Les maquiladoras à l’allemande (Le Media)

vendredi 6 février 2009.
 

Qualifiée « d’homme malade de l’Europe » il y a 20 ans, l’Allemagne est depuis devenue une nation hégémonique et un leader économique auto-proclamé.

On attribue volontiers ce « succès » au lois Hartz. Les fameuses lois de précarisation du travail adoptées sous Gerhard Schröder. Il y a de cela, en effet, mais pas que. Ce que l’on pourrait appeler les « délocalisations de proximité » y sont également pour beaucoup et elle n’est d’ailleurs pas sans incidence sur les « compromis » qui furent arrachés aux syndicats allemands à l’époque desdites lois Hartz. La concurrence avec les travailleurs des pays voisins et les menaces de délocalisation (qui avaient lieu malgré tout) furent en effet bien utiles au patronat pour négocier les baisses de salaires et la précarisation du travail. Ces échanges économiques asymétriques peuvent être comparés aux fameuses maquiladoras, ces usines américaines implantées au Mexique profitant d’une main d’œuvre « local » à bas coût.

Ces relations industrielles et économiques ont une histoire assez longue puisqu’elles se pratiquaient déjà sous Otto von Bismarck. Alors que la Guerre Froide touchait à sa fin, l’Acte Unique, ratifié en 1986 et qui permit l’exportation temporaire d’un bien intermédiaire dans un pays non-membre, ont conduit les grandes entreprises allemandes à investir dans les anciennes entreprises d’Etat pour les transformer en usine de sous-traitance. Ainsi il fut possible de faire polir des sièges automobiles par des ouvriers tchécoslovaques ou polonais. On appelle cela du « trafic de perfectionnement passif ».

Ce trafic, constituant de véritables chaînes de production, toutes entières aux mains des entreprises allemandes, s’est progressivement transformé en Investissements Directs à l’Etranger (IDE) à mesure que les accords de libre-échange proliféraient durant la fin des années 1990. Il faut savoir qu’en Pologne et en Hongrie, les salaires représentent le quart des salaires pratiqués à Berlin. L’Europe centrale et orientale est devenue, selon les mots du Monde Diplomatiques, une véritable plateforme de production peu onéreuse et en même temps hautement qualifiées.

De plus en plus désireux d’investir et d’obtenir leur indépendance industrielle, les pays d’Europe de l’Est pourraient ne plus accepter très longtemps d’être les éternels sous-traitants du patronat allemand.


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