Sur la transition de l’Antiquité au mode de production féodal

lundi 21 mars 2022.
 

Les causes de la transition du mode de production antique au mode de production féodal s’échelonnent sur au moins huit siècles du 3ème au 11ème siècle.

Les passages du mode production primitif (chasseurs cueilleurs) au mode de production asiatique du néolithique puis de celui-ci au mode de production antique ayant eux-mêmes été longs et complexes, la question de la transition entre modes de production présente une grande importance.

* Le mode de production féodal fait partie des grands systèmes d’organisation économique, politique, sociale et idéologique de l’histoire humaine, même s’il présente une diversité importante :

Les modes de production : un outil théorique du matérialisme historique pour éclairer le passé

* Il survient après la chute de l’empire romain :

Mode de production antique : définition, contexte, formes (quelques notes)

* Pourquoi l’empire romain disparaît-il ?

Plusieurs historiens britanniques ont travaillé sur ce sujet. Leurs désaccords ne nous intéressent pas ici. Notons plusieurs plusieurs pistes qui ne manquent pas de pertinence :

- dépopulation de l’Italie et expansion démographique des Germains

- déclin militaire, la défense de l’empire étant de plus en plus confiée à des "barbares" qui se retourneront contre Rome lorsque l’occasion se présentera

- déstabilisation et déclin économique avec par exemple la perte du grenier à blé de Rome en Afrique du Nord conquise par les Vandales.

- Déclin fiscal, dû entr’autres aux réticences des propriétaires terriens Les pouvoirs publics de l’Etat romain et ses diverses provinces ont des besoins financiers de plus en plus importants ; ils veulent ponctionner de plus en plus les possesseurs de terres. Les latifundistes se créent des clientèles parmi les petits propriétaires et prennent de plus en plus d’autonomie contre les pouvoirs centraux ; ils seront au coeur de la privatisation de la société puis de la féodalisation rurale. L’Eglise catholique pèse également en ce sens combattant assez tôt les pouvoirs publics romains peu à peu remplacés aux 5ème et 6ème siècle par les évêchés qui récupèrent les impôts pour eux ; aussi, nombre de grands propriétaires d’esclaves vont constituer des points d’appui du christianisme.

- importance des changements climatiques (sècheresses du 3ème siècle, refroidissement du 5ème) qui rendent la production agricole plus aléatoire et l’approvisionnement des villes plus difficiles d’où une ruralisation progressive de la population

- évènements fortuits parmi les dirigeants romains qui ont affaibli la puissance de l’empire comme le meurtre d’Aétius.

* La chute de l’empire romain et l’effondrement du mode de production antique ne sont pas exactement concomitants.

Au 20ème siècle, plusieurs historiens ont analysé l’évolution de l’empire romain à l’empire carolingien comme une « transformation » progressive, notamment sur le plan de la culture.

Il est vrai que la fin de l’esclavage, le développement du servage, l’éclatement des pouvoirs publics en entités régionales, la privatisation de la société et la mise en place de structures réellement féodales peuvent être datées de la période succédant à l’effondrement de l’empire carolingien.


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