Devant le juge pour des pancartes sur un pont

mardi 17 mars 2009.
 

De mai à juillet 2008, ils se sont réunis tous les jeudis soirs sur le pont Mistral, à Crest (Drôme), pour dénoncer la "casse sociale". "Il vaut mieux protester ensemble plutôt que de râler chacun chez soi, explique l’un des organisateurs, Pierre Nicolas. Cette manifestation d’initiative citoyenne n’avait pas de mot d’ordre : chacun pouvait venir avec sa pancarte et sa revendication."

Ils se retrouvaient parfois à deux, parfois à trente, pour dénoncer les réformes judiciaires de Rachida Dati, la culture des OGM ou le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Quelques tracts contre le fichier "base élèves", une pancarte contre les centres de rétention : une fois par semaine, le pont Mistral de Crest (8 000 habitants) devenait "un lieu de résistance pacifique et convivial".

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Mais, au bout de sept semaines, la police municipale a pris cette petite réunion très au sérieux. Le 12 juin 2008, elle a demandé à la quinzaine de manifestants présents de décrocher une banderole dénonçant "la casse sociale généralisée". Le corps du délit a été rangé, les pancartes ont été posées sur le trottoir, mais, la semaine suivante, la police municipale est revenue pour verbaliser "l’organisateur".

Pierre Nicolas, 64 ans, professeur à la retraite, membre du PCF, d’Attac et de la FSU, s’est vu dresser un procès-verbal pour violation de l’article 581-24 du code de l’environnement : "Nul ne peut apposer de publicité ni installer une préenseigne sur un immeuble sans l’autorisation écrite du propriétaire." Ses amis en rient encore. "Je suis membre du conseil d’administration de Résistance à l’agression publicitaire, une association qui lutte justement contre l’invasion de la publicité !"

Après consultation, le petit groupe du pont Mistral a contesté l’infraction et refusé de payer les 78 euros d’amende : Pierre Nicolas est donc convoqué, lundi 16 mars, devant la juridiction de proximité de Die. "C’est tout simplement ridicule, soupire-t-il. Une convocation devant le juge pour une manifestation à quinze au coin d’une rue !" Le maire de Crest, le député (UMP) Hervé Mariton, estime que, dans cette affaire, la police municipale était dans son rôle "normal et important de police de l’environnement". "Certaines pancartes étaient posées contre les feux et les panneaux de signalisation, affirme-t-il. Le mobilier urbain n’a pas vocation à être un support de communication privée, qu’il s’agisse ou non de messages politiques. Il y a d’autres supports d’expression pour cela." Anne Chemin


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