Daniel Cohn Bendit propose déjà pour 2010 (régionales) et 2012 (présidentielles) une alliance de Bayrou à Besancenot. Quatre remarques rapides.

mardi 9 juin 2009.
 

Daniel Cohn-Bendit à Libération…

... Ce qui vaut pour un courant vaut pour l’ensemble de la gauche. Daniel Cohn-Bendit en suggère le mot d’ordre. C’est celui de la grande alliance. Tous ceux qui, en France, souhaitent une société plus humaine, plus juste, une société qui maîtrise la machine économique au lieu d’être asservie par elle, peuvent se retrouver. Ils sont divers. Ils ont voté Besancenot ou Bayrou, Aubry ou Cohn-Bendit ou encore Mélenchon. Ils sont opposés ? C’est justement la confrontation des idées qui sera productive.

Ce débat, qui peut prendre la forme d’ateliers civiques organisés en commun, hors des appareils, doit être assorti d’un mécanisme de désignation d’un candidat à la présidentielle, élection clé qui seule peut renverser le cours de la politique française. Ce mécanisme existe : c’est celui des primaires ouvertes à tous, qui évitera à la gauche la guerre civile de l’avant premier tour. Certains partis s’en excluront ? Ce sera leur décision. Les autres courants arriveront à l’échéance forts d’une réflexion commune et d’un ou d’une candidat(e) unique et légitime. A cette méthode, il existe une alternative bien connue : la vieille soupe partisane, dans de vieilles casseroles.

Laurent Joffrin

Quatre remarques sur cette perspective ouverte par Daniel Cohn Bendit après tant d’autres

1) C’est exactement, mot pour mot, le projet qui a complètement détruit la gauche en Italie laissant la place à un Berlusconi pourtant déconsidéré.

C’est également ce qui s’est passé pour l’Union Européenne avec un résultat catastrophique .

C’est également ce qui s’est passé en France après la Libération, cassant pour longtemps la possibilité d’une simple alternance d’Union de la Gauche.

2) Pourquoi cela s’est-il passé ainsi en Italie par exemple ?

* parce que l’unité avec une fraction de la droite, même tactiquement et conjoncturellement repeinte en "progressiste", place celle-ci en position dominante tant pour le programme que pour les "primaires" puisqu’elle n’accepte d’y participer qu’à condition d’avoir le maximum de chances d’en profiter au détriment des autres. Imaginez par exemple un Bayrou président de la république avec les voix de gauche pratiquant son orientation anti laïque... cela entraînerait une crise énorme dans notre électorat et le Parti de Gauche serait obligé de passer immédiatement après les élections dans l’opposition.

3) Dans une période de crise économique et sociale où l’essentiel pour nous est de défendre les salariés et les milieux populaires, se donner pour perspective politique fondamentale une alliance politicienne de "Bayrou à Besancenot" est contradictoire avec la volonté de donner un débouché politique aux revendications et aux luttes.

Cela s’est concrétisé en Italie dans le fait que le gouvernement Prodi a fait du zèle pour appliquer une orientation libérale au détriment des services publics, des salariés et couches populaires. Il en a résulté une démoralisation de l’électorat de gauche plus forte qu’en France après 2002 avec une explosion complète des organisations politiques de gauche elles-mêmes.

4) Depuis plusieurs années, la gauche est majoritaire en voix, seule, y compris ce 7 juin. Dans ces conditions, pourquoi donc aller à nouveau chercher Bayrou alors que ce projet d’alliance divise plus la gauche qu’il ne l’unifie. D’ailleurs, que serait Bayrou sans cette crédibilité que lui accordent les directions du Parti Socialiste, des Verts et du PRG ? Un ministre de Nicolas Sarkozy.

N’oublions pas que la tradition UDF a été fortement liée en France à des courants issus du pétainisme, à des éléments très liés aux faucons de Washington ; c’est sous Giscard d’Estaing que la France a joué un rôle central dans l’aide apportée aux dictatures d’Amérique latine pour assassiner toute une génération de syndicalistes et militants progressistes.

Jacques Serieys


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