CNT, les clés de l’énigme espagnole (la CNT sous le franquisme)

mercredi 25 février 2009.
 

Pendant la période républicaine (1931-1936) et la guerre civile (1936-1939), l’anarcho-syndicalisme a joué un rôle tout à fait central en Espagne. Sa principale organisation, la Confederación Nacional del Trabajo (Confédération nationale du travail, CNT), comptait ainsi cinq cent trente-cinq mille adhérents en juin 1931 et deux millions pendant la guerre. Une situation qui contraste singulièrement avec celle que l’on observe aujourd’hui, puisque le mouvement anarcho-syndicaliste a pratiquement disparu de la société espagnole. Ou, du moins, y occupe une place très marginale en regard du passé. Une série de facteurs expliquent ce déclin : la répression franquiste, les affrontements internes, l’absence d’une relève générationnelle et la faiblesse de l’aide internationale.

Le régime de Francisco Franco a durement frappé les syndicats et particulièrement la CNT — l’organisation clandestine dont les organes de direction ont été le plus souvent démantelés par la police. Au cours des dix premières années de dictature, onze comités nationaux et plus de soixante structures régionales sont ainsi tombés ; plusieurs de ses dirigeants ont été exécutés, comme à Valence en 1941.

Bien que le caractère autoritaire et policier du franquisme ait constitué un danger pour n’importe quelle organisation clandestine, la CNT a facilité son travail en préservant la même structure fédérale — syndicat, comité régional et national — que du temps de la légalité. Convaincus de la chute imminente de Franco, ses dirigeants ont en effet misé sur la force du nombre — il y avait en 1946 entre cinquante mille et soixante mille adhérents en Espagne — au détriment de la sécurité fondée sur un militantisme restreint, organisé en groupes étanches, mieux adaptés à la clandestinité. En conséquence, la chute de n’importe quel comité pouvait entraîner le démantèlement en chaîne de l’organisation et la prison pour des dizaines de militants. Le résultat a été l’épuisement des forces et la quasi-disparition de la CNT en tant qu’organisation de masse dès le début (...)

Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique actuellement en kiosques.

Angel Herrerín López.

Professeur à l’Université nationale d’éducation à distance (UNED) de Madrid et auteur de La CNT durante el franquismo. Clandestinidad y exilio (1939-1975), Siglo XXI, Madrid, 2004.


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