Les ravages israéliens sur l’environnement en Palestine et au Liban - une guerre écologique

dimanche 20 août 2006.
 

Le pire désastre environnemental dans l’histoire du Liban est pratiquement passé sous silence, au milieu de tous les morts et les destructions ; pourtant il donne la mesure des atrocités commises par Israël. « La totalité de l’écosystème marin le long de la côte libanaise est déjà mort », se lamente le ministre de l’environnement, Yacub Sarraf. « C’est toute la vie marine de l’est de la Méditerranée qui est en jeu. »

Plus de 15.000 tonnes de gas-oil se sont échappées de la centrale de Jiyye lors des raids israéliens du 13 juillet.

Pour entraver toute tentative d’étancher le flot de pétrole, Israël a à nouveau bombardé la centrale deux jours après, empêchant ainsi le personnel de sécurité d’accéder au site. Une indication de l’échelle du désastre a été montrée par les photos satellite : une nappe de 3.000 km² le long des 2/3 de la côte.

Le pétrole a maintenant commencé à atteindre la Syrie.

Rien de ceci n’est une surprise pour les Palestiniens, qui subissent les conséquences environnementales de la politique de la terre brûlée israélienne depuis des décennies. L’approvisionnement en eau de près d’un million d’habitants de Gaza a été supprimé par un bombardement le mois dernier.

Les eaux usées non retraitées s’étalent en flaques sur la plage, à cause du bombardement israélien de l’usine de traitement des eaux de la ville de Gaza, en 2002.

Les décharges publiques débordent et brûlent, et deux usines pilotes de compost - construites avec des aides extérieures pour retraiter les déchets - sont inutilisables, elles aussi détruites par les bombes israéliennes.

Il n’est pas douteux qu’Israël niera tout, ou prétendra que c’était « accidentel » (et je serai accusé d’antisémitisme pour avoir oser écrire ceci). Mais Israël ne peut pas contester les 50.000 tonnes de déchets dangereux que le Programme Environnemental des Nations Unies a découvert en 2003, enfouis sous la plage de Gaza. Ni ne peut l’être l’impact des colonies en Cisjordanie : les eaux usées non traitées dégoulinent des forteresses bâties en haut des collines et protégées par l’armée, contaminant ce qui reste de la terre agricole palestinienne des vallées.

Les usines d’aluminium et d’électronique évitent les contrôles israéliens sur la pollution domestique en s’installant dans les territoires occupés, où les déchets toxiques sont tout simplement déchargés sur la terre palestinienne. Dans les zones où le mur de ségrégation est terminé, des communautés entières sont coupées de leurs terres et de l’approvisionnement en eau. La construction de la barrière, appelée par ses victimes palestiniennes « Mur de l’Apartheid », se poursuit rapidement, en dépit d’une résolution de la Cour Internationale de Justice de La Haye la déclarant illégale et immorale. Au moment où j’écris, les soldats israéliens empêchent les Palestiniens de se rendre sur leurs propres terres près de Jénine, de manière à ce que les soldats puissent commencer le déracinement de centaines d’oliviers pour permettre la construction du mur.

En mars, l’année dernière, selon Ethan Ganor, activiste israélien pour la paix, les bergers des villages palestiniens autour d’Hébron ont découvert que leur bétail avait été tué par des boulettes empoisonnées disséminées dans les champs par les colons juifs. Cette action pourrait être imputée à quelques fanatiques, mais elle coïncide avec d’autres rapports sur des colons ciblant les ressources palestiniennes. En 2003, le journaliste du Guardian, Chris McGreal, a raconté comment les colons ont abattu les oliviers palestiniens lors d’une attaque nocturne. Plus de 250 arbres, dont certains dataient de l’époque romaine, ont été abîmés ou détruits.

La violence contre la terre et ses habitants fait partie de la même matrice de l’agression. Peut-être encore plus révélatrice est la destruction par Israël du projet de centrale solaire à Gaza, le 28 juin. Cette technologie environnementale douce, qui aurait pu permettre un avenir meilleur aux Palestiniens, ne fait pas partie des plans des décideurs de Tel Aviv. Pour ce qui les concerne, les Palestiniens n’ont pas d’avenir - sauf comme sous-classe dépossédée, privée de terre et d’identité, isolée en bantoustans dans le style Afrique du Sud par un mur de 4 mètres de hauteur. Cet avenir-là, aucun peuple ne peut ni ne doit l’accepter, ni en Afrique du Sud, ni en Palestine.

Mark Lynas


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