Le gouvernement contre le droit de mourir dans la dignité (4 articles)

vendredi 4 mars 2011.
 

Nous déplorons que le Sénat se soit rangé à l’avis du gouvernement en rejetant la proposition de loi relative à l’aide active à mourir. Ce texte de compromis avait pourtant été adopté la semaine passée par la commission des affaires sociales, en fusionnant trois propositions de loi provenant de tous les bancs de notre assemblée, dont une co-élaborée par le sénateur du Parti de Gauche François Autain.

Nous regrettons que, sous la pression du Gouvernement, les sénateurs n ’aient pas reconnu ce droit ultime de la personne atteinte d’un mal incurable de choisir librement les conditions de sa fin de vie. Si nous sommes d’accord avec le Gouvernement pour dire que la loi Leonetti adoptée en 2005 n’est pas ou peu appliquée, nous réfutons l’argument qui consisterait à opposer soins palliatifs et aide active à mourir. Envisager d’autoriser, dans certaines conditions, la mort assistée ne doit pas être considéré comme un refus ou une remise en cause des soins palliatifs mais bien comme la reconnaissance d’une ultime liberté qui leur est complémentaire.

Nous considérons que la possibilité pour la personne malade en fin de vie de recourir à l’aide active à mourir procède de la volonté d’étendre le champ des libertés individuelles. Il s’agit d’apporter à la personne une plus grande autonomie en lui donnant la possibilité de décider elle-même, de façon libre, éclairée et réfléchie, des conditions et du moment de sa propre mort.

Marie-Agnès Labarre, Sénatrice du Parti de Gauche

3) Mourir dans la dignité : une liberté fondamentale

Alors que les sénateurs avaient choisi d’ouvrir le débat sur la possibilité de choisir les conditions de sa propre fin de vie, le gouvernement a fait savoir qu’il refusait de légiférer sur ce sujet expliquant qu’il était préférable de développer les soins palliatifs.

La loi Leonetti, adoptée en 2005, a certes permis de réelles avancées sur la question des soins palliatifs. Mais il faut garder à l’esprit, que dans certains cas, les soins palliatifs peuvent ne pas correspondre au souhait des personnes malades. Certaines personnes gravement malade peuvent exprimer la volonté de mourir et il est alors nécessaire de tout mettre en place pour que ces personnes aient le droit de mourir dans la dignité.

La question de la fin de vie est un sujet sensible et mérite un débat apaisé. Ne doit-on pas considérer la liberté de mourir dignement comme l’une des libertés fondamentales de l’individu ? Il s’agit peut être même de l’une des dernières libertés dont peuvent bénéficier lespersonnes atteintes de maladies incurables.

Martine Billard

Source : http://www.lepartidegauche.fr/edito...

2) La bataille de l’euthanasie continue

Source : Aujourd’hui en France, Le Parisien 26 janvier 2011 Sénat

L’euthanasie n’est toujours pas légalisée, mais le débat est rouvert. A la faveur d’une proposition de loi défendue par quatre sénateurs (UMP, PS, et Front de gauche), qui devait être repoussée in extremis hier soir, alors que quelques centaines d’opposants manifestaient à l’extérieur du Sénat, les responsables politiques ont pris position sur ce délicat sujet de société, qui dépasse le clivage droitegauche.

L’article premier de ce texte prévoit que « toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable, lui infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu’elle juge insupportable, peut demander à bénéficier d’une assistance médicalisée permettant, par un acte délibéré, une mort rapide et sans douleur ». Pour ses auteurs, Jean-Pierre Godefroy (PS), Alain Fouché (UMP), Guy Fischer (PC) et François Autain (Parti de gauche), il s’agit de compléter la loi Leonetti de 2005 sur la fin de vie, qui autorise les médecins à une forme de « laisser mourir » en soulageant la douleur d’un patient, quitte à abréger sa vie. Le texte vise à ce que ce soit le patient lui-même qui décide du moment de sa mort.

Or, contre toute attente, il a été adopté la semaine dernière par la commission des Affaires sociales du Sénat, provoquant, depuis, une bataille acharnée entre ses partisans et ses adversaires. Afin de resserrer les rangs d’une majorité en proie au doute, le Premier ministre, François Fillon, est monté au créneau lundi, dans une tribune au journal « le Monde » : « La question est de savoir si la société est en mesure de légiférer pour s’accorder le droit de donner la mort, écrit-il. J’estime que cette limite ne doit pas être franchie. » Hier, Jean Leonetti, auteur de la loi éponyme et vice-président du groupe UMP à l’Assemblée, s’est dit lui aussi très réservé sur le texte, qui selon lui « légalise le suicide assisté ». « Sur ce sujet, nous devons avoir la culture du doute collectif, estime le député des Alpes-Maritimes, par ailleurs cardiologue. Ceux qui disent qu’ils savent sont soit des ignorants, soit des menteurs. Je continue à ne pas savoir. »

A gauche, si Martine Aubry s’est déclarée « favorable » à une légalisation de l’euthanasie, Ségolène Royal et Robert Badinter ont émis des « réserves ». Quant aux centristes, très partagés, ils ont finalement arbitré la partie au Sénat. « Le clivage est entre les catholiques, opposés à l’euthanasie, et les humanistes laïcs, favorables à sa légalisation », résumait-on hier au palais du Luxembourg.

NATHALIE SEGAUNES

1) Débat au Sénat sur le droit pour une mort digne : le Vatican reprend la main par l’UFAL

Source :http://www.ufal.org

L’UFAL qui saluait hier l’examen en séance publique au Sénat ce soir d’une proposition de loi relative à l’assistance médicalisée pour mourir est consternée par le revirement de la commission des affaires sociales du Sénat.

Après avoir adopté à la majorité le 18 janvier la proposition de loi, la commission a en effet voté ce matin un amendement de la sénatrice Marie-Thérèse Hermange supprimant l’article 1 de la proposition de loi, lui retirant toute substance.

L’intense lobbying des opposants au droit de mourir dans la dignité qui s’opère depuis la décision d’examiner la question de l’euthanasie en séance publique et qui a redoublé depuis le vote d’une proposition de loi de synthèse par la commission des affaires sociales n’y est pas pour rien.

Les prises de position publique du premier ministre par une tribune publiée par le journal Le Monde et celle du ministre du travail de l’emploi et de la santé sur RMC ne sont rien d’autre que des pressions sur les sénateurs pour les inciter à voter non pas en leur conscience mais selon la morale défendue par le gouvernement et dictée par le Vatican.

Alors que l’adoption de cette proposition de loi serait une grande avancée qui constituerait une rupture avec l’idée religieuse que la mort ne peut être que l’oeuvre de dieu et que la vie est une réalité transcendante qui ne peut être laissée à la libre disposition de l’Homme, on voit bien qu’aujourd’hui c’est l’union sacrée de tous ceux qui défendent les valeurs du christianisme, dont le gouvernement actuel, qui dicte sa loi aux représentants du peuple, et que permettre à chaque individu de disposer librement de son corps est un combat toujours d’actualité.


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