Lénine et la question des minorités en URSS (Discours prononcé le 22 novembre 1917 au 1er congrès de la marine de guerre de Russie

mercredi 15 juillet 2009.
 

Quand on aborde la question nationale, dit Lénine, il faut noter surtout la diversité des nationalités en Russie, où les Grands-Russes ne constituent qu’environ 40% de la population et où la majorité appartient à d’autres nationalités. Sous le tsarisme, l’oppression à l’égard de ces dernières était d’une cruauté et d’une stupidité incroyables, elle accumulait chez les nationalités, privées de droits égaux, la haine la plus profonde contre les monarques. Rien d’étonnant si cette haine envers ceux qui interdisaient même l’usage de la langue maternelle et condamnaient les masses populaires à l’analphabétisme se reportait sur tous les Grands-Russes. On pensait que ces derniers voulaient, en tant que privilégiés, garder pour eux les prérogatives que Nicolas II et Kérenski leur conservaient pieusement.

On nous dit que la Russie sera morcelée, désagrégée en républiques distinctes, mais nous n’avons rien à craindre de ce côté. Quel que soit le nombre de républiques indépendantes, nous ne nous en laisserons pas effrayer. Pour nous ce qui importe, ce n’est pas l’endroit où passe la frontière de l’Etat, c’est de préserver l’union des travailleurs de toutes les nations pour lutter contre la bourgeoisie de quelque nation que ce soit.(Vifs applaudissements.)

Si la bourgeoisie finlandaise achète aux Allemands des armes pour les braquer contre ses ouvriers, nous proposerons à ces derniers l’union avec les travailleurs russes. Laissons la bourgeoisie manigancer de sordides querelles, des marchandages pour des questions de frontières, les ouvriers de tous les pays et de toutes les nations ne se diviseront pas sur ce terrain immonde. (Vifs app1audissements.)

Aujourd’hui, nous faisons la « conquête » de la Finlande (j’emploie un mot détestable), non comme le font les capitalistes, les rapaces internationaux, mais, en offrant à la Finlande la liberté totale de s’unir à nous ou à d’autres pays, nous garantissons le soutien total aux travailleurs de toutes les nationalités contre la bourgeoisie de tous les pays. Cette union repose non sur des traités, mais sur la solidarité entre les exploités contre les exploiteurs.

Nous sommes témoins aujourd’hui d’un mouvement national en Ukraine, et nous disons : nous sommes partisans sans réserve de la liberté totale, illimitée du peuple ukrainien. Nous devons venir à bout de ce passé sanglant et sordide, où la Russie des oppresseurs capitalistes jouait le rôle de bourreau des autres peuples. Nous balayerons ce passé dont nous ne laisserons pas pierre sur pierre. (Vifs applaudissements.)

Nous dirons aux Ukrainiens : en tant qu’Ukrainiens, vous pouvez organiser chez vous la vie à votre guise. Mais nous tendrons une main fraternelle aux ouvriers ukrainiens et nous leur dirons : avec vous, nous lutterons contre votre bourgeoisie et contre la nôtre. Seule l’union socialiste des travailleurs de tous les pays écartera tout prétexte de persécutions et de discordes nationalistes. (Vifs applaudissements.)


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