Partants ! (éditorial de A Gauche et du site PRS national)

samedi 15 novembre 2008.
 

Il existe peu de décisions aussi lourdes à prendre que celles que viennent de prendre Jean-Luc Mélenchon, Marc Dolez et avec eux de très nombreux responsables socialistes, de quitter un parti auquel on a consacré des années de vie. C’est un arrachement coûteux. On ne s’y résout pas par gaieté de cœur. Mais il faut regarder la réalité en face. Le Parti socialiste vient de changer de trajectoire. Jusqu’ici on pouvait s’alarmer, s’interroger, parier en se demandant de quel côté le PS allait pencher. Désormais on le sait. Les motions majoritaires ont obtenu 80% des voix et parmi elles, la motion proposée par la candidate de l’ordre juste et de l’alliance avec Bayrou arrive nettement en tête.

L’histoire qui s’écrit maintenant ne pourra pas contourner cette réalité. Ségolène Royal a gagné. Elle a bénéficié d’une dynamique militante qui lui a permis de l’emporter. C’est autour de sa motion que la synthèse devra se discuter. Il serait parfaitement logique qu’elle y parvienne avec les deux autres motions issues de la majorité car il n’y a pas entre ces textes de divergences sur l’essentiel. Quant à la gauche du PS, elle a perdu la moitié de ses voix depuis les deux derniers Congrès. Elle n’a battu aucune des motions issues de la majorité. Elle ne comptera que 10 représentants au Bureau national sur 54. Elle sera donc incapable de peser sur la ligne du Parti. Notamment lors des prochaines élections européennes.

Les militants de la gauche du PS doivent intégrer cette nouvelle donne. C’est ce que nous faisons. Ceux qui choisissent de rester aussi. L’analyse officielle des résultats par ce qui reste de la motion C commence ainsi : « Ce jeudi 6 novembre les militants socialistes se sont exprimés en faveur du changement. La motion dans laquelle figure Ségolène Royal est arrivée en tête devançant les deux autres motions issues de la majorité sortante ». Elle continue par l’idée que le Parti socialiste pourrait retrouver la confiance des classes populaires en élisant Benoît Hamon au poste de Premier secrétaire. Comme si le redressement du PS était possible par un changement de personne sans rompre avec l’orientation qui vient d’être confirmée et amplifiée par le vote des militants. Comme si la réponse à la crise historique du capitalisme que nous vivons était compatible avec une campagne européenne menée avec les partis sociaux-démocrates européens qui gouvernent avec la droite dans leur pays. Nos camarades ne croient peut-être pas de telles choses. Mais après ces résultats ils ne peuvent rien dire d’autre, comme hier Henri Emmanuelli premier secrétaire du PS à la faveur d’un putsch suppliant Jacques Delors d’être le candidat à la présidentielle.

Pour notre part, nous préférons ne pas renoncer aux idées que nous portons en les dénaturant dans des combines ni en les taisant au nom de la légitime discipline de parti. Nous ne voulons pas camper sur une butte témoin. Nous voulons descendre sur le champ de bataille démocratique. Nous voulons donner des raisons d’espérer et de lutter à ceux qui attendent autre chose de la gauche que l’abstention face à la droite et l’aveuglement face à la crise du capitalisme. Nous voulons être des militants utiles à la gauche et au pays. Bien sûr nous ne réussirons pas seuls. Notre démarche est donc un appel à l’engagement personnel de tous ceux qui veulent ce changement. A commencer par toi cher lecteur.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message