Irlande : Combat indépendantiste et mouvement ouvrier en 1917

mardi 17 février 2009.
 

Introduction : la révolution irlandaise et 1917

1 La création des deux entités politiques dans l’île d’Irlande date de la période historique connue comme la révolution irlandaise de 1916-23, laquelle fut l’aboutissement d’une longue histoire de domination coloniale (de l’Angleterre, puis de la Grande-Bretagne sur l’Irlande), de dépossession terrienne (au profit des colons anglais et écossais de confession protestante), de conflits ethnico-confessionnels (entre protestants de culture anglo-saxonne et catholiques d’origine celtique ou anglo-normande) et de luttes politiques (pour l’autonomie ou l’indépendance du pays), qui débuta dès le XIIe siècle.

2 En règle générale, les historiens font remonter le point de départ de la révolution irlandaise à l’insurrection avortée de Pâques 1916, fomentée par certains dirigeants de l’Irish Republican Brotherhood ou IRB1, à la tête de la frange la plus radicale des Irish Volunteers2, alliés au bataillon ouvrier du socialiste et syndicaliste James Connolly, l’Irish Citizen Army3. Une insurrection qui, à défaut d’avoir anéanti l’Empire, ouvrit la voie à la guerre d’indépendance de 1919-21, orchestrée là encore par les Irish Volunteers – baptisés Irish Republican Army ou IRA, à partir de 1919 – et sa branche politique, le Sinn Féin (Nous seuls). Le Sinn Féin sortit en effet grand vainqueur en Irlande des élections législatives de décembre 1918. Il portait une stratégie de désobéissance civile ou de résistance passive, fondée sur la mise en place d’institutions locales – telle l’Assemblée nationale d’Irlande (la Dáil Éireann) – destinées à rendre vaine toute immixtion britannique dans les affaires irlandaises. L’épilogue de cette lutte fut la conclusion en décembre 1921 du Traité anglo-irlandais. Mais ce traité fut lui-même déclencheur d’une guerre civile au sein des forces indépendantistes, de 1922 à 1923, qui déboucha sur la victoire des tenants d’un accord de paix entérinant notamment la division de l’île en deux parties, avec d’un côté l’État libre d’Irlande, composé des 26 comtés du sud à dominante nationaliste et catholique, membre d’un Commonwealth qu’il quitta en 1949 pour devenir la République d’Irlande, et de l’autre côté l’Irlande du Nord, constituée des six comtés de l’Ulster à majorité protestante et unioniste, maintenus dans le Royaume-Uni.

3 Cependant, avant d’en arriver là, les forces impliquées directement ou indirectement dans le soulèvement de Pâques 1916 avaient dû subir les foudres d’une administration britannique passablement ébranlée par pareil « acte de trahison » en cette période de conflit mondial. Arrestations arbitraires, incarcération des rebelles survivants et exécution des principaux leaders marquèrent la période qui suivit. Il fallut néanmoins attendre l’année 1917 pour que le mouvement séparatiste d’une part et le mouvement ouvrier d’autre part, affaiblis mais non résignés, se relèvent graduellement, empruntant des voies divergentes d’un point de vue stratégique. Ce qui n’alla pas sans influer sur le cours des événements et, partant, sur l’avenir du pays. C’est du reste à ce titre que l’on peut considérer 1917 comme une période charnière dans la révolution irlandaise, ainsi que nous allons le voir à présent.

Le mouvement séparatiste : unification massive autour du Sinn Féin

4 Bien qu’il ne prît aucune part directe au soulèvement de 1916, le Sinn Féin allait cependant être le grand bénéficiaire de la répression opérée contre des insurgés qui avaient déjà subi, auparavant, les critiques virulentes d’une grande partie de la population. Créée par Arthur Griffith en 1905, cette organisation se voulait à l’origine une sorte de synthèse entre les traditions constitutionnelle et révolutionnaire issues du nationalisme irlandais. Son but : acculer les autorités impériales à concéder au pays son autonomie, sur le modèle austro-hongrois de la « double monarchie », via la stratégie de la désobéissance civile mentionnée plus haut4. Son incontestable influence sur les esprits les plus radicalement nationalistes de l’époque n’en faisait pourtant pas une formation de masse, capable d’ébranler l’hégémonie électorale du vieux parti autonomiste de John Redmond, l’Irish Parliamentary Party ou IPP, à l’exception des bastions unionistes de l’Ulster, favorables au maintien du territoire à l’intérieur du Royaume-Uni. L’échec cuisant de l’unique candidat présenté par le Sinn Féin avant février 1917, lors d’une élection partielle organisée dans le comté de Leitrim, dans le nord de l’Irlande, en 1908, témoigne des faiblesses du mouvement en termes à la fois d’effectif et de popularité5. Car si en 1909 le parti de Griffith compta jusqu’à 128 sections dans tout le pays, à la veille de la rébellion de Pâques 1916, il ne lui en restait plus qu’une seule à Dublin, réduite à la portion congrue autour de son hebdomadaire Nationality. Le Sinn Féin semblait tellement inoffensif de par le peu de crédit dont il jouissait auprès de l’opinion publique après une petite décennie de propagande acharnée que, pour dénigrer de la façon la plus sarcastique les séparatistes des Irish Volunteers, la presse proche des parlementaires autonomistes en vint à employer l’expression de « Volontaires du Sinn Féin », à partir de septembre 1914. C’était le moment de la rupture au sein des Volunteers. D’un côté, les partisans de Redmond (largement majoritaires) désiraient participer à l’effort de guerre britannique sous l’appellation d’Irish National Volunteer Force, en réponse à la promulgation le 15 septembre d’un Home Rule, néanmoins momentanément suspendu le temps des hostilités6. De l’autre côté se trouvait le courant séditieux, dominé par l’Irish Republican Brotherhood (IRB), qui conserva le nom d’origine7. Ceci d’autant que le nationalisme teinté d’anglophobie de Griffith et de ses compagnons les incita naturellement à abonder dans le sens des miliciens anti-impérialistes, tout en gardant une certaine distance avec des Irish Volunteers qu’ils voyaient moins comme une arme offensive contre les forces britanniques – résistance passive oblige – que comme un mouvement de formation à la discipline nationale et à la citoyenneté8. Quoi qu’il en fût, « Sinn Féin » et « Sinn Féiner » devinrent dès septembre 1914 des termes génériques utilisés pour désigner tout courant ou militant séparatiste, hostile à la stratégie politique de l’Irish Parliamentary Party (IPP). Rien d’étonnant du coup à ce que la fameuse rébellion de Pâques 1916 fût baptisée « l’insurrection du Sinn Féin », alors même que son leader, Griffith, n’y prit absolument aucune part et s’y opposa fermement lorsqu’il apprit ce qui se tramait à son insu. D’un autre côté, peu de gens en Irlande avaient eu connaissance, à l’époque, de la résurrection de l’IRB et de la révolution nationale, que la faction républicaine préparait dans le silence depuis le déclenchement du conflit mondial9. À l’issue d’une semaine de combats contre les troupes britanniques, du lundi 24 au samedi 29 avril 1916, limités pour l’essentiel à Dublin, Griffith compta néanmoins parmi les nombreuses personnes arrêtées et incarcérées par les autorités britanniques, non pour leur participation au soulèvement, mais pour y avoir été indirectement impliquées. Car l’« insurrection du Sinn Féin », pour le gouvernement de Londres, ne pouvait à l’évidence trouver sa source d’inspiration ailleurs que dans l’œuvre et la propagande du maître à penser de l’organisation nationaliste, ce qui n’était pas entièrement erroné. En effet, dans les rangs des rebelles de Pâques 1916 figuraient non seulement un certain nombre d’adeptes des théories de Griffith, pourtant fondées entre autres sur le principe de résistance passive, mais aussi des Sinn Féiners de renom tels que William T. Cosgrave (qui sera le premier chef de gouvernement de l’État libre d’Irlande, de 1922 à 1932) et Sean T. O’Kelly (également membre de l’IRB). Tout cela, bien entendu, ne devait pas laisser le peuple irlandais longtemps indifférent, d’autant que la répression fut sanglante contre les leaders révolutionnaires, dont quinze furent fusillés. Alors que les révoltés avaient d’abord été couverts d’opprobre pendant le conflit mondial, puisque, pour beaucoup de gens, de la victoire britannique dépendait l’autonomie irlandaise10, l’orgueil national sortit la population de sa torpeur pour graduellement la mettre à l’étude du nouvel évangile, selon l’expression de Griffith, ceci au détriment de la bonne parole prêchée jusque-là par les apôtres du vieil IPP11.

5 Dans un premier temps, néanmoins, le Sinn Féin ne sut pas tirer profit du brusque retournement de l’opinion publique en sa faveur, du fait sans doute de l’incarcération des figures les plus radicales du mouvement séparatiste. Libérés pour partie12 fin décembre 1916, ces militants allaient dès lors s’efforcer de cristalliser la « sinnféinisation des esprits » à des fins politiques13. La première étape de ce processus fut de soutenir la candidature, sous l’étiquette Sinn Féin, du comte Plunkett – père de Joseph Plunkett, l’un des chefs rebelles exécutés au lendemain de l’insurrection de Pâques 1916 – à l’élection partielle de février 1917 dans le comté de Roscommon, au centre de l’île. C’est ainsi que, tout au long de sa campagne, Plunkett put compter sur l’appui de l’organisation de Griffith et des Irish Volunteers, mais également sur celui de l’Irish Nation League, fondée à l’initiative d’autonomistes dissidents d’Ulster14. La victoire de Plunkett ne souffrit aucune contestation : il recueillit près de 56 % des voix contre 31 % et 13 % pour les deux autres candidats nationalistes15. L’unification du mouvement séparatiste se mettait en marche. Elle fut officiellement entérinée, fin octobre 1917, lors du Ard Fheis (congrès annuel) d’un Sinn Féin désormais connu comme le « nouveau » ou le « second » Sinn Féin, par opposition à l’« ancien » ou le « premier » Sinn Féin de Griffith. Le congrès porta à sa présidence Eamon De Valera – seul leader de Pâques 1916 à avoir échappé à la peine capitale en raison, semble-t-il, de son passeport américain – en lieu et place d’Arthur Griffith, relégué à la vice-présidence. De toute façon, Griffith était moins mû par l’ambition du pouvoir que par celle d’insuffler sa ligne idéologique au parti. Entre-temps, galvanisés par l’élection du comte Plunkett, les Sinn Féiners avaient fait, non sans succès, du prosélytisme à travers tout le pays. Les adhésions affluèrent à un point tel qu’en l’espace de neuf mois, l’organisation séparatiste atteignit un effectif impressionnant d’environ 250 000 membres, répartis en plus de 1 200 sections16. D’un groupuscule sur le déclin, le Sinn Féin était donc en passe de se transformer en un véritable mouvement de masse en cette fin d’année 1917.

6 Toutefois, pour en arriver là, il avait également fallu surmonter la discorde entre les différentes composantes et les personnages clés du « nouveau » Sinn Féin. À la libération des derniers insurgés de 1916, en juin 1917, une question devait ainsi déchaîner les passions : fallait-il faire du Sinn Féin une organisation républicaine ? Pour l’Irish Republican Brotherhood – passée sous le magistère de Michael Collins depuis sa sortie de prison – et des Irish Volunteers – tels que De Valera – ayant conjointement marqué la rébellion de Pâques du sceau de la République d’Irlande, il apparaissait difficile de répondre autrement que par l’affirmative. En revanche, bien que Griffith et la plupart de ses partisans n’aient pas exclu totalement l’idée d’établir une république, ils la trouvaient néanmoins irréaliste, voire nuisible, au regard de la conjoncture politique du moment. En effet, horrifiés par la perspective d’un tel projet, les parlementaires unionistes et conservateurs ne manqueraient pas, selon eux, d’exercer davantage de pressions pour faire avorter toute tentative de règlement de la question irlandaise. C’est pourquoi ils se prononcèrent plutôt en faveur d’une constitution monarchique, dans le sillage de pensée de l’« ancien » Sinn Féin17. Finalement, De Valera réussit à trouver une solution de compromis, qu’il explicita lors d’un discours prononcé fin septembre :

« Le Sinn Féin exige que l’Irlande fasse connaître précisément ses revendications à la Conférence de la paix. (…) Par conséquent, il (le Sinn Féin) doit désigner les délégués qui formuleront nos vraies aspirations de telle manière que les agents de la presse anglaise ne pourront les déformer. (…) Pour aboutir à cette fin, ils (les Sinn Féiners) devront s’afficher comme républicains irlandais, termes qui, plus qu’aucun autre, seront compris en Amérique, en Russie et en France. Une fois libéré, le peuple irlandais pourra opter pour une monarchie ou pour une république. »18

7 Des radicaux républicains aux modérés monarchistes, tous apportèrent leur caution à la proposition de De Valera. Officiellement colmatée lors du congrès d’octobre 1917, la brèche n’en demeura pas moins ouverte dans les esprits. Néanmoins, conscients des dégâts que pouvaient engendrer leurs dissensions internes, les séparatistes irlandais optèrent pour l’unité de façade, guidés en cela par leur insatiable soif de conquête d’une opinion publique qui conservait une certaine affection à l’égard du vieil Irish Parliamentary Party. Dans le même ordre d’idée, les Irish Volunteers s’étaient résolus, au cours de la première moitié de l’année 1917, à sceller une alliance avec le Sinn Féin, au lieu de fonder leur propre machine politique, en dépit du ressentiment qu’ils éprouvaient envers un Griffith qui s’était déclaré hostile à l’insurrection de Pâques19. Symbole de cette stratégie d’union entre le politique et le militaire, un jour après son avènement à la tête du Sinn Féin, De Valera fut élu président de la milice séparatiste20. En fait, de toutes les organisations irlandaises imprégnées de nationalisme – en dehors bien entendu de l’IPP –, seul le mouvement ouvrier officiel n’entra pas dans la composition du « nouveau » Sinn Féin21, bien que quelques syndicalistes, dont William O’Brien, lui aient prêté leur concours, à titre individuel, lors de ses trois premières campagnes électorales de 191722.

8 À propos des neuf élections partielles auxquelles participa le Sinn Féin de février 1917 à juin 1918, il convient de préciser que le succès ne vint pas toujours couronner les espérances des candidats séparatistes, loin de là. Ainsi en fut-il, notamment, dans deux circonscriptions de la province d’Ulster – Armagh-sud et Tyrone-est – où l’IPP démontra qu’il exerçait encore un certain ascendant sur l’électorat nationaliste du nord-est de l’Irlande23. Mais le vent du changement soufflait déjà sur le reste du pays d’une manière, semble-t-il, irréversible. Un phénomène que la crise dite de la « conscription » devait confirmer. En effet, afin de compenser les lourdes pertes causées par près de quatre années de guerre, le gouvernement de coalition du libéral David Lloyd Georgeintroduisit en avril 1918 le Military Service Bill, qui imposait à l’Irlande le service militaire obligatoire. Or, c’était compter sans l’opposition virulente d’une grande majorité d’Irlandais : à l’exclusion des milieux unionistes, tous, républicains, nationalistes modérés, parlementaires autonomistes, syndicalistes, etc. se rangèrent sous la bannière de l’« union sacrée » pour combattre une mesure née, selon eux, de l’arbitraire impérial. Même le clergé catholique dans son ensemble rejoignit les rangs des mécontents, après avoir pourtant soutenu jusque-là l’effort de guerre britannique24.

9 La fin du conflit mondial, le 11 novembre 1918, acheva de rendre totalement caduque l’application d’un Military Service Bill resté de toute façon lettre morte, en raison sans doute de la résistance farouche que lui avait opposée un grand nombre d’Irlandais, malgré la coercition gouvernementale25. L’Empire britannique ne devait pas sortir grandi de cette épreuve de force aux yeux de l’Irlande nationaliste et catholique. En conséquence, les élections législatives de décembre virent le Sinn Féin triompher sur l’île dans 73 circonscriptions sur 105, aux dépens de l’IPP qui ne remporta que six sièges, contre 83 lors du précédent scrutin de décembre 1910. Les unionistes, quant à eux, profitèrent aussi dans une moindre mesure de la débâcle des parlementaires autonomistes : ils passèrent de 19 à 26 élus26. Conformément à la stratégie d’abstention parlementaire27 prônée par le Sinn Féin originel, les députés séparatistes se réunirent en Dáil Éireann (Assemblée d’Irlande) et ratifièrent l’établissement de la République d’Irlande, le 21 janvier 1919. Le même jour, le bras armé du Sinn Féin, les Volunteers, formant désormais l’Irish Republican Army ou IRA, déclencha ce qu’il fut convenu d’appeler « la guerre d’indépendance ». La radicalisation de l’Irlande nationaliste et catholique atteignait ainsi son paroxysme, ce dont ne sut pas profiter le mouvement ouvrier du fait de la stratégie qu’il avait adoptée au lendemain du soulèvement de Pâques, auquel sa fraction armée, l’Irish Citizen Army, avait pourtant participé.

Économisme et réformisme : réorganisation du mouvement ouvrier

10 La rébellion de 1916 avait ainsi laissé le mouvement ouvrier en plein désarroi. Avec l’exécution du leader socialiste James Connolly, cofondateur de l’Irish Labour Party, les syndicats perdirent sans doute l’un de leurs tacticiens les plus compétents et leur unique théoricien. Michael Mallin, chef d’état-major de l’Irish Citizen Army, fut également fusillé. Richard O’Carroll, membre de l’exécutif de la seule confédération syndicale du pays, l’Irish Trade Union Congress ou ITUC, et Peadar Macken, vice-président du conseil des syndicats de Dublin, périrent sous l’uniforme des Volunteers lors des hostilités. En tant que quartier général de la Citizen Army, le Liberty Hall fut saccagé. En outre, persuadé de l’implication directe du prolétariat organisé dans le soulèvement, le gouvernement britannique fit arrêter tous les dirigeants syndicaux qui avaient exprimé de la sympathie envers la cause nationale, bien que la plupart d’entre eux n’aient pris aucune part à la révolte. En cette période de crise, la responsabilité du mouvement ouvrier revint aux membres de l’exécutif de l’ITUC, connus pour leur hostilité à l’encontre de l’idéal séparatiste. Ainsi, les deux dirigeants de Belfast, Thomas Johnson et David R. Campbell, occupèrent les fonctions, laissées vacantes, de président et de trésorier. En principe, ils devaient simplement assurer l’intérim en attendant la libération de leurs camarades de Dublin. Pourtant, au cours de la décennie à venir, les deux hommes allaient devenir des figures importantes au sein de la direction du mouvement ouvrier irlandais, en particulier Johnson28.

11 L’autre figure de proue du mouvement ouvrier irlandais, qui émergea à la suite de la rébellion de 1916, fut incontestablement William O’Brien. Bien qu’affilié à l’Irish Citizen Army, il ne put participer à l’insurrection en raison d’une tumeur au pied qui le handicapait fortement. Ce qui n’empêcha pourtant pas les autorités britanniques de l’arrêter du fait de ses velléités séparatistes29. Dès sa sortie de prison, fin juillet 1916, O’Brien s’attela, en compagnie entre autres de Johnson, à la tâche de réorganiser le mouvement syndical et le Parti travailliste. Pour ce faire, ils prirent bien soin de ne pas s’aliéner les travailleurs protestants du nord-est du pays, en se concentrant uniquement sur des questions économiques et sociales30. Dans cette orientation économiste, le Parti travailliste fut tout naturellement désigné pour promouvoir une politique de réformes sociales en vue des diverses échéances électorales à venir31. Or, en période d’expansion du nationalisme, pouvaient-ils se permettre de reléguer au second plan le versant politique de la question irlandaise et espérer ensuite occuper « la place qui [leur] revenait de droit dans la vie politique de ce pays32 » ? Que Thomas Johnson, de par ses origines britanniques et sa résidence à Belfast, ait mal apprécié l’importance que prenait la question nationale dans la vie politique irlandaise est quelque peu compréhensible. Il est plus difficile, en revanche, de comprendre que William O’Brien, ami fidèle de James Connolly, et Thomas Farren, vétéran de l’insurrection de Pâques, aient sous-estimé la force du sentiment national, qu’ils aient choisi, en somme, d’ignorer les principes posés par Connolly de 1914 à 1916. Sans doute, comme le suggère Arthur Mitchell, vouaient-ils une foi indéfectible à la thèse marxienne selon laquelle la classe ouvrière s’emparerait inéluctablement du pouvoir économique et politique. Une croyance qu’auraient probablement renforcée, toujours d’après Mitchell, les révolutions russes de février et d’octobre 191733. D’un autre côté, si les syndicats affiliés à l’ITUC s’étaient pleinement investis dans la lutte nationale, auraient-ils fait autant de prosélytes entre 1917 et 192134 ? Il est permis d’en douter. Néanmoins, le manque d’initiative sur le plan purement politique des successeurs de Connolly allait, à plus ou moins long terme, porter préjudice au mouvement ouvrier irlandais.

12 Cette tendance à l’économisme trouva son illustration, entre autres, dans la répudiation du bras armé du prolétariat organisé, à savoir l’Irish Citizen Army. En se dotant d’une organisation militaire, la direction de l’ITUC craignait en fait d’attirer l’attention des autorités britanniques et de compromettre ainsi l’essor du syndicalisme en Irlande. De sorte qu’une fois réorganisée, début 1917, la milice ouvrière dut voler de ses propres ailes pendant la révolution, au cours de laquelle elle ne fut jamais en mesure de peser sur les événements, principalement en raison de son faible armement. Les travailleurs désireux de s’impliquer activement dans la lutte nationale n’avaient donc guère d’autre alternative que de se tourner vers les Irish Volunteers, rebaptisés Irish Republican Army en janvier 191935. Par ailleurs, les instances syndicales cherchaient de toute évidence à préserver l’indépendance tant économique que politique du prolétariat. Ce qui peut expliquer qu’en janvier 1917, William O’Brien refusa de cautionner le projet d’Arthur Griffith, leader du Sinn Féin, visant à fédérer toutes les organisations opposées au Parti unioniste d’Ulster et à l’Irish Parliamentary Party. Pourtant, O’Brien, accompagné de certains de ses camarades, devait tout de même à titre personnel prêter la main au Sinn Féin lors des diverses élections partielles organisées en 1917. Ils contribuèrent ainsi aux victoires du comte Plunkett en février, dans le nord de Roscommon, de Joseph McGuinness – alors toujours incarcéré – en mai dans le sud de Longford, et d’Eamon De Valera en juillet dans l’est de Clare, tous trois élus face à des candidats de l’IPP36. En outre, O’Brien et ses compagnons assistèrent en avril à la convention du comte Plunkett, où diverses obédiences nationalistes étaient représentées, des déçus du parti de John Redmond, l’IPP, aux républicains les plus radicaux. Cette assemblée avait pour principal objectif de créer une coalition nationale en vue de faire valoir à la conférence internationale pour la paix – à l’issue de la Grande Guerre – les aspirations de l’Irlande à l’indépendance. Cependant, les délégués ne firent là que jeter les bases d’un nouveau mouvement national, dans la mesure où beaucoup de membres et de dirigeants des Volunteers – notamment De Valera – croupissaient encore à cette époque dans les geôles britanniques. En leur absence, la convention ne pouvait donc se permettre d’élaborer le moindre plan d’action définitif37. Aussi est-on en droit de penser qu’en ces circonstances, la direction du mouvement ouvrier n’aurait sans doute pas éprouvé trop de difficulté à assigner une dimension sociale à un mouvement indépendantiste en pleine gestation. En effet, le prolétariat organisé ne se trouvait-il pas, en ce premier tiers d’année 1917, en position de force par rapport aux différentes formations séparatistes ? À l’inverse de ces dernières, n’était-il pas parvenu, assez rapidement, à quelque peu redorer son blason au lendemain de la répression orchestrées par les Britanniques, ainsi que le rappelle l’historien Desmond Greaves38 ? Au lieu de cela, O’Brien, Farren et Thomas Boyle se contentèrent d’informer la convention de la non-participation des organisations ouvrières39. Le conseil des syndicats de Dublin, pour sa part, justifia sa décision en ces termes : « En tant que composante de l’ITUC et du Labour Party, qui milite pour la prise de contrôle du pays par les travailleurs, nous ne pouvons dépêcher des délégués qu’à des réunions du mouvement ouvrier40 ».

13 C’est donc sans les différentes composantes du prolétariat organisé qu’en octobre et novembre 1917, Griffith et ses partisans réussirent tant bien que mal à unifier le mouvement séparatiste autour du Sinn Féin, avec Eamon De Valera pour leader. Un mouvement séparatiste que l’ITUC et le Labour Party avait perçu, semble-t-il, comme un opposant potentiel et non comme un instrument pouvant être utilisé à ses propres fins41. Cette défiance, les dirigeants syndicaux devaient par la suite l’exprimer notamment à propos du contenu socio-économique des projets du « nouveau » Sinn Féin. Sur le chapitre salarial, par exemple, l’Irish Opinion, nouvel organe du mouvement syndical, en vint à déceler une communauté d’aspirations entre l’organisation séparatiste et William Martin Murphy, le leader des employeurs de Dublin : « Il s’agit d’une résolution que même William Martin Murphy ne renierait pas. Elle ne va pas assez loin. […] Les revendications du mouvement ouvrier dépassent désormais largement la demande de salaires équitables et raisonnables42 ». Plus loin, le journal ouvrier fustigea également la politique de la « main tendue » de De Valera :

« M. De Valera demande en fait au mouvement ouvrier d’attendre que le pays soit libéré, avant de réclamer “la part d’héritage qui lui revient”. Il existe des pays libres, et même des républiques, où le mouvement ouvrier réclame en vain “la part d’héritage qui lui revient”. Nous continuerons à travailler, tout en réclamant notre part d’héritage à la moindre occasion. »43

14 En fait, les responsables syndicaux craignaient à l’évidence que la cause nationale ne détournât les travailleurs de leurs préoccupations économiques et sociales, qu’elle ne les amenât en d’autres termes à soutenir massivement un mouvement – en l’occurrence le Sinn Féin – dominé par des individus dont les intérêts ne coïncidaient pas toujours avec les leurs44. Aussi s’investirent-ils, tout au long des années 1917 et 1918, dans l’élaboration d’une véritable alternative politique susceptible de rassembler l’ensemble du prolétariat irlandais autour du seul Parti travailliste. Symbole de cette politisation accrue du mouvement syndical : au congrès de l’ITUC d’août 1918, les délégués rebaptisèrent leur organisation Irish Labour Party and Trade Union Congress ou ILPTUC45. Au cours de ce congrès fut également prise la décision de présenter des candidats aux élections locales comme nationales. Dans cette perspective, les syndicalistes irlandais n’hésitèrent pas à empiéter sur le territoire idéologique de leur concurrent séparatiste. Ils publièrent ainsi, en septembre 1918, un manifeste électoral dans lequel ils plaidaient sans ambages en faveur d’une politique d’abstention parlementaire46.

15 Pourtant, contre toute attente, le 1er novembre, l’ILPTUC décida finalement de se retirer des législatives à venir en décembre, « dans l’espoir que la demande démocratique d’autodétermination, à laquelle le Parti travailliste et ses candidats adhèrent sans réserve, se traduise ainsi pleinement dans les urnes47 ». Que le Labour se désiste en faveur du Sinn Féin est d’autant plus surprenant que les deux formations étaient parvenues en septembre à un accord, selon lequel les séparatistes renonçaient à briguer quatre circonscriptions de Dublin convoitées par l’organisation ouvrière, à condition que tous les candidats travaillistes promettent solennellement d’œuvrer pour l’établissement d’une République d’Irlande et de ne jamais siéger au parlement de Londres48. D’un autre côté, la conversion effective du Parti travailliste à l’autodétermination nationale et à l’abstention parlementaire était sans doute advenue trop tardivement dans la mesure où, selon Arthur Mitchell, la plupart des travailleurs du sud avaient déjà attribué au Sinn Féin le rôle de vecteur de la conscience nationale depuis 191749. Probablement conscients qu’en ces circonstances le Parti travailliste ne pourrait sans doute pas acquérir les bonnes grâces de la majorité des ouvriers imprégnés de nationalisme, la direction de l’ITUC considéra qu’il valait peut-être mieux s’effacer et permettre ainsi « au peuple d’exprimer clairement son opinion sur la question de l’autodétermination50 ». Autre hypothèse : les sentiments patriotiques éprouvés par nombre de dirigeants du Labour – tels que William O’Brien et Thomas Farren – ne les empêchaient pas de demeurer avant tout des syndicalistes. D’après eux, le combat pour la conquête du pouvoir politique n’était en fait que l’écho de la bataille qui se menait quotidiennement pour le contrôle du pouvoir économique. En clair, l’appropriation des moyens de production avait la préséance, car elle amènerait inéluctablement le prolétariat vers le pouvoir politique51. C’est pourquoi, compte tenu d’une conjoncture défavorable politiquement, il se peut aussi qu’ils aient estimé préférable – voire plus profitable sur le long terme – de délaisser la conquête purement politique du pouvoir pour se consacrer pleinement à l’expansion du syndicalisme.

Conclusion : 1917 et ses conséquences

16 Quoi qu’il en soit, en dédaignant la lutte de libération nationale au profit de l’action strictement économique, le mouvement ouvrier compromit sérieusement ses chances, dans la période suivante, de conquérir le pouvoir tant politique qu’économique, au sens où pareille stratégie devait, d’une certaine manière, entretenir la suprématie du Sinn Féin, forgée dès 1917 et fortifiée par les législatives de 1918. Du coup, à défaut d’une véritable opposition à l’échelle nationale – l’Ulster unioniste excepté –, l’organisation séparatiste n’éprouva guère de difficulté à mettre en œuvre une politique qui fût en phase avec sa conception interclassiste de la libération nationale, notamment sous la forme de tribunaux ruraux qui avaient pour tâche de juguler les troubles agraires, en regain constant depuis 1917. Pour sa part, plutôt que d’exploiter ce mécontentement rural dans la perspective d’une révolution à la fois politique et sociale, l’ILPTUC se contenta d’organiser la paysannerie pauvre et d’exhorter le gouvernement « rebelle » à prendre des mesures sociales d’urgence.

17 Au lendemain de la révolution, l’ILPTUC se retrouva ainsi dans l’incapacité de rallier massivement les travailleurs – avec ou sans affiliation syndicale – autour de sa propre machine politique, d’autant plus que sa non-participation aux législatives de 1918 et 1921 avait permis aux séparatistes d’asseoir leur implantation électorale dans les milieux ouvriers, laquelle devait se confirmer et perdurer au sein de l’Irlande du sud à travers les deux partis nés ensuite de la scission du Sinn Féin sur la question du traité anglo-irlandais, le Cumann na nGaedheal/Fine Gael (Société des Gaëls/Famille des Gaëls) et le Fiánna Fail (Guerriers de la destinée)52, deux organisations idéologiquement situées au centre-droit ou à droite de l’échiquier politique qui, désormais, allaient former l’assise du système bipartisan sud-irlandais jusqu’au début du XXIe siècle.

18 C’est donc bel et bien au cours de l’année 1917 que s’établirent les fondements stratégique et idéologique de la révolution irlandaise jusqu’à son dénouement final. Les forces qui l’avaient conjointement initiée lors de la rébellion matée de Pâques 1916 se scindèrent au moment de reprendre le chemin de la lutte : d’un côté, les séparatistes s’imposèrent massivement au sein d’une Irlande nationaliste qu’ils voulaient unitaire et interclassiste, reléguant au second plan des questions socio-économiques facteurs de divisions internes, pour se livrer à l’action strictement politique et militaire destinée à affranchir le pays de l’Empire britannique ; de l’autre, les syndicalistes, plus soucieux de reconstruction et d’expansion organisationnelles que de libération nationale, s’exclurent eux-mêmes des rouages qui leur auraient pourtant permis d’infléchir la révolution – et par voie de conséquence l’idéologie de l’État sud-irlandais – dans un sens plus progressiste.

Notes

1 L’Irish Republican Brotherhood est une société secrète, de type maçonnique, fondée en 1858 par des vétérans de la rébellion vaincue de 1848. Elle se fixait pour objectif d’établir en Irlande une république indépendante, par voie insurrectionnelle, via la stratégie dite de la « force physique ». Elle échoua une première fois en 1867. Malgré le déclin qui s’ensuivit – au profit du mouvement pour le Home Rule (visant l’autonomie de l’Irlande au sein de l’ensemble britannique), plus modéré et légaliste –, l’organisation demeura active et devait même connaître un certain regain au début des années 1910.

2 Les Irish Volunteers est une milice nationaliste créée en 1913, en réplique à la fondation par les unionistes d’une Ulster Volunteer Force, destinée à faire obstacle à l’application du Home Rule, l’autonomie pour l’Irlande adoptée au parlement de Londres en 1912, les armes à la main si nécessaire.

3 Créée lors de la grève générale de Dublin en 1913 afin d’assurer la protection des travailleurs contre les violences policières, l’Irish Citizen Army allait par la suite se transformer progressivement en une force offensive et subversive, sous l’impulsion du militant socialiste James Connolly.

4 Arthur Griffith, The Resurrection of Hungary, Dublin, Whelan and Son, 1918 (orig. 1904), p. 80, 89 et 139-164.

5 Michael Laffan, The Resurrection of Ireland : The Sinn Féin Party, 1916-1923, Cambridge, Cambridge University Press, 1999, p. 25-30.

6 Adopté dans un premier temps en octobre 1912, le Home Rule ne pouvait être appliqué avant octobre 1914 en raison du droit de veto suspensif de deux ans dont jouissait la Chambre des Lords.

7 Michael Laffan, op. cit., p. 30 et 33 ; Patrick Sarsfield O’Hegarty, The Victory of Sinn Fein, Dublin, The Talbot Press, 1924, p. 7.

8 Sinn Féin, 6 décembre 1913, p. 4.

9 Michael Laffan, op. cit., p. 68-70 ; Fearghal McGarry, The Rising Ireland : Easter 1916, Oxford, Oxford University Press, 2016, p. 91 et 265.

10 Précisons ici que sur 210 000 à 300 000 Irlandais (selon les sources) qui s’engagèrent dans les armées britanniques tout au long de la Grande Guerre, les cinq sixièmes étaient de confession catholique, donc plutôt favorables à l’autonomie du pays. 35 000 à 49 000 (estimations différentes selon les sources) tombèrent au champ d’honneur. Voir Diarmaid Ferriter, The Transformation of Ireland, 1900-2000, Londres, Profiles Books, 2004, p. 132.

11 Patrick Sarsfield O’Hegarty, op. cit., p. 155-156 ; Owen McGee, Arthur Griffith, Sallins, Merrion Press, 2015, p. 161-164.

12 En fait, la libération des 3 509 personnes – dont la majorité ne comptait même pas au nombre des insurgés – arrêtées au lendemain de la rébellion de Pâques s’effectua en trois vagues : la première concerna les détenus les moins radicaux, incarcérés pendant seulement deux ou trois mois ; la deuxième vit les rebelles de « second ordre » sortir au bout de six mois de prison, c’est-à-dire en décembre 1916 ; la dernière vague fit suite à une amnistie gouvernementale accordée en juin 1917 aux vétérans de Pâques considérés comme les plus impénitents.

13 Michael Laffan, op. cit., p. 65-68 et 75-76.

14 L’Irish Nation League fut fondée à l’initiative d’autonomistes dissidents d’Ulster – en réaction à la sanction apportée par le leader nationaliste irlandais John Redmond au projet de partition – et de personnalités diverses telles que le syndicaliste William O’Brien (ancien compagnon de feu James Connolly) ou Seumas O’Doherty de l’IRB.

15 Michael Laffan, op. cit., p. 77-84.

16 Ce qui correspondait tout de même, d’après le recensement de 1911, à environ 5,7 % d’une population irlandaise comprenant 4 390 219 habitants. Voir Michael Laffan, « The Unification of Sinn Féin in 1917 », Irish Historical Studies, vol. XXVII, 1970-71, p. 368 ; William Edouard Vaughan et Andre Jude Fitzpatrick (dir.), Irish Historical Statistics : Population, 1821-1971, Dublin, Royal Irish Academy, 1978, p. 3.

17 Michael Laffan, The Resurrection of Ireland, op. cit., p. 116-118.

18 The Irish Independent, 24 septembre 1917, p. 2. Précisons ici que toutes les citations issues de publications en langue anglaise sont traduites en français par l’auteur du présent article.

19 Michael Laffan, « The Unification of Sinn Féin in 1917 », op. cit., p. 364, 371 et 374.

20 Michael Laffan, The Resurrection of Ireland, op. cit., p. 268.

21 En effet, outre le Sinn Féin original de Griffith, l’Irish Nation League, la Liberty League du comte Plunkett, l’IRB de Michael Collins et les Irish Volunteers, la coalition séparatiste comprenait en son sein le Cumann na mBan (Conseil des femmes irlandaises), ainsi que bon nombre d’anciens militants et partisans de l’IPP.

22 Thomas J. Morrissey SJ, William O’Brien, 1881-1968, Dublin, Four Courts Press, 2007, p.115-117, 118-123 et 126-127.

23 Michael Laffan, The Resurrection of Ireland, op. cit., p. 122-128.

24 Charles Townshend, The Republic : The Fight for Irish Independence, 1918-1923, Londres, Penguin, 2014, p. 11-15.

25 Michael Laffan, The Resurrection of Ireland, op. cit., p. 142-146 et 270.

26 Ibid., p. 166.

27 C’est-à-dire fondée sur le refus des députés irlandais de siéger à la Chambre des communes de Londres.

28 Arthur Mitchell, Labour in Irish Politics, 1890-1930, Dublin, Irish University Press, 1974, p. 70 et 73 ; Emmet O’Connor, A Labour History of Ireland, 1824-1960, Dublin, Gill and Macmillan, 1992, p. 93.

29 Thomas J. Morrissey SJ, op. cit., p. 98-109.

30 The Voice of Labour, numéro du 20 avril 1918, p. 7.

31 Ibidem.

32 Irish Trade Union Congress and Labour Party, Report of the Twenty-Second Annual Meeting, August 1916, Published by Authority of the National Executive, p. 32, (consulté le 14 février 2017).

33 Arthur Mitchell, op. cit., p. 81.

34 De 1917 à 1921, le nombre d’adhérents aux syndicats et autres organisations affiliés à l’ITUC passa de 100 000 (soit près de 16,5 % de l’ensemble des travailleurs industriels du pays) à 300 000 (soit près de 49 % de l’ensemble des travailleurs industriels du pays), voir Irish Trade Union Congress and Labour Party, Report of the Twenty-Third Annual Meeting, August 1917, Published by Authority of the National Executive, p. 70, (consulté le 15 février 2017) ; Irish Labour Party and Trade Union Congress, Report of the Twenty-Seventh Annual Meeting, August 1921, Published by the National Executive, p. 75. (consulté le 15 février 2017). Voir aussi : Census of Ireland, 1911, General Report, Occupations of the people, 1912-13, cd. 6663, CXIII-1, p. xxix-xxx.

35 Ann Matthews, The Irish Citizen Army, Cork, Mercier Press, 2014, p. 158, 164 et 173-187.

36 Thomas J. Morrissey SJ, op. cit., p. 115-117 et 126-127.

37 Ibid., p. 119-121 ; Arthur Mitchell, op. cit., p. 82-83.

38 Desmond Greaves, Liam Mellows and the Irish Revolution, Londres, Lawrence and Wishart, 1966, p. 103.

39 Thomas J. Morrissey SJ, op. cit., p. 119.

40 Dublin Saturday Post, 21 avril 1917, p. 3.

41 Brian Farrell, « Labour and the Irish Political Party System : A Suggested Approach », Economic and Social Review, vol. 1, 1970, p. 488.

42 Irish Opinion, 1er décembre 1917, p. 4.

43 Ibidem.

44 Ibidem, 16 février 1918, p. 1.

45 Brian Farrell, op. cit., p. 491.

46 The Voice of Labour, 12 octobre 1918, p. 2.

47 Ibidem, 9 novembre 1918, p. 1.

48 Brian Farrell, op. cit., p. 497 ; Emmet O’Connor, op. cit., p. 103.

49 Arthur Mitchell, op. cit., p. 101.

50 The Irish Times, 2 novembre 1918, p. 4.

51 Arthur Mitchell, op. cit., p. 81.

52 La fraction du Sinn Féin favorable au traité anglo-irlandais de 1921 occupa le pouvoir de 1922 à 1932, sous l’appellation de Cumann na nGaedheal à partir de 1923. En 1933, l’organisation prit le nom de Fine Gael, nom conservé depuis. Quant au Fiánna Fail, il dut son existence à une seconde scission au sein du Sinn Féin, survenue en 1926 sur la question de la participation ou non aux institutions de l’État libre d’Irlande, fruits de l’impérialisme britannique selon les républicains les plus orthodoxes. Haut de page Pour citer cet article Référence papier

Olivier Coquelin, « 1917 : une année charnière dans la révolution irlandaise », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 137 | 2018, 91-105.

Référence électronique

Olivier Coquelin, « 1917 : une année charnière dans la révolution irlandaise », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 137 | 2018, mis en ligne le 01 mars 2018, consulté le 14 mai 2018. URL : http://journals.openedition.org/chr...

Auteur Olivier Coquelin

Docteur en Anglais (Études irlandaises), Université de Caen-Normandie


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