Jean-Luc Mélenchon recueille 10% d’intentions de vote. Comment expliquez-vous cette estimation  ?

Jérôme Sainte-Marie. C’est une progression lente 
et régulière depuis novembre. Il passe de 5% à 10%. Le profil électoral de Jean-Luc Mélenchon est double. Il y a, bien sûr, l’influence du PCF. Mais il mord sur des électorats, certes réduits, sensibles aux thèses chevènementistes. Beaucoup viennent des catégories populaires, des services publics et du monde enseignant. Les ouvriers représentent entre 5 et 10%. Il commence 
à mordre sérieusement sur l’électorat de l’extrême gauche. 50% des électeurs de 2007 de Besancenot voteraient aujourd’hui Mélenchon. Cette marche lui permet de franchir les 10%.

Quelles sont les thématiques de la campagne du Front 
de gauche qui intéressent le plus l’électorat  ?

Jérôme Sainte-Marie. Le protectionnisme économique, 
la valorisation du modèle social français et tout ce qui a trait à la laïcité. Donc, un modèle républicain. Il séduit peu, en fait, chez les victimes directes du capitalisme.

Pourtant, ses meetings réunissent de nombreux 
ouvriers et jeunes…

Jérôme Sainte-Marie. Ça ne se voit pas dans les intentions de vote. Mais il y a un lien entre le succès de sa campagne et celle de François Hollande. Les gens étant rassurés par la bonne tenue de ce dernier se disent qu’ils peuvent voter sans risque Mélenchon au premier tour, pour ancrer à gauche un François Hollande président.

Jean-Luc Mélenchon mordrait aussi 
sur les abstentionnistes  ?

Jérôme Sainte-Marie. Oui, il commence à attirer 
des électeurs qui s’étaient détournés du vote et qui sont rassurés de pouvoir voter Mélenchon sans menacer la victoire de la gauche. Le risque d’un 21 avril s’éloignant favorise sa candidature.

Mélenchon à 10 % change-t-il de statut dans l’opinion  ?

Jérôme Sainte-Marie. C’est en train de se faire. 
Les sondages ont un effet sur les gens mais aussi sur les journalistes et les commentateurs. Mais sa candidature est contrainte dans la mesure où il a besoin que celle 
de Hollande demeure vaillante dans les sondages.