Sarkozy et son gouvernement dépensent comme la Cour d’Ancien régime (réceptions, avions, communications...)

vendredi 15 mai 2009.
 

Le train de vie du gouvernement français disséqué par un député

Déplacements coûteux, réceptions, opérations de communication ou encore commande de sondages : le confortable train de vie du gouvernement français en 2007 a été décortiqué pour la première fois par un député socialiste.

René Dosière a utilisé un pouvoir de contrôle méconnu, qui contraint quasiment le gouvernement à répondre à ses questions.

"On a gardé les traditions d’Ancien régime et on a un président qui montre l’exemple", a-t-il déclaré mercredi à Reuters. "Mon travail est que la dépense publique soit limitée. Si l’opinion publique se saisit de cette question, ça ne peut qu’inciter les ministres à réduire leurs dépenses."

Les chiffres figurant dans les réponses officiellement publiées révèlent des budgets de communication de l’ordre de 50 millions d’euros annuels pour 2007, chiffre partiel car beaucoup de ministères, dont l’Intérieur, n’ont pas encore répondu.

L’utilisation d’avions privés ou d’appareils d’Etat officiels qui semble souvent, sinon systématiquement, préférée aux TGV ou aux lignes aériennes régulières, pour de courts déplacements en France, est mise en lumière.

Réceptions et frais de représentations pèsent usuellement des centaines de milliers d’euros par an.

Les budgets dédiés à la "communication", notion ambigüe en France, mêlent l’information pratique sur l’action d’un ministère, des campagnes préventives, la commande de publicités vantant les mérites d’une politique, les études et les sondages.

LA JUSTICE EN TÊTE

Selon les réponses consultées par Reuters sur le site de l’Assemblée nationale, le ministère de l’Economie détient la palme des dépenses de communication avec 12,86 millions d’euros, par exemple, pour l’achat d’encarts publicitaires défendant la loi de défiscalisation des heures supplémentaires.

Il est suivi pour la communication par le ministère de la Défense (8,17 millions), l’Education nationale (4,77 millions), la Culture (3,40 millions), la Justice (3,17 millions), les Affaires étrangères (2,43 millions), les Affaires européennes (1,98 million) l’Agriculture (1,93 million).

La Justice dit avoir acheté des "outils de communication" pour 315.000 euros et des journaux pour plus de 159.000 euros, soit 435 euros par jour.

Le secrétariat d’Etat à la Ville dépense pour ce poste 1,237 million d’euros, le secrétaire d’Etat aux Sports 647.000 euros et la Santé 387.000 euros.

La commande de sondages par le gouvernement, qui n’est pas réglementée, a coûté 118.129 euros à la Justice, 767.725 euros à l’Education et 40.000 à la Santé. Une exception, la Culture précise qu’elle ne fait pas de sondages.

Autre point sensible : les déplacements aériens, dont l’importance est logique aux Affaires étrangères (2,24 millions), au Commerce extérieur (un million), à l’Economie (893.000 euros) et la Coopération (763.000 euros), sont aussi nombreux à la Culture (526.000 euros) et à la Justice (416.000 euros).

Le ministère de Rachida Dati explique ainsi avoir payé 195.000 euros sur ce total à un voyagiste privé, et 221.000 à l’ETEC, l’ancien GLAM chargé des transports gouvernementaux.

Autre point attirant l’attention, les frais de réception et de représentation semblent souvent élevés, comme à la Justice (269.012 euros) ou à l’Education (près de 400.000 euros).

Les réponses, livrées en avril-mai après des mois d’attente, sont publiées au Journal officiel et sur le site internet de l’Assemblée nationale. Elles ont été mises en lumière par Le Monde de mercredi et le gouvernement a assuré être satisfait.

"C’est la première fois qu’il y a une réelle transparence sur cette question. Je pense que c’est une avancée, c’est une bonne chose que soient publiques les dépenses de fonctionnement des différents ministères", a dit le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, à la presse.

Thierry Lévêque


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