NON à une zone de libre-échange Etats-Unis - Union Européenne (Coordination paysanne européenne)

samedi 26 août 2006.
 

Elle signerait l’abandon total de la souveraineté alimentaire des Américains et des Européens, et renforcerait la main mise de quelques grandes firmes agro-industrielles sur l’agriculture et l’alimentation. A la fin mai, le Parlement Européen s’est prononcé sur un rapport proposé par la députée socialiste Erika Mann (Allemagne) - Rapport sur les Relations Economiques Transatlantiques UE-US-, qui appelle de ses vœux un « marché transatlantique sans entraves pour 2015. »

La Commission du Commerce International du Parlement Européen a d’ores et déjà été approuvé à une écrasante majorité ce rapport, avec le soutien des députés socialistes. Le rapport « recommande que lors du prochain sommet de 2006 (en juin 2006), l’Union Européenne et les Etats-Unis conviennent à la fois d’actualiser le Nouvel Agenda Transatlantique de 1995 et le Partenariat Economique Transatlantique de 1998 et mettent au point un nouvel Accord de Partenariat Transatlantique qui couvre les deux et conduise à l’instauration d’un marché transatlantique sans entraves d’ici 2015. »

Alors que les USA et l’UE ont déjà réussi en 1994 à imposer une OMC qui a ruiné la souveraineté alimentaire de tous les pays en formatant leurs politiques agricoles, les négociations actuelles du Doha Round ne sont pas sûres aujourd’hui d’aboutir. Les propositions d’accord bilatéraux de libre-échange sont un moyen pour les Etats-Unis et l’Union Européenne de contourner cette difficulté.

Il s’agit ici non seulement de s’attaquer aux barrières tarifaires, mais sans doute bien plus encore aux barrières non tarifaires. Ainsi le rapport dénonce « les entraves règlementaires (qui) sont devenues l’un des obstacles les plus importants aux échanges et aux investissements entre l’UE et les Etats-Unis et met en particulier en garde contre la prolifération de règlementations complémentaires au niveau national, le non recours aux normes internationales pertinentes sur lesquelles fonder les règlementations techniques, (et) les exigences excessivement lourdes en matières d’étiquetage. »

Il est légitime de se demander ce qu’il adviendrait alors de l’interdiction dans l’Union Européenne de l’hormone laitière et des hormones de croissance bovine ? Les Européens se verraient-ils imposer des OGM non étiquetés ? C’est notre droit à choisir notre alimentation et ses méthodes de production qui serait foulé du pied si un tel projet voyait le jour.

Une zone de libre-échange renforcerait la pénétration en Europe du modèle agro-industriel des Etats-Unis, en particulier dans le domaine de la production animale : Par exemple la firme US Smithfield, une des firmes responsables de la disparition de la production porcine familiale aux USA, qui a déjà réussi à s’implanter en Europe Centrale, pourrait se développer plus facilement en Europe. Les Européens ne veulent pas du modèle agricole et alimentaire américain, qui imprègne déjà trop l’Europe, avec des conséquences très destructrices pour l’environnement, la santé, et le maintien d’une agriculture paysanne durable.

Les autorités européennes et américaines doivent repenser leurs politiques agricole et commerciale pour répondre à l’attente de leurs citoyens pour une alimentation de qualité, produite d’abord localement et dans des conditions durables par des paysans nombreux. La souveraineté alimentaire, c’est à dire le droit des peuples et de leurs Etats à définir eux-mêmes leur alimentation et ses modes de production, sans dumping envers les pays tiers, doit être à la base des nouvelles politiques agricoles de part et d’autre de l’Atlantique.

Nous appelons donc les députés européens à rejeter les propositions du rapport sur les relations économiques transatlantiques UE-US et à s’opposer fermement à tout projet de zone de libre-échange Union Européenne - Etats-Unis.

Coordination Paysanne Européenne


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