Robert Rubin : L’étrange conseiller économique de Barack Obama (ATTAC)

samedi 29 novembre 2008.
 

Robert Rubin est l’un des principaux conseillers économiques de l’équipe de transition de Barack Obama. Son pédigrée est spectaculaire. Comme Secrétaire au Trésor de Clinton, il a fait sauter les règlementations qui entravaient la prolifération financière. Puis comme dirigeant de Citigroup, il a mené la principale banque états-unienne au bord de la faillite. Des esprits optimistes estiment qu’Obama lui demande des conseils pour savoir ce qu’il ne faut surtout pas faire. On peut toujours rêver...

Le New York Times du 23 novembre consacre à Rubin un article assez édifiant (http://www.nytimes.com/2008/11/23/b....) : « Rubin n’a cessé de faire des allers-retours entre Wall Street et Washington. Après être devenu millionnaire comme trader et dirigeant de Glodman Sachs, il a rejoint l’administration Clinton » (comme Secrétaire au Trésor, autrement dit Ministre des Finances, de 1995 à 1999).

Dans ces fonctions, il a été particulièrement agressif dans la déréglementation financière. C’est lui qui a supprimé le célèbre « Glass-Steagall Act » que Roosevelt avait fait voter en 1933, pour éviter la répétition de la Grande Dépression, et qui limitait les possibilités d’action des banques (séparation des banques d’affaires, des banques d’investissement et des compagnies d’assurance). Il travaille main dans la main avec la majorité républicaine au Congrès, et est considéré comme un héros par la communauté financière et les médias.

Dans son livre « La grande désillusion », Joseph Stiglitz n’a pas de mots assez durs pour stigmatiser la politique de Rubin. Il les décrit comme un irresponsable qui a poussé le FMI à imposer aux pays émergents la libéralisation totale des mouvements de capitaux, provoquant ainsi la crise asiatique de 1997, qu’il a ensuite volontairement aggravé en exigeant des gouvernements asiatiques qu’ils réduisent les dépenses publiques et bradent leurs banques aux banques états-uniennes.

Dès son départ du gouvernement, en remerciement des services rendus, Rubin est recruté comme président du Conseil Exécutif de Citigroup, la plus importante banque nord-américaine. Fin 2002, lorsque Chuck ¨Prince, le nouveau et inexpérimenté PDG de Citigroup, prend ses fonctions, il s’appuie sur Rubin, qui lui conseille de mettre le paquet sur la spéculation financière. « Rubin a toujours été partisan d’une politique plus agressive sur les marchés financiers. Il disait, ’ il faut prendre plus de risques si on veut gagner plus’ », déclare un ancien haut cadre de la banque au New York Times. Et Citigroup se lance alors dans la commercialisation à outrance des fameux « CDOs », ces titres désormais connus comme « toxiques » mais qui semblaient alors à la fois hyper-rentables et sans risques. Non seulement la banque les propose à ses clients mais surtout elle investit elle-même massivement dans ces titres, dans l’espoir de doper ses profits. Le tout sans les faire figurer dans son bilan, bien entendu, pour ne pas avoir à rendre de compte aux régulateurs.

En tant qu’un des principaux artisans de l’actuelle catastrophe, Rubin serait plus à sa place devant un tribunal qu’au sein d’un cabinet présidentiel. Mais Obama semble en avoir jugé autrement.


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