La dérive sécuritaire est mortelle pour la gauche (Marie-Christine Vergiat, Députée européenne Front de gauche)

mardi 30 juin 2009.
 

Durant la campagne, nous avons porté haut et fort le thème d’une gauche fière de ses valeurs et j’ai souvent dit que si j’avais accepté de conduire la liste du Front de gauche dans le Sud-Est, c’était pour mettre de nouveau en harmonie mes combats associatifs avec le combat politique. De compromis en compromis, une partie de la gauche a en effet sacrifié une partie de ses valeurs sur l’autel du libéralisme mais s’agissant des libertés, on peut se demander au nom de quel dogme il en est ainsi. Alors quand un député maire, qui croit en son destin présidentiel et ose encore se dire de gauche, prend la plume avec un élu de l’UMP pour dénoncer, entre autres, le laxisme des juges et l’impunité dont bénéficieraient un certain nombre de délinquants, on se dit trop c’est trop.

La dérive sécuritaire a toujours été mortelle pour la gauche.

Depuis la Révolution française, être de gauche, c’est d’abord se battre pour les libertés. Certes, sur ce terrain, il peut sembler difficile d’affronter l’opinion publique. Mais qu’en aurait-il été de l’abolition de la peine de mort si seulement ce critère avait été déterminant ? Prenons un exemple plus actuel : celui de la vidéosurveillance (souvent masquée sous le terme rassurant de vidéoprotection). Un nombre croissant de caméras sont installées dans nos communes. Or, on sait qu’elles n’ont aucun effet sur le taux de délinquance. Au mieux servent-elles à identifier quelques auteurs de délits. Mais rien en termes de prévention. Il ne s’agit là que d’endormir l’opinion publique et avec quelle débauche de moyens qui pourraient être mieux utilisés en actions de proximité.

Il est temps pour la gauche de cesser de courber l’échine sur l’autel du tout-sécuritaire. Personne à gauche n’a jamais opposé prévention et répression. Il est bien normal d’attendre des autorités publiques qu’elles assurent la tranquillité publique mais elles doivent le faire dans tous les quartiers à égalité. Or il en va de la police comme de l’éducation nationale ou de la santé… Il pleut toujours là où c’est mouillé. Les politiques en ce domaine sacrifient sans cesse plus de libertés, enferment de plus en plus les citoyens dans un arsenal répressif et conduisent à une surpopulation carcérale inégalée, et tout cela pour quoi ? Avant tout, pour aller ratisser sur les plates-bandes du Front national. Ensuite pour masquer l’incapacité à se pencher sur les causes du malaise social qui ronge une partie croissante de la population, en France comme partout en Europe. Alors oui, mobilisons-nous aussi sur ce terrain pour redonner espoir à gauche.


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