Le Front de gauche, et après ? (article de L’Humanité)

dimanche 14 juin 2009.
 

Marie-George Buffet a annoncé des initiatives pour prolonger le rassemblement au-delà des européennes et l’ouvrir aux citoyens et aux forces intéressés pour le rendre majoritaire.

Le Front de gauche, un coup électoral sans lendemain ?

Aux sceptiques, Marie-George Buffet a apporté un démenti très clair en annonçant, hier, une série d’initiatives pour « poursuivre et élargir, en plus populaire, en plus citoyen, et à davantage de forces de gauche, le Front de gauche ». Le résultat, qualifié de « satisfaisant pour une démarche naissante, inédite » doit tout à la mobilisation militante dans laquelle les communistes ont joué un « rôle clé » (6,47 % au plan national et 5 élus), incite à « poursuivre la dynamique unitaire » au-delà des européennes, a-t-elle dit. « C’est le seul chemin », a insisté la responsable communiste, pour « créer les conditions d’un rassemblement populaire majoritaire » à cette gauche de changement.

Rassemblement populaire et majoritaire

Comment faire ? Pour Marie-George Buffet, « le Front de gauche n’a pas de frontières », il n’entend pas se cantonner à incarner « la gauche de la gauche », mais vise la construction d’un rassemblement populaire et majoritaire pour une gauche de changement ». Fustigeant les combinaisons « pas sérieuses, car prenant trop de raccourcis », imaginées pour repenser la gauche autour de François Bayrou, puis de Daniel Cohn-Bendit depuis dimanche, la secrétaire nationale du PCF estime que « la social-démocratie est apparue sans réponse » à la crise autre que l’antisarkozysme. Lequel, à lui seul, ne permet pas « d’afficher un projet, des propositions et un rassemblement capables de battre la droite ». « Je ne m’en réjouis pas », a-t-elle déclaré, annonçant des initiatives sur plusieurs fronts. « Le PCF va s’adresser à toute la gauche, aux formations politiques mais aussi à l’ensemble des femmes et des hommes de gauche, pour travailler à un projet politique qui réponde aux aspirations populaires », a-t-elle annoncé. « Des électeurs et militants du PS, du NPA qui n’ont pas participé au Front de gauche mais sentent la pertinence d’un tel front de gauche peuvent en être partie prenantes sans se renier », explique-t-elle.

Elle a également fait la proposition, soumise à ses partenaires du Front de gauche (Parti de gauche, Gauche unitaire, République et socialisme issu du MRC) de « créer des espaces de débat ouverts à l’ensemble des femmes et des hommes de gauche pour qu’ils prennent en main ce Front de gauche ». Des initiatives qui seront déclinées au plan local dans tout le pays, a précisé Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, avec l’objectif de les faire converger à la Fête de l’Humanité, en septembre.

Dans l’immédiat, le PCF va proposer aux forces politiques, intellectuels, syndicalistes, économistes, artistes et créateurs, personnalités et élus engagés dans le Front de gauche de « coorganiser, dès la fin de ce mois, une initiative dans une grande salle parisienne, pour établir le plan de travail d’un projet politique élaboré au coeur des luttes ».

Revenant sur l’abstention qui a marqué les européennes, la députée de Seine-Saint Denis estime que les électeurs ont exprimé « une souffrance sociale » et « un doute sur l’utilité du vote » face à « une Europe qui se fait sans eux et contre eux », comme le montre le fait de n’avoir « pas tenu compte de leur vote de 2005 ». « Depuis dimanche, la droite tente de faire main basse sur le vote, mais le 7 juin n’a pas donné un feu vert aux libéraux », estime Marie-George Buffet, qui appelle à replacer le score de l’UMP dans le contexte d’abstention, avec « moins de sept millions de voix pour ses listes, très loin du score de la présidentielle ».

Enfin, quant au résultat élevé d’Europe Écologie, il témoigne, selon elle, « des aspirations de nos concitoyens à prendre en compte les aspirations environnementales ». Marie-George Buffet a rappelé que le Front de gauche les partage, mais elle appelle à « débattre des choix politiques qui sous-entendent un développement durable », qui exige notamment de combattre les libéralisations comme dans les transports, ou encore de « repenser le développement industriel », et non de l’opposer aux préoccupations écologiques.

Sébastien Crépel


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