La compétition s’intensifie au sein de la gauche radicale, qui bénéficie d’un vent porteur (article Le Monde)

lundi 18 mai 2009.
 

Les équilibres électoraux sont ils en train de changer dans la gauche radicale ? Selon un sondage IFOP, réalisé les 6 et 7 mai auprès de 886 personnes, pour Paris Match pour les européennes, le total des intentions de vote en faveur des listes de la gauche du PS (LO, NPA, Front de gauche) dépasse les 15 %. En 2004, cette même frange avait totalisé 8,6 %. La progression est réelle face au PS qui voit son capital électoral s’effriter.

Mais la répartition de ce potentiel électoral au sein de la gauche radicale évolue. Dans les sondages, le Front de gauche, alliance du PCF et du Parti de gauche, progresse. Selon l’IFOP, il aurait rattrapé son retard sur le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) avec 6,5 % des intentions de vote contre 7 % pour le parti d’Olivier Besancenot. Alors qu’il obtenait 9 % en février, ce dernier subit un tassement qui profite aux amis de Marie-George Buffet et Jean-Luc Mélenchon. "On sent un début de dynamique en faveur des listes du Front de gauche. Dans les milieux les plus politisés ou syndicaux, cette alliance ressemble à l’unité recherchée de la gauche de la gauche", remarque Jérome Fourquet, directeur de l’IFOP.

CONTEXTE D’ABSTENTION

Le contexte d’une abstention forte favoriserait ce rééquilibrage. L’électorat du NPA, plutôt jeune et populaire, constitue une frange sociale particulièrement touchée par la crise et fortement encline à s’abstenir. "Les électeurs du PCF et du Parti de gauche sont plus participants", souligne M. Fourquet.

Le constat est partagé par Stéphane Rozès, président de la société de conseil CAP : "Le réservoir de voix du NPA se trouve dans un vote de contestation. Le Front de gauche apparaît comme plus utile pour que les choses changent en Europe", analyse le sondeur.

Sur le terrain, le Front de gauche s’est lancé tôt dans la campagne et commence à en récolter les fruits. On voit un peu partout fleurir ses affiches rouge et jaune comme ses autocollants ; ses militants sont très présents dans les manifestations et multiplient les réunions publiques. "On constate une petite dynamique depuis la semaine du 1er mai avec plus gens dans les réunions et plus de non-militants", raconte François Delapierre, bras droit de Jean-Luc Mélenchon.

Ce n’est pas encore le cas du NPA : ses militants ont donné la priorité aux luttes sociales, aux mobilisations syndicales. La crise a accaparé l’essentiel des forces de ce parti qui rêve d’une grève générale. " L’échéance européenne est lointaine pour nos franges sympathisantes. L’enjeu est de mobiliser cet électorat abstentionniste en expliquant qu’on peut protester utile", admet Pierre-François Grond, le bras droit d’Olivier Besancenot.

Le NPA s’efforce désormais de faire le lien entre la crise économique et l’Europe en estimant qu’il existe une convergence des luttes que ce soit en Grèce, en Espagne ou en Italie. Il affiche un objectif modeste : "Si on obtient un élu, on sera content", insiste M. Grond.

"Il ne faut pas oublier que les européennes sont les élections plaisir dans lequel l’enjeu de pouvoir est faible. Et avec ce niveau, le NPA a installé son électorat", fait remarquer Vincent Tiberj, chercheur au Centre d’études européennes. Sylvia Zappi


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