Haïti  : entre colonialisme et dictatures, une perle à l’histoire tumultueuse

vendredi 19 mai 2017.
 

Depuis son indépendance, l’île a eu un parcours difficile. La « Perle des Antilles » a été dans l’incapacité de rompre avec son héritage colonial et de se sortir de la pauvreté.

Depuis la conquête espagnole, en 1492, les luttes contre le colonialisme et contre les dictatures ont émaillé l’histoire d’Haïti. La révolte des Noirs, en 1791, après la cérémonie du Bois-Caïman, sous la conduite de leurs chefs, dont Toussaint Louverture, les esclaves transformèrent une simple révolte en combat de libération. Grâce à la proclamation de la Convention du 4 février 1794, qui déclarait l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, Toussaint Louverture rallia la République. À la tête d’une armée d’anciens esclaves libérés, il entreprit une opération militaire et libéra la moitié du territoire. Pour cela, il fut nommé général de division et gouverneur de l’île en 1796. Mais l’Empereur avait pris la décision de rétablir les « cultures », autrement dit l’esclavage. Une expédition y fut alors envoyée, avec mission de rétablir l’ordre. S’ensuivit une période de combats qui vit la reddition de Toussaint Louverture, en 1802, mais aussi l’émergence d’autres combattants antiesclavagistes tels Dessalines, Alexandre Pétion, ou encore Christophe… C’est au congrès de l’Arcahaie, en mai 1803, où Dessalines réalise à son profit l’unité, que naît le premier drapeau haïtien. Il est de deux couleurs  : bleu et rouge. Le blanc en ayant été arraché. Le 19 novembre 1803, à la tête de son armée, Dessalines vire les Français du pays, à qui il redonne son nom indien « Ayiti ». La République est proclamée en janvier 1804, aux Gonaïves. C’est la première République noire au monde. Mais à peine née, Haïti est déjà endettée. La France ne voulant reconnaître son indépendance qu’en échange d’une indemnité de 150 millions de francs-or. En 1838, la somme est ramenée à 90 millions.

La prise du titre d’empereur par Dessalines, en 1804, ouvre une ère de misère et d’appauvrissement. Dessalines est tué en 1806, dans une embuscade, par un des généraux de Pétion. Après le temps de l’esclavage, vient celui des occupations et des dictatures. Et les luttes de Boyer pour la reconnaissance d’Haïti. Trois quarts de siècle dans lequel le pays va sombrer dans l’instabilité et la violence politique. Rivière Hérard, renversé au bout de quatre mois. Faustin Soulouque, renversé par le général Nicolas Geffrard. Lysius Salomon, Florvil Hyppolite… De 1915 à 1934, même si les institutions étaient toujours dirigées par des Haïtiens, le pays fut militairement occupé par les Américains. Ils s’en allèrent en août 1934, en maintenant toutefois leur contrôle sur les douanes jusqu’en 1946.

En 1950, les premières élections présidentielles au suffrage universel furent organisées par l’armée. La place fut prise par le colonel Paul Magloire, avec 99 % des suffrages. Puis vint l’année terrible de 1957, troublée par des putschs, des attentats et des scandales. Le médecin François Duvalier, dit Papa Doc, fut élu. Il instaura une politique de répression en s’appuyant sur une milice paramilitaire surnommée « les tontons macoutes ». À sa mort, en avril 1971, son fils de dix-neuf ans, Jean-Claude Duvalier alias Bébé Doc, le remplace à la tête du pays. Après l’ère de terreur du père, le fils institua un régime de corruption et d’incompétences. Avec Jean-Bernard Aristide, ancien prêtre qui devint président d’Haïti en décembre 1990, c’est la démocratie. Mais il n’a pu faire grand-chose pour son pays, avant d’être contesté puis renversé en septembre 1991 par Raoul Cedras, aidé par le gouvernement de George W. Bush.

Fernand Nouvet


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