Pour un nouveau parti de gauche sans concession avec la droite par Alexis Corbière (Conseiller de Paris, Premier adjoint à la Maire du 12e) et Danielle Simonnet ( Conseillère de Paris pour le 20e arrondissement)

jeudi 27 novembre 2008.
 

Vous trouverez ci joint notre déclaration annonçant notre décision de quitter le Parti socialiste pour participer à la démarche engagée par Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez de construire un nouveau Parti de Gauche.

Pourquoi ? Au plein cœur d’une crise financière et sociale sans précédent, malgré des coups portés par le gouvernement de Nicolas Sarkozy d’une rare brutalité (privatisation de la poste, remise en cause de la retraite à 60 ans, suppression de milliers de postes dans la fonction publique et particulièrement dans l’éducation nationale, plan de licenciements, expulsions répétées de personnes en situation irrégulières, etc...), plus de 80 % des adhérents du PS ont fait le choix de voter pour des motions issues de la majorité, qui ne s’opposent pas fermement à cette politique de casse sociale, et parmi elles la motion proposée par la candidate de l’ordre juste et de l’alliance avec Bayrou arrive nettement en tête.

Il faut regarder la réalité en face. Le Parti socialiste vient de changer de trajectoire.

Jusqu’ici on pouvait s’alarmer, s’interroger, parier en se demandant de quel côté le PS allait pencher. Désormais on le sait. L’histoire qui s’écrit maintenant ne pourra pas contourner cette réalité. Ségolène Royal a gagné. Elle a bénéficié d’une dynamique militante qui lui a permis de l’emporter. C’est autour de sa motion que la synthèse devra se discuter. Il serait parfaitement logique qu’elle y parvienne avec les deux autres motions issues de la majorité car il n’y a pas entre ces textes de divergences sur l’essentiel. Quant à la gauche du PS, elle a perdu la moitié de ses voix depuis les deux derniers Congrès. Elle n’a battu aucune des motions issues de la majorité. Elle ne comptera que 10 représentants au Bureau national sur 54. Elle sera donc incapable de peser sur la ligne du Parti. Notamment lors des prochaines élections européennes. A ce sujet, concernant l’Union Européenne, seule la Motion C, que nous soutenions, exprimait clairement qu’il fallait s’opposer à la ratification du Traité de Lisbonne. Sur cela aussi 80% des adhérents ont voté contre.

Dans notre ville comme sur le plan national les résultats du vote du 6 novembre sont clairs. A Paris, avec 18,77 % des voix, la Motion C qui avaient rassemblé toute la gauche du Parti, n’a pas réalisé le score attendu. Les idées que nous défendons ont même nettement reculé depuis les précédents congrès : elles sont divisées de près de moitié ! Comme sur le plan national, c’est le cas dans la fédération de Paris. Dans cette dernière, lors du Congrès de Grenoble en 2000, les deux motions de gauche (celle de la Gauche socialiste et celle conduite par H. Emmanuelli) avaient obtenu un total de 24,14% des voix. En 2003, à l’occasion du congrès de Dijon, la gauche du PS étaient divisée en trois motions (NPS, Nouveau Monde et celle de Marc Dolez) qui avaient obtenu 37 %. Enfin, en 2006, lors du Congrès du Mans, les motions NPS et Fabius-Mélenchon obtenaient 39 %. En rappellant ces scores, nous voulons permettre que chacun puisse juger sur la base de la réalité des faits et non d’une simple impression subjective.

Alors que faire ? Nous respectons le vote des militants parisiens, mais le désaccord est trop important, trop fondamental. Elus, nous sommes aussi et avant tout des militants. En participant à la construction d’une nouvelle force politique en vue de la constitution d’un large front de gauche aux élections européennes de juin 2009, nous voulons être utiles à nos idées, à nos principes. Nous sommes plus que jamais des militants unitaires, pour l’union de la gauche, de toute la gauche, mais aujourd’hui nous voulons rééquilibrer les rapports de forces au sein de la gauche.

Nous préférons ne pas renoncer aux idées que nous portons en les dénaturant dans des combines ni en les taisant au nom de la légitime discipline de parti. Nous ne voulons pas camper sur une butte témoin. Nous voulons descendre sur le champ de bataille démocratique. Nous voulons donner des raisons d’espérer et de lutter à ceux qui attendent autre chose de la gauche que l’abstention face à la droite et l’aveuglement face à la crise du capitalisme. Nous voulons être des militants utiles à la gauche et au pays. Bien sûr nous ne réussirons pas seuls. Notre démarche est donc un appel à l’engagement personnel de toutes celles et ceux qui veulent ce changement. A Paris, chaque jour des milliers de personnes sont engagées dans le soutien aux familles et travailleurs en situation irrégulières, contre les fermetures de postes dans les établissements scolaires, luttent contre des plans de licenciements...

C’est à tous ces militants associatifs, syndicalistes, politiques engagés dans le combat social, laïque, antiraciste, féministe, écologique et républicain que nous nous adressons en leur disant : "le Parti que nous voulons construire, c’est le vôtre, nous voulons le bâtir avec vous." A Paris, nous restons bien entendu partie prenante de la majorité de gauche du Conseil de Paris comme dans nos arrondissements. A notre place, nous ferons tout pour que cette majorité réussissent dans son action, qui doit permettre avant tout de protéger les parisiens des conséquences de la crise sociale et de la politique de la droite, en construisant une cité plus humaine, plus solidaire.


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