44 jours pour une République plus sociale ! (Communiqué des membres du PG de la Guadeloupe)

vendredi 13 mars 2009.
 

Au terme de 44 jours d’une grève générale caractérisée par un mouvement social populaire sans précédent en Guadeloupe, un protocole de suspension de conflit de 26 pages en forme de victoire a été signé le 4 Mars 2009 par le LKP, le Gouvernement et les collectivités locales. La signature de ce protocole a été rendue possible par la satisfaction de bon nombre des revendications sociales immédiates. Ce sont ainsi 165 points de revendications classés par thème qui ont été actés dans ce Protocole, auquel l’« Accord BINO » sur les bas-salaires appelant une nécessaire extension a été annexé.

La victoire du front inédit du peuple guadeloupéen est une « première pierre » qui peut et doit constituer un précieux point d’appui. La lutte contre cette « pwofitasyon » généralisée à outrance d’un système capitaliste libéral et d’un individualisme mortifère oubliant jusqu’à la notion d’intérêt général est loin d’être achevée. Si certaines demandes immédiates demeurent en discussion (baisse des prix, amélioration et accessibilité des transports...), certaines autres vont devoir faire l’objet de nouvelles négociations (en particulier la question de la formation), et l’ensemble va être l’objet d’un suivi d’application indispensable.

Ces avancées n’ont été possibles que grâce à l’adhésion de la plus grande partie de la population à un « Liyannaj » novateur et une implication constante dans le débat public. Le mouvement a su mobiliser la population sur des problématiques globales et complexes à partir de difficultés rencontrées quotidiennement. Ce mouvement guadeloupéen ressemble, toutes proportions gardées, au mouvement bolivien de démocratie participative.

Cette lutte sociale mais aussi sociétale a su faire apparaître sur le devant de la scène l’identité guadeloupéenne, davantage sur le mode d’une affirmation culturelle légitime que sur le dangereux mode nationaliste-ethniciste étriqué que certains ont mis en avant pour en dissimuler la véritable portée. Echappant ainsi au risque de fermeture raciste et xénophobe, ce mouvement apparaît comme un appel à une République sociale, solidaire, égalitaire. Il a permis de rappeler que la départementalisation de 1946 impliquait pour l’État des devoirs qu’il n’a jamais remplis de façon satisfaisante. Les guadeloupéens veulent s’insérer dans le territoire de leur quotidien, la Caraïbe, tout en faisant partie de la République. Cela n’a rien d’incompatible, c’est une question de volonté politique ! A l’image de son leader, Élie Domota, le LKP a parfaitement montré la force de cette double culture qui ne doit pas être juxtaposition stérile et antagoniste, mais ferment commun d’un individu complet et assumé, s’adressant qui en créole lors des meetings populaires, qui en français pour répondre à la presse hexagonale.

La force de ce mouvement a été de rassembler une partie significative de la population sur une plate-forme regroupant l’ensemble des problèmes sociaux traversant la société et répondre pleinement aux attentes populaires immédiates (salaires, prix des biens de consommation, emploi, formation...). Il fait écho à la demande de bouclier social du Parti de Gauche et à son aspiration à une souveraineté populaire effective.

Ce mouvement a fini par venir à bout de la volonté d’enlisement du gouvernement de droite libérale dont la stratégie est, par principe, de ne rien lâcher aux revendications sociales. Ce gouvernement craignait la contagion, mais la peur ne protège pas du danger... Face au mépris et à la violence économique du MEDEF, le mouvement a résisté grâce à l’impressionnante implication populaire qui a dénoncé les abus par des exemples précis et développé des demandes à moyen et long termes qui sont les racines d’une République sociale.

Le gouvernement et le patronat, par-delà leur crainte et l’extension en marche dans les autres DOM, ont été et seront obligés d’apporter des réponses claires aux revendications. Et, l’inflexion des discours de François Fillon et de Laurence Parisot doit se lire à l’aune de l’appel à la grève en métropole le 19 mars. S’il est évident et incontournable que les problématiques sont exacerbées par l’insularité, l’éloignement, certains vestiges de l’Histoire, mais surtout les conditions de vie en Guadeloupe (citoyenneté somme toute encore récente, dialogue social très tendu voire inexistant parfois, vie chère, situation de monopoles, taux de chômage très élevé,...), les revendications sociales de la France hexagonale sont similaires, surtout dans un contexte de crise mondialisée. Ainsi, une jonction des conflits dans les DOM et en métropole aurait nécessairement un impact social très fort.

Le Parti de Gauche soutient les revendications sociales à moyen et long termes du LKP.

Le Parti de Gauche revendique une véritable égalité territoriale et une solidarité qui dépasse le cadre régional.

Le Parti de Gauche revendique la mise en œuvre d’un épanouissement culturel pour une société guadeloupéenne multiculturelle au sein du giron commun non assimilationniste qu’est la République sociale.

Le Parti de Gauche revendique l’enseignement sur tout le territoire français d’un enseignement intégrant véritablement cette France ultra-marine riche de sa diversité (Histoire du colonialisme, de la traite, de la départementalisation...).

Le Parti de Gauche revendique un territoire guadeloupéen ancré dans la Caraïbe faisant également partie de l’Europe politique.

Le Parti de Gauche revendique une véritable République sociale pour tous les territoires de la République française, territoires ultra-marins inclus.

► Contacts :

- Parti de Gauche en Guadeloupe : Guillaume Marsault - 0690 922014 - mfmakarenko@gmail.com


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