Les mystifications du G 20 (PG national)

mardi 7 avril 2009.
 

« C’est bel et bien un nouveau monde qui émerge à Londres sous nos yeux ».

Cette analyse proposée par Le Monde s’inscrit dans l’emballement médiatique international dont vient de faire l’objet le Sommet du G 20 à Londres, le 2 avril.

La plupart des observateurs politiques et médiatiques ont ainsi voulu saluer l’avènement de ce que le premier ministre britannique, Gordon Brown, qualifie de « nouvel ordre mondial ».

Un nouveau monde ? Oui, mais lequel ? Pour disposer de la réponse, il suffit d’observer quelle a été la réaction des marchés financiers dans le monde entier à l’annonce des conclusions du Sommet. C’est avec jubilation que les principales places boursières ont accueilli les propositions et les mesures adoptées par les gouvernements du G 20, ce club qui représente 4/5 ème de la production mondiale et dont l’Union européenne est membre es qualité.

L’excitation des marchés financiers a été grande : + 4 % à Wall Street, + 4,3 % à la City de Londres, + 4,4 % à Tokyo ,+ 5,3 % à Paris, + 6 % à Francfort.

On l’aura compris, loin d’œuvrer à une quelconque refonte du capitalisme et de briser les logiques et les politiques qui ont précipité le monde au bord du gouffre et dans une crise économique, sociale, écologique et alimentaire sans précédent, le G 20 a décidé de procéder à un replâtrage dont le but est le renforcement du cours actuel du capitalisme mondialisé et l’intégration de ses nouveaux acteurs émergents dans le club des dominants ( Chine, Brésil, etc.).

Alors que la crise globale trouve sa source dans les méfaits de la libéralisation des mouvements de capitaux et le libre-échange généralisé qui ont provoqué une concurrence effrénée du travail, l’effondrement de la demande solvable, l’épuisement accéléré des ressources naturelles et énergétiques et le dérèglement du climat, la déclaration du G20 affirme que plus que jamais, il est « nécessaire de promouvoir le commerce mondial ».

Toutes les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur des enjeux et visent à soutenir cette perspective.

Ainsi, le Fonds monétaire international, grand vainqueur de ce Sommet, voit ses moyens fortement renforcés. Avec ses 750 milliards de dollars, il pourra « offrir » ses services aux pays pauvres et étouffés par la crise (comme la Hongrie ou la Roumanie en Europe) contre l’engagement de ces derniers à baisser leurs dépenses budgétaires, à élever leurs taux d’intérêt, à bloquer ou baisser les salaires des fonctionnaires publics, etc.

Comme l’analyse judicieusement le Collectif français « Nous ne paierons pas leurs crises », « le G20 n’offre aucun engagement précis quant à mettre fin à la dictature des marchés financiers, via des instruments de contrôle public et de régulation drastiques. Les banques et établissements financiers devront être sauvés par tous les moyens, au prix du financement public, sans aucune contrepartie garantie aux populations (crédit, services bancaires...) et sans même que leur nationalisation n’ait été suggérée. Aucune mesure d’interdiction de la spéculation sur les matières premières n’est par exemple envisagée.

La mise en liste noire des territoires non-coopératifs sur le plan bancaire et fiscal ne répond pas aux exigences citoyennes, qui souhaitaient voir bannie, au moins de la part des pays du G20 et de leurs grandes entreprises, toute forme de domiciliation ou de transit de leurs actifs via des paradis fiscaux.

Enfin les engagements relatifs à la lutte contre les inégalités sociales, la création d’emplois et la protection durable des écosystèmes ne sont assortis d’aucun moyen spécifique. Ils font l’objet de paragraphes aussi généraux que marginaux : ni nouveaux instruments de redistribution, ni investissements massifs dans une économie verte et créatrice d’emplois décents et justement rémunérés.

Le G 20 n’apporte aucune proposition pour créer de nouveaux instruments au service d’une autre mondialisation écologique et solidaire, tels que les taxes globales écologiques et sur les transactions financières. Le G 20 est muet sur la reconnaissance et la promotion de biens publics mondiaux tels que la santé, l’eau, l’éducation et le savoir, indispensables pour reconstruire la mondialisation sur de nouvelles bases ».

Plus que jamais, il appartient aux forces politiques et sociales de faire connaître leurs propositions pour construire une mondialisation solidaire et respectueuse des peuples et de l’environnement.

C’est ce à quoi vont s’attacher le Parti de gauche et le Front de gauche dans les semaines qui viennent.


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