Sarkozy "au plus bas", "une gauche avec le PCF et le Front de gauche de plus en plus solide" (François Miquet-Marty, institut de sondage Viavoice)

mardi 17 novembre 2009.
 

À mi-mandat, Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages avec 39 % d’opinion favorable. Comment expliquez-vous cette situation  ?

François Miquet-Marty. Deux raisons principales. D’une part, le manque 
de projets, de perspectives d’avenir de la part du pouvoir. D’autre part, la majorité considère que le PS n’est pas suffisamment en mesure d’être un contre-pouvoir. Conséquence, les compétitions sont davantage internes à la majorité que tournées vers l’opposition de gauche.

La crise, le décalage entre les discours, 
les actes et la réalité vécue par les Français ne concourent-ils pas à cette dégradation  ?

François Miquet-Marty. Il y a deux volets. D’une part, toutes les enquêtes d’opinion, les intentions de vote confirment que la crise fait pencher l’opinion des Français vers la gauche. Et ce, dans toute sa diversité. On voit une gauche socialiste qui entre en convalescence, une gauche Europe Écologie toujours forte, et une gauche avec le PCF et le Front de gauche de plus en plus solide. Jusqu’ici, les difficultés du PS donnaient à considérer que celui-ci malade, toute la gauche était malade. La réalité est autre. Il y a une dynamique à gauche qui prend appui 
sur les préoccupations des Français.

Quel est le deuxième volet de fragilisation 
du pouvoir  ?

François Miquet-Marty. Ce sont toutes les affaires qui ont donné lieu à des polémiques. Elles révèlent, d’une part, 
le manque de fidélité de Nicolas Sarkozy à ses engagements. Ses promesses de réhabiliter le pouvoir d’achat ou la valeur travail n’ont pas été tenues. D’autre part, la prise de distance entre le président et les préoccupations des Français, comme en témoigne l’affaire Jean Sarkozy au moment où des Français, toujours plus nombreux, entrent dans la crise. Enfin, les questions liées à l’éthique et la morale. En ces temps de crise, les Français, de droite ou de gauche, sont de plus en plus attachés à ces valeurs. Et ils ont l’impression que le pouvoir accorde plus d’importance 
à l’argent qu’au respect de ces valeurs.

Quelles sont les réformes qui ne sont pas passées chez les Français  ?

François Miquet-Marty. Depuis août, une seule réforme populaire, l’extension du RSA aux jeunes de moins de vingt-cinq ans. Toutes les autres sont impopulaires, notamment deux, la taxe carbone et la suppression de la taxe professionnelle. Ce qui est très pénalisant pour l’exécutif. Ce sont deux dispositifs majeurs pour le budget 2010. Depuis les élections européennes, on a le sentiment que l’exécutif perd un peu la main par un excès d’assurance, persuadé qu’il peut réformer sans trop tenir compte 
des difficultés des Français. Y a-t-il un décrochage de l’opinion et quelles sont ses marges de manœuvre 
avec une majorité pour le moins troublée 
par sa politique  ? François Miquet-Marty. Décrochage oui, mais tout relatif. Car, 39 % de confiance après deux ans et demi de pouvoir, ce n’est pas si mal. Cela aurait pu être pire. C’est plus un trou d’air de mi-mandat qui ne devrait pas compromettre durablement la seconde moitié de son quinquennat. 
Il a la possibilité de rebondir. Cependant, c’est vrai que ses marges de manœuvre sont limitées. La majorité parlementaire est ébranlée par sa politique et 17 % 
des Français seulement, ce qui est très peu, se déclarent proches de l’UMP. Mais son horizon est beaucoup plus large que ça. La seule façon de s’en sortir est, pour lui, de dépasser sa propre famille politique en s’adressant à tous les Français sur 
des enjeux plus fédérateurs. C’est ce qu’il essaie de faire aujourd’hui.

François Miquet-Marty, directeur associé de Viavoice, agence d’études politiques, analyse les rapports de Nicolas Sarkozy à l’opinion.

Entretien réalisé par Max Staat


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