De nombreuses féministes s’étaient donné rendez-vous, vendredi soir dernier à Ivry-sur-Seine (Valde- Marne), pour travailler au « programme populaire partagé » qui sera porté par les candidats communs du Front de gauche à la présidentielle et aux élections législatives de 2012.

Objet des débats de ce premier forum féministe, l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Parmi les militantes qui ouvrent la discussion, Christiane Marty, d’Attac, constate que « les inégalités hommes-femmes structurent la société dans laquelle nous vivons et sont aggravées par la crise ». Un rapport officiel de la Commission européenne note « une accélération de la féminisation de la pauvreté ». Pour Marie-George Buffet, députée PCF, « tout projet vraiment de gauche à besoin d’un projet féministe » et toute avancée doit « être consacrée par la loi ».

Nombre de propositions sont déjà dans le projet du Front de gauche, mais les intervenantes mettent en exergue une quadruple exigence. Celle de la réduction du temps de travail pour lutter contre le temps partiel contraint, celle de la lutte contre les inégalités salariales hommes-femmes qui stagnent, depuis les années 1990, à 27 % d’écart de rémunération, celle de la revalorisation des métiers et des formations, celle enfin du développement des services d’accueil de la petite enfance pour permettre aux femmes de chercher un travail.

Pour Martine Billard, députée du Parti de gauche, « les petits bouts d’égalité gagnés sont fragiles, il faut construire une égalité globale ». Elle indique qu’avec les députés PCF, une proposition de loi «  contraignante pour les patrons » sur l’égalité des salaires sera déposée à l’Assemblée nationale.

Pour Marie-Pierre Toubhans, de la Gauche unitaire, « les propositions concrètes du Front de gauche dessinent un projet de société ».

Ce débat n’était pas intemporel. L’actualité politique avec « l’affaire Strauss-Kahn » et les dérapages auxquels elle a donné lieu en France sont vertement critiqués. Pour Dominique, féministe d’Orléans, « ce à quoi nous assistons est révélateur du caractère sexiste de la société ». Et Marie-George Buffet d’affirmer : « Les violences faites aux femmes ne font pas partie de la sphère privée. » Trois heures de débat non-stop qui, visiblement, au dire des responsables de la soirée, a permis d’enrichir le projet du Front de gauche. Ce n’est pas fini. Deux autres forums doivent avoir lieu, l’un sur la «  parité en politique », l’autre sur la « libre utilisation de son corps ».

Max Staat, L’Humanité