La commune de Besançon commercialise son excellente eau de source et la fait boire à ses bébés en crèche (3 articles)

samedi 3 mars 2012.
 

1) Les crèches de Besançon optent pour l’eau du robinet

Dès septembre, les bébés gardés en crèche à Besançon boiront de l’eau du robinet. En suspendant toutes ses commandes, c’est la première ville de France à avoir écarté intégralement l’eau en bouteille. Adjoint au maire en charge du dossier, Christophe Lime affirme : « Nous sommes complètement sûrs de notre eau du robinet, même pour nos plus petits ». En effet, Besançon travaille depuis plusieurs années à la mise en valeur de son eau et a d’ailleurs créé sa propre marque, la Bisontine. En optant pour l’eau du robinet dans les crèches, la ville compte économiser 10 600 bouteilles d’eau de source par an, avec un coût annuel passant de 2 000 à seulement 16,60 euros. Une initiative que devraient suivre d’autres villes, mais qui n’est pas du goût des producteurs d’eau qui disposent de l’appellation “biberon”, lesquels affirment répondre à des normes plus strictes.

(01 Juillet 2009)

2) Les crèches passent à l’eau du robinet Que choisir

La mairie de Besançon considère que l’eau municipale est d’aussi bonne qualité que les eaux en bouteille et peut parfaitement être utilisée dans les biberons. La démarche agace évidemment les industriels.

C’est une histoire d’eau qui pourrait faire tache d’huile. La mairie de Besançon (25) a décidé de remplacer l’eau minérale dans toutes ses crèches et chez les assistantes maternelles agréées par l’eau du robinet. La mesure est déjà effective pour les enfants en âge de boire au verre et elle le sera bientôt pour ceux qui boivent encore au biberon.

L’économie réalisée est modeste (quelques milliers d’euros par an) et ne constitue pas la principale motivation de la municipalité. « En fait, résume Christophe Lime, adjoint au maire chargé de l’eau et de l’assainissement, nous sommes engagés depuis plus de 4 ans dans une démarche de valorisation de l’eau du robinet, 250 fois moins chère que certaines eaux en bouteille, qui ne génère pas de déchet et qui, au moins à Besançon, est d’une qualité irréprochable. Nous lui avons donné un nom en 2006, qui est devenu une marque, la Bisontine (1). Nous avons communiqué sur sa qualité et sur les 400 contrôles quotidiens dont elle faisait l’objet. »

L’an dernier, la ville, qui gère l’assainissement et la distribution elle-même, a franchi une étape supplémentaire. Elle a passé un accord avec un entrepreneur local qui distribue la Bisontine en bouteilles de verre recyclables. Cela a valu au maire, Jean-Louis Fousseret, un premier courrier courroucé du Syndicat des eaux de source (SES), représentant les grands noms de l’eau en bouteille. Ces derniers se font du souci. Après avoir doublé en vingt ans, le marché est entré dans une phase de récession, avec une baisse des ventes de 7 % l’an dernier. La SES craint bien évidemment que d’autres villes n’imitent Besançon, ce qui accélérerait le virage déjà pris par les particuliers.

Aucun risque

La décision de supprimer les bouteilles des crèches est lourde de sens. L’argument majeur des limonadiers, en effet, a toujours été la santé. Or, quoi de plus fragile que celle d’un bébé ? « Nous avons travaillé avec un pédiatre afin de rassurer le personnel et les parents sur ce point, précise Christophe Lime. Il n’y a aucun risque. »

De multiples études ont montré que la présence d’aluminium (le sulfate d’aluminium est parfois utilisé pour traiter l’eau), de chlore, de pesticides ou de nitrates dans l’eau du robinet pouvait avoir un impact sur la santé à long terme. Dans un second courrier envoyé en juin à Jean-Louis Fousseret, la SES évoque la menace de contamination des bébés par une bactérie pouvant se trouver dans l’eau du robinet, la Pseudonomas aeruginosa, mais ne peut fournir de données sur la fréquence des intoxications par cette bactérie en France. Elle dit avoir recensé 79 cas de pollutions temporaires de l’eau du robinet de début 2006 à la mi-2009, toutes causes confondues. Celles-ci peuvent être provoquées par des inondations, des accidents agricoles, un défaut dans le processus d’épuration, etc. Exact, mais relativisons un peu : sur les 15 ou 20 dernières années, on cherche en vain un mort ou même un cas de malade sérieux imputable à l’eau du robinet.

Les élus bisontins, du reste, ne généralisent pas. « Notre démarche ne pourrait peut-être pas être appliquée partout, admet Christophe Lime, mais là où l’eau du robinet est sûre, il n’y a aucune raison de s’en passer. » Or, c’est le cas dans de très nombreuses communes, et non des moindres. Grenoble ou Marseille, par exemple, jouissent comme Besançon d’une eau excellente. Cette dernière municipalité a par ailleurs initié un programme visant à convertir au bio les agriculteurs de sa zone de captage, afin de limiter les rejets de pesticides. Elle envisage en échange d’acheter leur production pour les cantines scolaires...

Erwan Seznec

3) Besançon a labellisé son eau du robinet Article de L’Humanité

Environnement. Deux ans et demi d’efforts ont été nécessaires pour obtenir une qualité d’eau du robinet équivalente à celle d’une eau de source.

Ouvrir son robinet d’eau domestique à Besançon n’est plus tout à fait un geste banal. En effet, le précieux liquide vient d’être « labellisé ». Après deux ans et demi d’effort, Christophe Lime, adjoint communiste à la mairie de Besançon a réussi à mettre un nom sur cette ressource naturelle et fragile de la ville. « La Bisontine » coule désormais au robinet : « Il fallait que le consommateur prenne conscience de la vraie valeur de l’eau. Car au-delà du nom, l’important, c’est la mise en place et le respect d’un cahier des charges lié à la production d’une eau de qualité. Cela représente pas moins de 266 analyses quotidiennes… » souligne l’adjoint à l’eau et à l’assainissement.

S’appuyant sur l’intérêt de plus en plus prononcé des citoyens pour l’eau minérale qu’ils achètent, la régie des eaux municipales a levé le mystère des molécules présentes dans l’eau du robinet. Chaque Bisontin a reçu ainsi une étiquette affichant les caractéristiques minérales de l’eau 100 % municipale. Un fait indéniable, elle est riche en calcium et en magnésium. Pour obtenir ce breuvage exceptionnel, la ville de Besançon n’a pas lésiné sur les moyens. Les périmètres de captage ont été étendus au-delà des réglementations sur l’eau d’environ 15 kilomètres. La municipalité s’est assurée l’engagement des acteurs de terrain que sont les agriculteurs, la DDE ou la SNCF, de limiter les intrants polluants sur les surfaces définies. « Le résultat est sans appel. Certes, on a ouvert notre porte-monnaie pour indemniser certaines restrictions d’usage, mais la qualité était à ce prix. L’environnement a un coût et la consommation d’eau du robinet permet un gain environnemental considérable quand on prend en considération les coûts de transport de l’eau, les matières premières nécessaires pour réaliser une bouteille en plastique, le coût de son élimination… » indique Christophe Lime.

Si la ville conforte, avec cette labellisation, sa position de ville « la plus écologique de France », financièrement, le consommateur bisontin y trouve aussi son compte : « Pour le prix moyen d’un litre d’eau minérale, vous avez 100 litres de Bisontine », s’amuse Christophe Lime en vantant la régie : « L’actionnaire, ici, c’est le contribuable bisontin, auquel on garantit l’un des prix les plus bas des grandes villes de France. L’économie réalisée permet d’effectuer des investissements conséquents, nécessaires à l’obtention d’une qualité d’eau du robinet équivalente à celle d’une eau de source. » Depuis quelques jours, une carafe aux couleurs de la Bisontine est même disponible à la mairie et sur les tables des restaurants de l’agglomération.

Alain Cwiklinski


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