Quand l’UMP injurie Mediapart : fascistes, collabos...

samedi 17 juillet 2010.
 

Parmi tous les dégâts moraux qu’a occasionnés cette incroyable affaire Bettencourt Woerth, il ne faut pas manquer de compter les injures adressées au site Médiapart par plusieurs éminentes personnalités de l’UMP. Xavier Bertrand et Nadine Morano ont parlé au sujet de ses publications de « méthodes fascistes ». Christian Estrosi et Eric Raoult ont dressé un parallèle avec l’hystérie des journaux de l’extrême droite des années trente et même de la collaboration. Qu’on me comprenne bien. A mes yeux la polémique avec un organe de presse est tout à fait normale et même souhaitable autant que de besoin. Je n’ai jamais été d’accord avec le régime des vaches sacrées médiatiques qui seraient par essence déclarées exemptées du droit d’être critiquées.

Pour moi aucun média, aucun journaliste n’incarne la vérité davantage qu’aucune autre personne. Pour autant son métier est précisément de fournir des informations, au risque de l’erreur. Ce travail est indispensable à la respiration d’une société démocratique. On peut exiger, et même rudement, qu’il soit bien fait. Mais désigner ceux qui le font comme des ennemis du pays est un changement de registre qu’on ne peut accepter d’aucune façon. Non, tous les coups ne sont pas permis. La violence d’une polémique n’autorise pas selon moi qui en suis pourtant familier, et en particulier avec les médias, que soit banalisées des caractérisations politiques aussi graves que celle d’être des « collabos » (avec quel occupant, monsieur Raoult ?) ou des « fascistes » (quelles bandes armées monsieur Plenel commande-t-il, monsieur Bertrand ?).

Je le dis d’autant plus sereinement que j’ai moi-même été diffamé de cette façon et avec ces mots, en compagnie de monsieur Dupont Aignan, par le journalistissime Alain Duhamel qui a déclaré sur RTL que la faillite de l’Europe était pour nous « la divine surprise », expression de l’extrême droite d’avant guerre à propos de l’invasion nazie et de l’instauration du régime du maréchal Pétain. Aucun journaliste n’avait, bien sûr, dénoncé cet infâme abus de langage à une heure de très grande écoute. Mais qui suis-je pour mériter d’être respecté ? Personne il est vrai ! Comme l’ont démontré les onze jours de pilonnage répugnant que la corporation des médiacrates a déversé contre moi après que j’ai remis cet inepte étudiant en journalisme à sa place et qu’il en ait volé les images pour les diffuser de tous côtés et pleurer ensuite à chaudes larmes dans le gilet des confrères.

En parallèle exact je devrais laisser cette corporation moutonnière pétrie d’esprit de caste se faire égorger à son tour et je pourrai même ricaner. Si je ne le fais pas ce n’est certainement pas parce que j’éprouverais une tendresse nouvelle pour un système médiatique dont je critique radicalement le fonctionnement, les normes sociales, les conditions professionnelles et le noir corporatisme. Je proteste contre les injures adressées à Médiapart parce qu’elles nuisent à l’existence même du débat plus lourdement encore que les abus innombrables auxquels s’est abandonné le système médiatique lui-même. Je ne me sentirai pas libre de ma critique argumentée si je la laissais confondre avec d’aussi viles injures.


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