L’école était au bord du monde,
L’école était au bord du temps.
Au dedans, c’était plein de rondes ;
Au dehors, plein de pigeons blancs.
*
On y racontait des histoires
Si merveilleuses qu’aujourd’hui,
Dès que je commence à y croire,
Je ne sais plus bien où j’en suis.
*
Des fleurs y grimpaient aux fenêtres
Comme on n’en trouve nulle part,
Et, dans la cour gonflée de hêtres,
Il pleuvait de l’or en miroirs.
*
Sur les tableaux d’un noir profond,
Voguaient de grandes majuscules
Où, de l’aube au soir, nous glissions
Vers de nouvelles péninsules.
*
L’école était au bord du monde,
L’école était au bord du temps.
Ah ! que ne suis-je encor dedans
Pour voir, au dehors, les colombes !
Maurice CARÊME (1899 - 1978)
Mon école est pleine d’images,
Pleine de fleurs et d’animaux,
Mon école est pleine de mots
Que l’on voit s’échapper des pages,
Pleine d’avions, de paysages,
De trains qui glissent tout là-bas
Où nous attendent les visages
Des amis qu’on ne connaît pas.
*
Mon école est pleine de lettres,
Pleine de chiffres qui s’en vont
Grimper du plancher au plafond
Puis s’envolent par les fenêtres,
Pleine de jacinthes, d’œillets,
Pleine de haricots qu’on sème ;
Ils fleurissent chaque semaine
Dans un pot et dans nos cahiers.
*
Ma classe est pleine de problèmes
Gentils ou coquins quelquefois,
De chansons, de poèmes,
Dont on aime la jolie voix
Pleine de contes et de rêves,
Blancs ou rouges, jaunes ou verts,
De bateaux voguant sur la mer
Quand une brise les soulève.
Pierre GAMARRA (1919 – 2009)
Si mon stylo était magique,
Avec des mots en herbe,
J’écrirais des poèmes superbes,
Avec des mots en cage,
J’écrirais des poèmes sauvages.
*
Si mon stylo était artiste,
Avec les mots les plus bêtes,
J’écrirais des poèmes en fête,
Avec des mots de tous les jours,
J’écrirais des poèmes d’amour.
*
Mais mon stylo est un farceur
Qui n’en fait qu’à sa tête,
Et mes poèmes, sur mon cœur,
Font des pirouettes.
"Quant à moi !" dit la Virgule,
j’articule et je module ;
Minuscule, mais je régule
Les mots qui s’emportaient !
*
J’ai la forme d’une Péninsule ;
A mon signe la phrase bascule.
Avec grâce je granule
Le moindre petit opuscule.
*
Quant au Point !
Cette tête de mule
Qui se prétend mon cousin !
*
Voyez comme il se coagule,
On dirait une pustule,
Au mieux : un grain de sarrasin.
Date | Nom | Message |