Manifestations lycéennes…Après Athènes, Paris ?... (par François Pallares, militant de sud éducation)

mardi 23 décembre 2008.
 

Nous n’avons évidemment pas les données que possèdent les RG et les services d’information des Etats. Mais nous pouvons lire « en creux », ce qui vient de se passer ce week-end. Samedi et dimanche, Sarkozy rencontre ses homologues européens : Durão Barroso, Merkel, Rodríguez Zapatero, Brown, Karamanlis, Berlusconi etc… Dimanche 14, dans le JDD, Darkos annonce qu’il ne pliera pas. Lundi 15, à 9 h, le dirigeant du syndicat des chefs d’établissements s’inquiète à la radio du danger des blocages et des occupations. Il ajoute toutefois, qu’il n’appellera pas la police. Vers 11 h, la radio annonce le recul de Sarkozy et Darcos. Réaction du même syndicat des chefs d’établissements : un recul dans ces conditions est inquiétant. « …la peur du dérapage… » dixit Raymond Soubie conseiller social de l’Elysée ( Libération, 12 / 12 / 2008)

Apparemment au niveau européen c’est la panique. Contrairement à l’impression que veulent donner les médias, la bourgeoisie française est une des plus faibles d’Europe. Et l’agitation compulsive de l’ancien maire de Neuilly ne trompe guère ses homologues. Tout pourrait basculer très vite. Le Capital financier a donné l’ordre à Sarkozy de reculer très vite avant que les évènements ne se précipitent. En catastrophe, par téléphone, on enjoignait à Darcos, en tournée en Israël, de faire machine arrière, toutes !

Quelques extraits du Figaro [16 / 12 / 2008 ] : « … les nuages arrivent à grande vitesse sur l’Europe économique […] A ce titre, ce qui vient de se passer à Athènes – et qui n’est pas terminé- ne peut laisser personne indifférent […] Certains de nos nouveaux clercs qui naviguent entre le Café de Flore et celui des Deux Magots, assènent devant n’importe quel micro qu’il s’agit de la révolte naturelle de jeunes Grecs […] Bref, ce serait des anti-CPE revus par Costa-Gavras […] Le problème grec est, hélas, beaucoup plus grave […] Depuis que la Grèce a lâché le drachme pour l’euro […] elle (la génération qui avait connu « le régime des colonels »)ne connaît comme seule ambition politique (que) la volonté de répondre aux critères de Maastricht […] Avec à la clé un système éducatif en désarroi, une vie politique sans grand intérêt et des salaires de 600 euros à la sortie de l’université […] Autant dire que la Grèce va devoir payer un prix délirant pour le financement de sa dette publique. Et tout cela, pour quoi ? Pour faire partie d’ »une zone euro dont toutes les contraintes viennent de voler en éclats, sans fleurs ni couronnes » Yves de Kerdrel.

« … Nicolas Sarkozy a progressivement pris conscience des risques de dérapages des mouvements sociaux. Le « syndrome grec » ne lui a pas échappé […] Mais ce sont ses conversations avec plusieurs chefs d’Etat au Conseil européen de Bruxelles qui ont lancé l’alerte rouge. Le président en est revenu « inquiet », avec le sentiment que les conditions pouvaient être réunies, la crise aidant, d’un « Mai 68 européen », selon l’expression du président [...] Darcos avait annoncé qu’il ne serait pas le « ministre de l’Hésitation ». Il est devenu, railleront ses adversaires, le « ministre de la Temporisation »… » (Charles Jaigu) Yves Thréard (directeur adjoint de la rédaction du Figaro) se désole : « …Malheureusement, le rendez-vous est, chaque fois, manqué, gâché. C’est à désespérer […] Ou il (Darcos) engage d’utiles réformes, et ses jours au gouvernement sont comptés face aux débordements de la rue ; ou bien il observe le niveau se dégrader et, avec un geste de démagogie, il est quasiment sûr d’avoir la paix. Claude Allègre avait adopté la première attitude, il l’a payé. […] Le projet était […] surprenant d’audace. Sur trois ans […] l’élève se concocte un programme […] Il (Darcos) l’a toujours nié, mais ce bouleversement aurait, peu à peu, conduit à la suppression du baccalauréat. Pourquoi pas ? L’utilité de cet examen reste, de nos jours, à démontrer… »

Et Luc Ferry d’enfoncer le clou, avec cruauté et cynisme : « Cette réforme du lycée, il fallait la faire […] Il s’agissait […] de supprimer des heures de cours. Une heure en moins c’est 4 000 postes économisés. Avec les deux heures et demie en moins que prévoyait le texte ces derniers jours, on aurait économisé 10 000 postes d’enseignants. Et dans le schéma initial, on réglait tous les problèmes de suppressions de postes ! […] Malheureusement quand on reporte une réforme, ça signifie en langage politique qu’elle est enterrée […]

L’autre problème

Darcos avait déjà souligné en début de crise la difficulté avec la jeunesse : ils ne sont pas encadrés par des syndicats « responsables », il est donc impossible de « négocier » puisqu’il n’y a pas « d’interloculeurs » Cela a le mérite d’être clair : c’est plus facile de « rouler » les salariés avec des apparatchiks syndicaux toujours prêts à « négocier » ( voire à anticiper les desiderata du gouvernement) Darcos, au lendemain des manifestations de lycéens (150 000 et pour une fois les flics reconnaissent 130 000, c’est un signe…), les lycéens exigent une seule chose : le retrait de la contre-réforme et la restitution des postes supprimés ! Darcos recule à toute vitesse. Il annonce d’abord qu’il propose « une sorte d’Etats Généraux des lycées à partir des établissements » Une exigence pour nous : « une sorte de nouveau serment du Jeu de Paume ! »

Ensuite quelques heures après, ( « …la mobilisation des lycéens , malgré la pluie, malgré le report annoncé ne faiblit pas… » d’après les commentateurs télévisuels ) il fait même « un geste » (sic) et annonce qu’il « allait ouvrir la totalité du dossier » , au soir du jeudi 18 décembre 2008.

En soirée, Claude Gouasguen (UMP) répondant « à chaud » sur l’actualité, commente la situation financière aux USA. Ce qui vient d’arriver au NASDAC ( scandale Madoff ), est bien pire que la première vague de la crise ( subprimes et crach boursier) : « Ce qui survient est bien plus inquiétant… Si la confiance morale est touchée, c’est très grave » et d’évoquer l’affaire Stavitsky en 1934, mais « au niveau mondial. » Et de conclure à propos de la crise politique en France : « …La France est un pays dangereux… la France, dans son histoire, a coupé la tête du roi… et de la reine … ce qui ne s’est jamais produit en Angleterre… » (Emission BFMTV, interview de Karl Zéro, 18 / 12 / 2008, 23 heures)


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