« Travailler tue » Campagne contre les morts au travail ! (par la Fondation Copernic)

mardi 19 mai 2009.
 

Chaque jour, depuis des dizaines d’années, des salariés meurent deux fois. Leurs familles souffrent deux fois. Ce sont des mots. C’était la vie de Jérôme Bianco. Qui meurt en lavant des vitres. Qui tombe d’une nacelle. Parce que L’Oréal fait des « économies » sur les rambardes de sécurité et utilise un sous-traitant. Lequel, à son tour, fait des économies sur la formation et les équipements de protection. Et puis, là, au Technocentre Renault-Guyancourt, c’est un salarié qui saute du 5ème étage devant ses collègues, victime d’impératifs de productivité intenables, et des harcèlements qui vont avec. Quelques mois après, pour relaxer ses collègues, dans le Hall du Technocentre, un piano convoqué par la direction, jouait de la musique d’ambiance ! Kafka new look version DRH « trop cool ». Pas un jour sans morts au travail (2 quotidiennement). Pas un jour sans cette seconde mort, cette souffrance supplémentaire, inouïe, inacceptable, qu’est ce silence de plomb qui accompagne les morts liées au travail. Et puis, arrivent les réparations judiciaires qui ne réparent rien : du sursis pour les entreprises, des amendes dérisoires pour une vie…bref le laissez-faire et le mépris ; les sous-traitants pour remparts aux donneurs d’ordre. Et encore. A condition que l’affaire aille aux tribunaux, et que les pressions d’entreprise ne découragent pas les familles. Silence, on tue. Circulez, rien à voir, nul n’est responsable, personne n’est coupable (à moins que ce ne soit le salarié décédé…). Cela suffit !

Deux morts par jour d’accidents du travail, deux suicides par jour liés au travail, cela suffit ! Huit morts par jour d’exposition à l’amiante, et combien, aujourd’hui même, d’exposés aux radiations dissimulées dans les centrales nucléaires. Les peintures cancérigènes, les sans-papiers « corvéables à merci » dans le BTP ou l’agriculture, cela suffit. Et cette impunité systématique des entreprises…quand piétiner la pelouse de Christian Clavier, en Corse, mobilise l’Etat.

Travailler tue, en toute impunité. Mais le silence - qui rend ce scandale possible - est aussi notre faute : nous n’avons pas pu, nous n’avons pas su, nous n’avons pas encore (sauf pour l’amiante) créé le rapport de force qui rende ce silence impossible. Et c’est maintenant, précisément, ce que nous avons à faire : fabriquer la force du nombre qui bouscule le silence et oblige la loi à changer ou à être appliquée.

Nous sommes 3400 à avoir signé l’Appel « Travailler Tue, en toute impunité ». Il faut pour la fin de l’année, ajouter un 0 à ce chiffre. Donc, mener campagne ! A Marseille, Calais, Grenoble, Lille, Beauvais, Bordeaux, Rodez, Saint-Denis, Saint-Nazaire, Mulhouse…et même à Neuilly. Comment l’organiser ? De la plus simple des façons. Comme elle s’organisa après l’Appel Copernic contre la constitution européenne. Par des initiatives locales à géométries variables. Ici, ce seront les amis du Diplo qui piloteront avec Attac, ici peut-être une section CGT, ici peut-être un groupe NPA, ici la section Sud, là le Parti de Gauche, là encore le PCF… et tous ensemble dans certaines localités, quelques-uns ensemble dans d’autres. A Copernic, nous allons solliciter partout l’organisation locale de ces réunions. Mais Copernic doit être dépassée.

La Fondation Copernic doit jouer tout son rôle, lancer l’alerte, avec et après bien d’autres d’ailleurs. Faire trait d’union, proposer des contre-expertises, ramasser les signatures, mettre en communication. Nous continuerons. La cause que nous défendons néanmoins nous dépasse. Elle dépasse telle ou telle organisation. Elle dépasse Copernic. Elle ne gagnera qu’autant qu’elle deviendra bien commun. Ce qui serait bien légitime puisqu’elle vise le bien commun.

La campagne « Travailler tue » débutera à bas bruit. Soit. Mais tenons-là. Tenons-là longtemps. Et si nous la tenons, si nous la tenons longtemps, elle fera du bruit, de ce bruit que tous les puissants d’entreprises, de presse, ou de tribunaux, craignent et étouffent.

En cliquant sur l’adresse portée en source, vous pourrez signer la pétition initiée dans le cadre de cette campagne.


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