Le cancer de la finance a été inoculé par des hommes

mercredi 19 octobre 2016.
 

Par Dominique Fontaine, Prêtre, vicaire général de la Mission de France

Les mesures prises pour diminuer les rémunérations des dirigeants des grandes entreprises sont importantes. Mais il y a aussi les dirigeants des grandes banques, ceux qui sont à l’origine du processus qui a amené la crise financière, ceux qui, par exemple aux États-Unis, n’ont pas été inculpés après les événements de 2008 et… qu’on a retrouvés aux côtés de Barack Obama  !

La financiarisation déconnectée de l’économie réelle est un cancer qui prolifère depuis des années, qui fait éclater ses boursouflures sur la Grèce comme depuis des décennies sur les pays pauvres.

Mais ce n’est pas un cancer ordinaire, qui tomberait sur l’humanité comme une maladie dont on n’est pas responsable. C’est une maladie qui a été inoculée par des hommes, qui ont sciemment pensé le projet. Ils ont entraîné dans leur cupidité bien des acteurs économiques jusqu’aux petits épargnants. Bien sûr, tout cela est lié à un système, le système économique libéral. Mais il y a des hommes aux manettes  ! Je pense qu’il faudrait davantage les montrer, les désigner, pour que nos concitoyens voient qu’il y a eu des décisions prises, qu’il ne s’agit pas d’un système contre lequel on ne peut rien.

On n’est pas obligé d’être parmi les électeurs du Front de gauche pour essayer de comprendre ces mécanismes financiers. Il y a aussi des économistes comme Pierre Larrouturou, ou plus largement les Économistes atterrés. Ne serait-il pas bon que se réalise un front commun d’explications pour redonner aux citoyens barre sur les explications de la crise financière et sur les mesures économiques qui peuvent être prises  ? Car ces décisions dépendent aussi de nous, les citoyens, de notre abstention ou de notre action.

Comment, par exemple, avons-nous pu laisser les politiques obliger les États à financer leurs projets auprès du marché financier privé et non auprès de leurs banques centrales, et pour l’Union européenne auprès de la Banque centrale européenne  ?

Comment nous-mêmes, citoyens, avons-nous pu laisser les politiques fermer les yeux sur les paradis fiscaux, y compris en Europe, qui privent nos pays, mais plus encore ceux d’Afrique ou d’Amérique latine, de ressources essentielles  ?

Le CCFD-Terre solidaire (Comité catholique contre la faim et pour le développement) a lancé, avec d’autres associations, une campagne contre les paradis fiscaux. Dans les années 1990, il a participé à la grande campagne pour l’annulation de la dette des pays les plus pauvres, à l’occasion du jubilé de l’an 2000.

Il est temps pour les chrétiens, comme pour les autres citoyens, de mieux s’informer sur les processus financiers qui gouvernent notre monde et d’arrêter de dire  : « On n’y peut rien » Il est temps de revenir à des règles économiques saines.

Dominique Fontaine


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