Extravagante caste des médiacrates !

dimanche 26 juin 2011.
 

Un des commentaires qui suit ma précédente note signale de quel balcon parle la bouche d’or qui insulte les ayant droit du RSA au "Figaro-magazine avec la une haineuse dont on se souvient. Voici ce qu’on m’écrit : "Jean-Luc Mélenchon nous signale l’article du Figaro Magazine qui dénonce "la France des assistés". Il n’est pas indifférent de savoir que Sophie Roquelle, la journaliste du Figaro qui pond cette longue enquête sur la France des assistés, n’est autre que Sophie Roquelle-Cirelli, épouse du numéro deux de GdF-Suez, Jean-François Cirelli. C’est le site « Arrêt sur images » qui confirme les recherches d’internautes sur cette "belle personne". « Arrêt sur Images » donne des liens éclairants, comme celui vers un autre article du Figaro, qui nous apprend que la rémunération de Cirelli a triplé en 2008. Et c’est ce genre de parasites sociaux qui font la leçon aux pauvres et aux précaires !"

Cette information nous ramène à ce droit d’inquisition que prétendent s’arroger des Torquemada comme le père Jean Quatremer, censeur des mœurs au parlement européen. Si, par anticipation, des voyeurs de cette sorte prétendent se renseigner sur votre personnalité sexuelle au motif que vous êtes élu, homme ou femme, ce qui mettrait en cause la qualité et l’indépendance de vos votes, nous pouvons avoir la même exigence pour vérifier la qualité et l’indépendance de gens qui prétendent non seulement nous informer mais, dorénavant, nous surveiller aussi. Ce n’est pas moi qui ai inventé cette exigence, mais la caste elle-même ! Souvenez-vous de cet élan de misogynie récent dont elle s’est amnistiée depuis. En effet, qui a décidé de mettre en cause des journalistes, femmes, au motif de l’implication politique de leur compagnon ? Ces censeurs là. Miraculeusement aucun homme ne fut jamais mis en cause. Un hasard, bien sûr. Mais il faut commencer.

L’exemple donné par mon commentateur montre qu’il n’est pas si significatif de savoir avec qui, ni comment, couchent les médiacrates. Bien sur on pourra s’émerveiller de savoir que pas une femme n’a eu à se plaindre dans ce milieu du moindre abus de pouvoir. Laissons cela pour aujourd’hui. Il est beaucoup plus important d’être prévenu contre l’influence que peut avoir sur cette sorte de gardien du temple de la vérité le métier des conjoints. Il faut commencer maintenant cette enquête. Car on ne peut pas espérer qu’eux mêmes s’en chargent. Voyez la dernière tonitruance du père de la congrégation pour la doctrine de la foi, l’immense Alain Duhamel. Il pourfend "Luc Ferry, le populiste mondain". On sait que "populiste" signale l’emplacement de la poubelle dans l’esprit des importants de cette sorte. J’y suis déjà, selon lui et quelques autres d’aussi nuancés, dans ce même sac, avec madame Le Pen et quantité d’autres en France et à l’étranger. Donc, Ferry est cette sorte de déchet pour Duhamel du fait de ses affirmations sans preuve. Admettons. Mais alors que n’a-t-il titré sur l’article de son confrère dans "le Figaro" ? C’est pourtant la racine de l’affaire ! Certes Duhamel le mentionne ! Mais pour reprocher à Ferry d’amplifier l’effet de cet article. Hypocrite usage de la bonne conscience ! L’énormité que cet article aussi crapoteux et répugnant représente aurait pourtant dû lui suggérer quelques méditations sur sa profession. Non ! Une simple mention destinée à charger une tierce personne ! Je suppose que si la police auditionnait l’auteur de l’article comme il en sera fait avec Ferry, celui-ci invoquerait le secret des sources. Terrifiant. Le droit de calomnier est ainsi acquis sans autre discussion. Cet épisode souligne la limite de ce que serait le magistère inquisitorial des médiacrates s’il parvenait à se constituer. A méditer avant de tomber dans le panneau.

2) RSA : Le Figaro fait dans la haine de classe au service de l’UMP

Dans un article outrancier, le Figaro Magazine s’en prend aux « assistés » du RSA, forcément vautrés dans leur canapé. Un procès à charge par une journaliste dont les revenus familiaux dépassent les 2 millions d’euros par an.

« On les surnomme parfois “les canapés”. Dans le milieu de l’insertion professionnelle, on connaît bien ces demandeurs d’emploi qui ne demandent plus grand-chose, sinon rester chez eux devant la télévision. » Avec un ton suintant, aurait-on dit en d’autres temps, la haine de classe, l’hebdomadaire accompagne le débat lancé par l’UMP et met en musique une « enquête » (les guillemets s’imposent ici) étalée sur huit pages et dépeignant une France des « assistés ». On y croise tous les poncifs sur « la précarité choisie », « le travail qui n’est plus qu’un vieux souvenir », et des allocataires qui, forcément, disposent d’un « gros sofa face à un immense écran plat qui ronronne en permanence pour meubler la solitude ». Faire travailler gratuitement les allocataires du RSA  : « L’idée-choc de Laurent Wauquiez a enthousiasmé l’opinion, lasse de déverser toujours plus d’argent dans le puits sans fond de la solidarité nationale. » Pour grossir le trait, des contrevérités sont alignées  : « On peut bénéficier d’un omplément de RSA jusqu’à 2 755 euros de revenus mensuels  ! » est-il asséné. C’est faux, mais indémontrable  : le RSA est un calcul complexe, entre revenus, aides et le nombre d’enfants.

« Les fraudeurs volent les Français »

L’auteure de l’article, Sophie Roquelle, s’est fait une spécialité des dénonciations dans la veine populiste. Il y eut récemment « Allocations logement, Sécurité sociale  : la grande triche », ou encore un entretien avec Xavier Bertrand  : « Les fraudeurs volent les Français ». Il y eut aussi une « Journée d’une contrôleuse de la Cnaf », brossant trois portraits de fraudeurs présumés au RSA, en les personnes de Samir, Arnaud vivant en concubinage avec François, ou de Francis le transsexuel. Hasard, sans doute. À chaque fois, le procédé consiste à extraire quelques témoignages censés illustrer une supposée pratique largement répandue. On y explique donc que « les dépenses sociales dans les départements accaparent souvent les deux tiers du budget de fonctionnement  ! », sans rappeler que c’est la droite qui a organisé ces transferts.

La réalité de la fraude est autre  : ainsi, la branche familles récupère environ 90% des montants fraudés par croisements de fichiers, pour rectifier erreurs ou omissions dans les déclarations de revenus ou de situation familiale. Surtout, est constamment minorée la fraude aux cotisations patronales, première cause du manque à gagner pour l’État. Il faut dire qu’au détour d’un paragraphe, un témoin vante le travail au noir dans la restauration, où « les bons jours, on repart avec de grosses enveloppes de black ».

« Un boulet pour les finances publiques  ! »

70 % des 30 à 50 milliards d’euros par an qui ne seraient pas perçus par l’État sont dus à la fraude fiscale. C’est pourtant à la fraude sociale que le gouvernement s’attache en priorité  : moins pour des raisons financières, donc, que politiques. La chasse aux « assistés » adoucit la sensation d’accroissement de la pression fiscale sur les classes moyennes. Haro, donc, sur ces bénéficiaires du RSA et leur « canapé, toujours là, aussi nombreux qu’avant », soupire la journaliste du Figaro Magazine. Ils sont « un boulet pour les finances publiques  ! » tance encore Sophie Roquelle, mariée – nous apprend le site Arrêt sur images – à un patron du CAC 40, Jean-François Cirelli. « Connaissant l’identité complète de la journaliste, écrit le site, il semble que l’on lira différemment son enquête. » Le vice-président de GDF Suez, qui a vu son salaire, à l’heure de la fusion entre les deux entités – qu’il a supervisée – faire un bon de 180% en 2008, émarge désormais publiquement pour ce poste à 2 millions d’euros par an. Soit, environ 300 années de RSA.

Wauquiez et le « cancer », suite

Le ministre des Affaires européennes, qui avait évoqué « l’assistanat » comme le « cancer » de la société, a fait mine de s’excuser, hier, sur France 2. « Je suis désolé s’il y a des mots qui ont blessé », a dit Laurent Wauquiez, pour aussitôt ajouter  : « J’assume aussi ce que j’ai fait, je pense qu’il y a des moments où on a besoin de gens qui disent la vérité, même si c’est un peu difficile. » Martine Aubry a par ailleurs qualifié d’« indécence absolue » les propositions de l’UMP sur le revenu de solidarité active (RSA), alors que Ségolène Royal ne s’est pas opposée à la proposition de l’UMP 
Jean-François Copé d’imposer cinq heures de travaux d’intérêt général rémunérés symboliquement à certains bénéficiaires.

Lionel Venturini, L’Humanité


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