Portugal : Puissante grève générale contre l’austérité (5 articles)

dimanche 28 novembre 2010.
 

Le Portugal, prochaine victime (par Jean-Luc Mélenchon) ?

1) La plus grande journée de grève de l’histoire du pays

Il ne fait aucun doute que cette journée de grève générale est la plus grande journée de grève de l’histoire du pays.

D’après les deux centrales syndicales, plus de trois des quatre millions de salariés que compte le pays se sont mis en grève, soit un taux global remarquable de 75% de grévistes.

A titre de comparaison, cette grève ne peut que dépasser la grève générale historique de 1988, puisqu’à l’époque le pays comptait autant de salariés qu’il n’y eut ce 24 novembre 2010 de grévistes.

La grève a par ailleurs suivie aussi massivement dans le public que dans le privé, puisque si parmi les grévistes, un million sont salariés du secteur public, les deux autres millions sont des salariés du privé qui ont bravé intimidations et chantages pour exprimer leur colère.

Dans le public, adhésion massive et un pouvoir battu symboliquement dans les transports sur le service minimum

Dans les activités qui constituent le cœur de la fonction publique, l’administration centrale, la santé et l’éducation ont battu des records d’adhésion à la grève.Le secrétaire-général de la Fenprof, branche enseignante soeur de la CGTP, a qualifié la journée de mobilisation « grève la plus massivement suivie de l’histoire du mouvement syndical enseignant », des centaines d’établissements scolaires ayant fermé leurs portes. Dans la santé, des dizaines d’hôpitaux ont atteint des taux de grévistes de 100% tandis que le syndicat des Infirmiers comptabilise 78% de grévistes.

Mais c’est dans le secteur des transports que le succès de la grève est apparu le plus patent.

Tous les ports maritimes et l’immense majorité des ports de pêche étaient fermés ce mercredi. L’intégralité des vols prévus ce 24 novembre (500 vols) ont également été annulés.

Dans le secteur ferroviaire, le pouvoir a essuyé une défaite symbolique majeure sur la question du service minimum.Si à Porto, malgré un taux de 90% de grévistes chez les conducteurs de métro, un service très limité a pu être maintenu ; à Lisbonne, le service était nul sur toutes les lignes.

Pour ce qui est des chemins de fer inter-cités, les niveaux de service minimum n’a également pas pu être atteint, avec à peine un train sur dix assuré.

Dans le privé, taux de grévistes record avec la classe ouvrière comme force motrice de Renault à Saint-Gobain

Mais c’est dans le privé, secteur où travaillent les deux-tiers des grévistes, que cette grève est réellement historique. Avec un rôle moteur joué par les bastions de l’industrie portugaise, et des taux entre 80 et 100% dans les grandes concentrations du pays, la classe ouvrière portugaise a joué le rôle de force d’entraînement dans cette journée de conflit.

La grève a eu un fort impact dans presque tous les secteurs industriels : dans l’automobile, dans les usines du groupe Auto-europa ainsi que de Renault et de Mitsubishi ; dans lamétallurgie, aux Chantiers navals de Viana do Castelo et de Lisbonne, à l’Arsenal d’Alfeite, aux usines des groupes Jado Iberia, Camo et Sacti ; dans le verre, à Saint-Gobain ; dans la céramique, à Atlantis, Cinca et Lusoceram ; mais également dans le textile, dans le secteur agro-alimentaire etc.

Même dans le tertiaire, la grève a été suivie de manière inédite tant dans le secteur bancaire que dans le commerce, en particulier les super et hyper-marchés.

Source : Solidarité-Internationale-PCF

3) COMMUNIQUÉ DU NPA. PORTUGAL : GRÈVE MASSIVE CONTRE LA POLITIQUE D’AUSTÉRITÉ

La première grève générale depuis 1988 au Portugal, à l’appel de la CGTP et de l’UGT, est massivement suivie et paralyse de nombreux secteurs de la vie économique, qu’il s’agisse des transports, de l’éducation, de la santé ou de l’automobile.

Le NPA apporte son chaleureux soutien aux travailleurs portugais qui se dressent contre les plans d’austérité élaborés par le gouvernement socialiste de José Socrates, avec la complicité des partis de droite.

Comme dans d’autres pays de l’Union européenne, ce sont les salariés, la population qui doivent faire les frais de la crise du système capitaliste. Comme en Grèce ou en Irlande, le plan d’austérité est particulièrement violent.

Le gouvernement portugais cède aux exigences des marchés financiers, des agences de notation internationale. L’addition est salée : baisse des salaires des fonctionnnaires et des prestations sociales, gel de pensions, augmentation de la TVA de 2 points, à 23%, ainsi que des impôts. Le gouvernement de J. Socrates veut faire payer la crise aux salariés, c’est évident.

Le chômage et la précarité, qui explosent, frappent déjà durement la population. Ce plan d’austérité ne pourra que jeter un peu plus les travailleurs et leurs familles dans la misère.

La grève du 24 novembre n’est pas la première mobilisation au Portugal. Il faut qu’ à l’échelle de toute l’Europe, les résistances se coordonnent face aux politiques libérales mortifères qui veulent faire payer la crise aux salariés et ramener leurs droits sociaux plusieurs dizaines d’années en arrière.

Le 24 novembre 2010.

2) COMMUNIQUE DE L’UD FO 75 EN SOUTIEN AUX TRAVAILLEURS PORTUGAIS

L’UD-FO 75 soutient l’action engagée par les travailleurs portugais et leurs organisations syndicales.

Ils ont choisi de s’engager dans la grève générale en bloquant l’économie afin de lutter contre toutes les mesures d’austérité qui, une nouvelle fois, comme en Grèce, en Espagne, en Irlande, en France etc … touchent la classe ouvrière.

Ils ont raison de s’engager dans une action de grève générale sur des revendications claires.

C’est selon nous, la seule façon de pouvoir gagner !

La démonstration est bien faite aujourd’hui que la crise n’est pas simplement financière. C’est bien une crise de système qui touche toutes les parties du monde.

Comme le disent les travailleurs portugais, mais bien d’autres en Europe : "ce ne sont pas aux salariés, aux retraités et aux chômeurs de payer la crise".

Alors qu’ils ne sont pour rien dans les difficultés que rencontrent les banques et les entreprises qui ont été systématiquement aidées par les fonds européens et les gouvernements des différents pays, ils constatent que la casse de leurs services publics, la dégringolade de leurs salaires et de leurs retraites, la démolition de leur protection sociale est de même nature que ce que vit l’ensemble des travailleurs européens.

Ils appellent à la grève générale, ils ont raison.

Nous les soutenons dans cette action courageuse et leur souhaitons pleine réussite dans le combat qu’ils engagent.

Fait à Paris, Le 24 novembre 2010

1) PORTUGAL : GRÈVE GÉNÉRALE…

Sur toutes les places et grands carrefours de Lisbonne, pancartes, affiches, banderoles ont appellé à la grève générale du 24 novembre. Celle-ci s’annonçait massive. Pour la première fois depuis 1988 les deux principales centrales portugaises, la CGTP (proche du Parti communiste portugais) qui a pris l’initiative de cette journée et l’UGT (proche du Parti socialiste) appelaient ensemble. Le 24 s’annonce comme la plus grande journée de mobilisation ouvrière et populaire depuis la chute de la dictature en 1974, la Révolution des œillets.

Elle a été précédée par une série de journées de grève contre la rigueur et l’austérité, les plans stabilité et croissance (PEC)  : les grèves du 4 mars et du 19 mai dans le service public, celle du 29 septembre dans le cadre de la journée européenne lancée par la CES. Le 6 novembre, 100 000 travailleurs de la fonction publique ont manifesté à Lisbonne à l’appelle de la CGTP. Le mécontentement et la colère sont très forts à la fois contre l’austérité mais aussi contre les manœuvres parlementaires du PS. L’inquiétude, la menace du chômage, la précarité qui ne cesse de se développer exigent des réponses radicales.

Au Portugal comme en Grèce ou dans toute l’Europe, la réponse aux attaques des banques n’est pas la sortie de l’euro qu’évoquait récemment un ministre socialiste ou les manœuvres parlementaires mais bien l’intervention des travailleurs et des classes populaires sur le terrain social et politique pour imposer leur droits, refuser de payer la crise et mettre les responsables, les banques, les patrons, leurs États hors d’état de nuire. La journée du 24 est une première étape importante pour regrouper le monde du travail autour du rejet des plans PEC.

Cette première étape qui appelle des suites, la mise en œuvre d’une politique visant à défendre une autre perspective que la soumission au diktat des banques, une politique pour donner confiance aux travailleurs et aux classes populaires en ouvrant la perspective, près de 40 ans après la Révolution des œillets, d’une nouvelle révolution…

Yvan Lemaitre

Source : http://www.npa2009.org/content/port...


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