Dette : le Front de gauche veut dégonfler les « bobards »

vendredi 16 septembre 2011.
 

Révéler ce qui est tenu secret est l’un des buts que l’alliance souhaite mettre en lumière dans le cadre de son travail d’éducation populaire qu’elle va initier prochainement sur l’endettement public et plus généralement sur la crise.

Rendre visibles ces réalités, ces chiffres, ces faits tenus secrets. C’est l’un des objectifs que s’assigne le Front de gauche dans le cadre de son « travail de pédagogie et de révélations sur la crise » financière, notait Olivier Dartigolles, ce week-end, lors du conseil national du PCF. Le dirigeant communiste réaffirme ainsi que le rassemblement fondé par le PCF, le Parti de gauche (PG) et la Gauche unitaire (GU), et élargi depuis le mois de juin à la Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase), à Convergences et alternative (ex-NPA) et à République et socialisme, engage un bras de fer avec « le capital financier ».

Une campagne « grain de sable »

Six forces unies pour entamer un « travail d’éducation populaire » censé provoquer un débat «  exigeant et qui n’est pas que technique sur la dette publique », explique Clémentine Autain (Fase).

S’appuyant sur la campagne référendaire que le « non » de gauche avait initiée sur le traité constitutionnel européen, en 2005, le Front de gauche souhaite modifier les termes du débat sur l’endettement, devenu désormais « une question politique majeure ». Dans les semaines à venir, on devrait s’attendre à une « campagne de très haut niveau faisant appel au bon sens, à la capacité de jugement, d’analyse et de compréhension des citoyennes et des citoyens », souligne Olivier Dartigolles, dont le parti a décidé d’impulser une série de réunions publiques dans tout le pays sur les causes de la crise et les solutions pour en sortir.

Après avoir armé les participants sur la dette publique dans les universités d’été du PCF et du PG, le Front de gauche entend profiter de la Fête de l’Humanité pour « mobiliser au-delà du peuple militant  », selon Martine Billard (PG). D’ores et déjà, un argumentaire mis au point par le PCF circule : qu’estce que la soumission aux marchés financiers ? Quel lien entre Bourse et économie réelle ? Est-il possible de libérer la dette publique des marchés financiers ? Autant de fiches qui devraient répondre aux interrogations des néophytes en économie. Et les inciter, à leur tour, à renforcer le Front de gauche dans le bras de fer qu’il engage avec les idéologues de la finance.

« Notre campagne repose sur un grand dénuement matériel et un grand dévouement militant », sourit François Delapierre (PG). Une campagne consistant à dégonfler les « bobards », à être « le grain de sable », à « résister ». Or, estime-t-il, « notre travail produira ses effets si la rencontre se fait avec la mobilisation sociale. Et celle-ci n’aura pas lieu si les gens se laissent culpabiliser par le discours sur l’austérité ».

Bousculer les rapports de force à gauche

Le travail pédagogique vaut également pour la « règle d’or » budgétaire. Car, « dans la logique du pacte pour l’euro plus », elle est une « arme de destruction massive » contre « les missions de l’État et les biens communs publics », rappelle Olivier Dartigolles. Lequel alerte : « Nicolas Sarkozy a réussi à entraîner une partie de la gauche dans une course à la rigueur. » Aucun leader du Front de gauche ne s’en réjouit.

« La dérive du PS n’est pas inéluctable, affirme Clémentine Autain. Nous n’allons pas, nous, occuper le pré carré de la gauche radicale. Il faut bousculer les rapports de forces à l’intérieur de la gauche et être suffisamment forts pour peser sur les débats internes du PS. » L’offre publique de débat, lancée fin août par Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, ne semble pas rejetée par le Parti socialiste, selon Benoît Hamon, son porte-parole (voir encadré). Sans doute que la Fête de l’Humanité sera le lieu idéal pour cette nécessaire confrontation.

Mina Kaci, L’Humanité


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