EUROPE ÉCOLOGIE - Les Verts passent au ni droite ni gauche !

dimanche 7 juin 2009.
 

Avec des listes conduites par Daniel COHN-BENDIT, libéral décomplexé, José BOVE, antilibéral farouche, Eva JOLY, dont les prises de position écologistes ne sont guères connues ou Yannick JADOT, ancien dirigeant de Greenpeace peu porté sur les questions sociales, on peut légitimement se demander ce qui unit Europe écologie.

En les écoutant, on comprend que les Verts reviennent à leurs vieux démons d’une alliance ni-gauche ni-droite, qui aurait pour fondement la seule préservation de l’environnement. Leur refus de soutenir avec l’ensemble des organisations de gauche les mobilisations sociales de janvier et mars, leur soutien au rapport Balladur et leur appréciation positive à l’issue du G20 montrent que la direction des Verts affirme ce dépassement du clivage gauche droite comme marque de fabrique.

Le programme d’Europe écologie s’en ressent, qui associe à des propositions visant au développement d’un capitalisme vert des propositions plus à gauche impossibles à mettre en œuvre dans le cadre du Traité de Lisbonne que les Verts continuent pourtant de soutenir et promouvoir.

Bien sûr, de nombreux militants verts sont conscients que l’écologie n’est pas soluble dans l’Europe de Lisbonne et qu’une planification écologique en Europe serait un moyen bien plus sûr de régler les désastres en cours.

Donc qu’il vaut mieux voter pour le Front de gauche si l’on veut sauver la planète ...

Voici quelques pistes de réflexion pour ceux qui s’interrogent :

1- Extraits du livre de Daniel COHN BENDIT, « Une envie de politique », publié en 1998 pour les Européennes de 1999.

« Je suis pour le capitalisme et l’économie de marché » (journal La Décroissance de février 2009).

Il ajoutera dans une interview à Libération le 6 janvier 1999 : « Je suis persuadé que si on dit non à l’économie planifiée socialiste, on dit oui à l’économie de marché. Il n’y a rien entre les deux ».

Daniel Cohn Bendit défend la course au moins-disant social : « si Renault peut produire moins cher en Espagne, ce n’est pas scandaleux que Renault choisisse de créer des emplois plutôt en Espagne, où, ne l’oublions pas, il y a plus de 20% de chômage ».

Il laisse la culture au marché « l’artiste doit trouver lui-même son propre marché », sans subvention.

Il justifie le SMIC jeunes « si en échange d’un salaire réduit pendant 3 ou 4 ans, on leur donne la garantie d’accéder ensuite à un emploi ordinaire ». Il se déclare pour l’autonomie des établissements scolaires, pour qu’ils fassent leurs propres choix de professeurs et d’enseignements et n’est pas opposé à l’appel aux fonds privés afin de créer de « véritables joint-ventures avec les entreprises », ajoutant que « naturellement, l’industrie participerait aussi à la définition des contenus de l’enseignement contrairement à ce que nous disions en 1968 ».

Il reprend évidemment à son compte la litanie libérale sur la dépense publique : « Je suis très ferme sur le déficit public. Par principe, tout écologiste conséquent doit être pour une limitation des dépenses publiques ».

Dès 1998 il affirme que les services publics doivent être ouverts à la concurrence : « des services comme le téléphone, la Poste, l’électricité n’ont pas de raison de rester dans les mains de l’Etat " « il n’y a pas de raison qu’il existe un service public de la télévision ».

Et c’est lui qui dit : « Il faut admettre que les machines travaillent sept jours sur sept, donc admettre le travail du week-end ».

2- Le programme d’Europe écologie : entre libéralisme peint en vert et contradictions insurmontables

A/ Europe écologie n’est pas une liste pour le changement d’Europe.

Europe écologie ne remet pas en question le processus de validation forcée du Traité de Lisbonne (Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne - TFUE).

B/ Un libéralisme « vert »

Europe écologie se garde de dénoncer le libéralisme de l’Union européenne, propose un moratoire sur les libéralisations, en demandant un bilan de celles passées, sans les remettre en cause et emploie le terme « services publics » comme un synonyme de « services d’intérêt général », ou service minimum pour les plus pauvres, loin d’un service public à la française.

Europe Ecologie propose un « Bruxelles de l’emploi » pour reconvertir l’industrie européenne, en particulier automobile, en envisageant sa conversion écologique et l’accompagnement social de la contraction du secteur mais fait reposer complètement cet objectif sur le bon vouloir des entreprises du secteur avec un « contrat européen de conversion écologique de l’industrie automobile ». On peut faire confiance aux constructeurs automobiles européens pour refuser une telle proposition... qui fera partie des innombrables vœux pieux de cette campagne européenne.

Europe écologie veut nous faire croire qu’on peut « aller vers un futur 100% énergies renouvelables » malgré la libéralisation du marché de l’énergie, malgré le marché des droits d’émission de gaz à effet de serre qui a pourtant largement démontré son inefficacité depuis sa mise en œuvre en 2005 ! Leur proposition d’une taxe européenne climat/énergie visant à renchérir uniformément le prix de l’énergie d’origine fossile ou non renouvelable aurait des conséquences sociales. Or son efficacité sur la baisse des consommations n’est absolument pas démontrée aujourd’hui. Pour atteindre l’objectif proposé, il faut sortir du nucléaire, arrêter la course à l’exploitation pétrolière, investir massivement dans les énergies renouvelables et réduire massivement les consommations d’énergie... Ce n’est pas en faisant confiance au libre marché et à ses opérateurs, Total, AREVA et EDF, qu’on y arrivera ! Pour atteindre un jour cet objectif il faut le planifier, constituer un pôle public européen de l’énergie, comme le propose le Front de gauche, et pour cela remettre en cause la ratifiication du Traité de Lisbonne qui l’interdit.

C/ Certaines mesures d’Europe écologie sont en revanche très intéressantes mais irréalisables dans le cadre du Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE) dit Traité de Lisbonne qu’Europe écologie défend !

- L’article 63-1 du TFUE interdit une taxe sur les transactions financières de type Tobin : « Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites. »

- L’article 188 B du TFUE interdit le droit à la souveraineté alimentaire avec, si nécessaire, des barrières douanières, et la proposition de relocalisation de l’activité agricole : « L’Union contribue à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, ainsi qu’à la réduction des barrières douanières et autres. »

- L’article 39 du TFUE interdit de réorienter la PAC dans un sens non productiviste : « La politique agricole commune a pour but d’accroître la productivité de l’agriculture en développant le progrès technique, en assurant le développement rationnel de la production agricole ainsi qu’un emploi optimal des facteurs de production, notamment de la main-d’œuvre ; »

- L’article 153 du TFUE exclut "...toute harmonisation des dispositions législatives et règlementaires des Etats membres" et donc interdit un revenu minimum d’existence et un revenu maximum, dont les montants seraient calculés dans chaque Etat membre en fonction du revenu médian ou moyen.

- L’article 130 du TFUE interdit la possibilité de donner des instructions à la BCE pour favoriser le financement de politiques : « ni la Banque centrale européenne, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions, organes ou organismes de l’Union, des gouvernements des États membres ou de tout autre organisme. »


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