Cette information ne doit pas restée confinée. Le site pragois Britske Listy informe que l’article 256 du Code pénal, qui interdit et réprime l’ »apologie du communisme », entre en vigueur en Pologne. Le président Lech Kaczynski le signe lundi prochain 7 décembre.

Ceux qui utilisent des « symboles communistes » doivent subir une peine allant jusqu’à deux ans d’emprisonnement. Sont visés par exemple les portraits de Che Guevara sur des maillots ou des affiches. Les marchands de bustes de Lénine et de poupées russes plient bagage. Les étoiles rouges cousues sur des bonnets ou sur des tee shirts seront enlevées. Il est formellement interdit de chanter l’Internationale. « Il n’y a pas de place pour les symboles communistes en Pologne, quels qu’ils soient , car il s’agit d’un système génocide assimilable au nazisme », affirme le frère du président, Jaroslav Kaczynski, chef du Parti Droit et Justice. La liste des « ouvrages prohibés » en Pologne est en cours de réalisation.

« Le communisme a été l’un des plus grands maux du vingtième siècle, en dépit du fait que des millions de Polonais aient été enregistrés comme membres du Parti communiste », affirme le chef du Parti Droit et Justice. Ces quelques millions de Polonais jadis « enregistrés » quelque part sont désormais fixés dans la Pologne des frères Kaczynski.

La chasse aux communistes en Pologne (en réalité la chasse aux « anciens communistes », « le communisme est mort », nous rappelle-t-on mille fois par jour), est avant tout la chasse aux « dissidents », aux « contestataires », bref aux militants. Ce n’est pas la chasse aux « symboles du totalitarisme », c’est la chasse aux symboles de la justice sociale, de la démocratie, des droits de l’Homme. Ce n’est pas un fossé qui se creuse entre riches et pauvres dans cette partie de l’Union Européenne « élargie », c’est un abîme. Un abîme dont les profondeurs sont insondables.

Dans aucune partie de l’Europe qu’en Pologne, le gouvernement des parvenus ne se montre aussi nu, autant à découvert. C’est le président polonais qui selon toute vraisemblance est à l’origine de la lettre au président Obama, contresignée par Walesa et Havel. Le gouvernement américain a renoncé au « bouclier antimissile » en Pologne et République Tchèque. Qu’à cela ne tienne ! MM Kaczynski, Walesa et Havel « offrent » le territoire de leurs pays à l’armée américaine pour son projet de bases de missiles « offensifs »en Europe. Il ne s’agit plus d’un « bouclier antimissile », il s’agit bel et bien de bases de missiles à têtes nucléaires. « Nous nous sentirions davantage en sécurité », expliquent MM Kaczynski, Walesa et Havel, dans cette lettre au président américain, rédigée directement en anglais, pour ne pas perdre du temps sans doute. Dans leur précipitation ils ont oublié d’informer leurs compatriotes dans leurs langues maternelles.

Les élites libérales au pouvoir en Pologne ont peur. Le thème de la peur était devenu le thème fondamental depuis quelque temps dans cette partie de l’Union. Ce qui pousse les nouveaux riches dans cette partie de l’Europe « élargie » dans les bras de l’armée américaine et de l’OTAN, c’est la peur des exploités, des opprimés, des faibles, des chômeurs, des exclus, des nouveaux pauvres. Ces élites libérales ont commis trop de crimes contre les peuples d’Europe. Elles ont besoin de se sentir désormais « protégées », « sécurisées » par les « relations euro atlantiques ». Elles ne s’en cachent pas, elles l’affirment .

Le triomphe de la démocratie, de la justice sociale et de la paix en Europe au lendemain de la chute du stalinisme a été une possibilité historique. Mais cette possibilité ne s’est pas réalisée, et la droite européenne a montré qu’elle sait profiter des faiblesses de la gauche. Le gouvernement polonais a-t-il adhéré à l’Union Européenne pour nous déclarer la guerre ? Notre devoir premier et immédiat, notre devoir internationaliste envers le peuple polonais et nous-mêmes est de l’en empêcher.