La fulgurante ascension de Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche

mercredi 28 mars 2012.
 

Il est la bonne - ou mauvaise - surprise de la campagne : Jean-Luc Mélenchon fait un carton. Orateur le plus talentueux, il remplit les salles, et exalte les foules, parfois venues de loin, pour se laisser transporter par ses flots de paroles indignées. Le tribun commence à toucher les dividendes de son succès d’audience : il a atteint 10 % d’intentions de vote dans une enquête d’opinion, et espère bien franchir cette barre le 22 avril. Il pèse donc fortement dans le débat.

Si François Hollande a lancé sa proposition de taxer à 75 % les revenus supérieurs à 1 million d’euros par an, ce n’est pas seulement pour retrouver un élan et contrer le "président des riches", c’est aussi pour freiner l’ascension du trublion Mélenchon. L’objectif a été partiellement atteint par le candidat socialiste : "Méluche", comme on l’appelle entre camarades, a publiquement approuvé la mesure, tout en espérant que le député de Corrèze ne s’arrêterait pas en si bon chemin. Il va pousser au gauchissement du projet socialiste, appuyé sur une ferveur militante qui le soutient tout en sachant qu’il ne peut l’emporter in fine dans les urnes.

"Ôter son caleçon"

Pour François Hollande, il est à la fois une chance - il ratisse à gauche toute, canalisant de possibles abstentionnistes du 6 mai vers un futur vote rose - et une menace - à qui il faudra faire des concessions qui font fuir le centre. Mais le bilan est "globalement positif" : Mélenchon a rengainé ses critiques les plus acerbes contre le "capitaine de pédalo", et il concentre désormais le tir sur Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Au point d’avoir mis en fureur le fondateur du Front national qui a promis de lui "ôter son caleçon". Réplique immédiate de Mélenchon : "Inutile, c’est déjà fait, je suis un sans-culotte !"

Plein d’humour et beaucoup plus pragmatique qu’on ne le dit, l’ancien ministre de Lionel Jospin ne jouera pas contre son camp. Il tente d’instaurer un rapport de force le plus favorable possible à ses intérêts (en termes d’idées, mais aussi de circonscriptions), puis il jugera de l’utilité pour lui de participer à un gouvernement si Hollande gagne. L’essentiel est évidemment de pérenniser son leadership sur la gauche de la gauche et d’en rester le chef. Mélenchon-le-rouge veut, avant tout, faire prospérer sa petite entreprise.


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