camp de ceux qui se prononceront enfin pour une loi de séparation.

L’intérêt de ce livre c’est de nous apporter en plus d’éléments d’analyse, des références et de larges extraits présentés et commentés de discours établis par les uns et les autres. On peut y découvrir des premier déblayeurs, laïques, peu connus comme Volney qui sut s’opposer courageusement à la politique religieuse de Napoléon Bonaparte...

Ce débat d’hier est aujourd’hui d’une actualité brûlante. L’antagonisme entre l’Etat et les Eglises se poursuit... Les cléricaux ne veulent ils pas remettre en cause la liberté de penser, de critiquer la religion (le droit au blasphème étant remis en cause) !?

Aujourd’hui, les églises ne désarment pas, elles veulent que l’Etat révise la loi de séparation... Les laïques sauront-ils relever le défi et poursuivre l’oeuvre de leurs devanciers ?

de Lydie Garreau chez L’Harmattan 268 pages


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