Durban II : le consensus de 182 Etats (bilan tiré par la Cimade)

jeudi 23 avril 2009.
 

La conférence Durban II –qui a connu des débuts mouvementés- a adopté hier le document final qui avait été âprement négocié par le comité préparatoire avant l’ouverture.

Un document de 143 paragraphes qui constitue le principal instrument international visant à prévenir le racisme, les discriminations raciales, la xénophobie et l’intolérance qui lui est associée…selon la terminologie officielle.

Ce document n’a pas fait l’objet d’un vote des quelques 150 Etats représentés qui l’ont approuvé par consensus, chaque délégation exposant d’ici la fin de la conférence les motifs de son engagement, le bilan de son action et sa vision de ce problème qui se pose partout dans le monde, de ses manifestations, de ses causes multiples, qu’elles soient politiques, historiques, culturelles, religieuses…

En réalité, 182 Etats (sur 192) font partie du consensus. Les 10 Etats ayant boycotté Durban II (Israël, Etats-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Italie, Pays-Bas, République Tchèque, Allemagne, Pologne) n’en font partie. Il leur est possible encore d’adopter le texte.

Cette conférence n’est ni le début ni la fin mais une étape d’un chemin encore long et plein d’embûches. Elle n’avait pas vocation à traiter de tous les problèmes qui agitent le monde en pleine crise financière et économique ; une initiative est prévue début juin, sous l’égide de l’ONU, pour proposer « une nouvelle architecture financière dans les rapports internationaux » avait indiqué le président de l’Assemblée générale de l’ONU dans son message à la conférence.

Une initiative relativement proche dont on parle beaucoup moins que le G20 ou le sommet de l’OTAN réservés aux « grandes puissances » dont certaines, et non des moindres, sont absentes à la conférence Durban II où l’on parle racisme, incitation à la haine raciale, nationale ou religieuse, liberté d’opinion et d’expression, discriminations en tous genres…

Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives et péremptoires sur la portée de cet évènement que d’aucuns ont tout fait pour discréditer, allant jusqu’à demander le boycott, à tenir meeting, à lancer pétition contre la participation de la France et de l’UE, à organiser une campagne médiatique qui ne faiblit toujours pas pour dévaloriser l’ONU.

Elle se prolongera à coup sûr par le dénigrement de la déclaration finale que les uns jugeront aseptisée, d’autres encore trop angélique ou trop orientée selon l’idée qu’ils s’en faisaient au départ.

Vous pourrez en juger sur le site http://www.un.org/french/durbanrevi...

Ce ne sont que des mots, des généralités, certes, mais entendre réaffirmer que « tous les peuples et les individus constituent une seule famille humaine riche dans sa diversité, que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité, en droit »…ça ne peut pas être inutile, pas plus lorsqu’on lit que « la conférence rejette catégoriquement toute doctrine de supériorité raciale et les théories tendant à établir l’existence de prétendues races humaines distinctes. »

Une conférence qui demande instamment aux Etats « de redoubler d’efforts pour protéger les droits de l’Homme de tous les migrants, indépendamment de leur statut d’immigration et de prendre des mesures contre toutes les manifestations de racisme, de discriminations, de xénophobie et de l’intolérance associée notamment vis-à-vis des immigrants, des réfugiés et demandeurs d’asile… » On ne manquera pas d’être attentif à ce que vont faire la France et les 27 pays de l’UE qui comptent au moins 174 centres de rétention des migrants dans lesquels les conditions « d’accueil » sont parfois pires qu’en prison : leur fermeture s’impose.

La conférence s’inquiète de « la persistance du racisme à l’égard des Roms, Gitans, Sintis, Gens du voyage…et demande aux Etats d’accorder aux victimes une protection spéciale ainsi qu’un accès aux services sociaux de base… »

De même, il convient « de traiter toutes les formes de violence contre les femmes et contre les enfants, de délits pénaux punissables. »

Ce n’est là qu’un aperçu très limité de ce que contient le document final dont la mise en œuvre nécessitera l’intervention citoyenne individuelle et collective. On sait que l’Etat français fait tout ce qu’il peut pour se passer des services de la CIMADE !

Nulle part ce combat ne progressera sans lutte. Le document est un point d’appui qu’il ne faut pas sous-estimer.

René Fredon


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message