Tunisie : Un coup de tonnerre dans le monde arabe

dimanche 23 janvier 2011.
 

L’onde de choc provoquée 
par la chute 
de Ben Ali dans les pays voisins 
du Maghreb et 
au-delà préoccupe les dirigeants arabes, 
qui craignent 
le même sort.

Stupeur et effroi. Les régimes arabes se murent dans un silence qui en dit long. Ils appréhendent la contagion tunisienne. Dans la précipitation, la Libye, la Mauritanie, la Jordanie ont cru trouver la parade en décidant une baisse des prix des produits de première nécessité. Les images d’un président autocrate, quittant précipitamment son pays, celles de ses proches abandonnant leurs superbes demeures et leurs biens mal acquis, tentant de trouver un vol vers l’étranger pour ne pas subir la vindicte populaire sont dans tous les esprits des peuples des pays arabes. « Zinochet s’est cassé, la France l’a abandonné », entend-on dans les rues d’Alger. Facebook et Twitter sont mis à contribution par les internautes des pays maghrébins, d’Égypte, de Jordanie appelant à suivre l’exemple tunisien.

Cette révolution non violente, la première du genre dans le monde arabe, est commentée, décryptée, analysée par la presse et les médias arabes. « L’écho de cet événement, sans précédent dans le monde arabe, se fera entendre sans aucun doute dans plus d’un pays de la région », écrit le quotidien libanais Ennahar de samedi. « Nous sommes tous des Tunisiens » répond de son côté le quotidien arabophone algérien el Khabar de dimanche (plus de 500 000 exemplaires), pour qui « c’est la première fois qu’un peuple arabe et musulman se débarrasse pacifiquement d’une dictature (…) et que c’est la première fois dans l’histoire du monde arabe qu’un chef d’État fuit précipitamment son pays ».

À Alger, théâtre de violentes émeutes sociales la semaine passée, un rassemblement, le deuxième en une semaine, a été dispersé samedi, place de la Liberté-de-la-Presse (!), par la police. Les partis démocrates montent au créneau. Une marche est prévue samedi prochain. Au Caire, des manifestants ont scandé  : « Révolution en Tunisie, demain en Égypte  ! » La Jordanie est le théâtre depuis quelques jours de plusieurs manifestations. Au Maroc, où la répression brutale des manifestations de Khourigba, à la suite du licenciement, en février 2010, de 850 salariés de l’Office chérifien des phosphates, est encore dans les mémoires, la situation socio-économique est aussi préoccupante qu’en Algérie et en Tunisie. Le palais a d’ailleurs interdit une manifestation de solidarité avec la Tunisie.

Une chose est sûre, les dirigeants arabes sont préoccupés depuis la chute de leur « frère » tunisien. Bachar el-Assad, qui succède à son père en Syrie, Gamal Moubarak, fils de son père, pressenti pour diriger l’Égypte, Seif el-Islam, idem, en Libye, Saïd Bouteflika, frère de l’actuel président, nourrissant de semblables ambitions en Algérie… Dans ces pays où la succession dynastique tient lieu d’alternance politique, la rue gronde et tourne son regard vers la Tunisie.

Hassane Zerrouky


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