Mise en examen de l’UIMM, soupçonnée d’avoir acheté le silence de Gautier-Sauvagnac

vendredi 17 octobre 2008.
Source : Les ECHOS
 

Le président de la fédération de la métallurgie, Frédéric Saint-Geours, a été entendu hier par le juge Roger Le Loire, au pôle financier du palais de justice de Paris.

Élu à la tête de l’UIMM le 20 décembre 2007, Frédéric Saint-Geours n’imaginait pas qu’il serait un jour entendu par la justice dans l’affaire des fonds secrets de son organisation, les faits remontant à une période antérieure à son arrivée. C’est pourtant ce qui s’est produit hier. Le président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, ancien directeur général de Peugeot, a été auditionné par le juge Roger Le Loire, au pôle financier du palais de justice de Paris. Il représentait l’UIMM en tant que personne morale. Celle-ci a été mise en examen dans la foulée pour « subornation de témoin » et a demandé à son ancien patron, Denis Gautier-Sauvagnac, de livrer les noms des bénéficiaires des retraits suspects, objet de l’enquête. Cette mise en examen est la conséquence du réquisitoire supplétif, délivré le 18 juin par le parquet, visant à savoir si les avantages consentis à DGS, avaient pour but ou non d’acheter son silence.

Conditions de départ

Il y aura bientôt un an, le bureau de l’UIMM confiait à deux de ses membres, Michel de Virville (secrétaire général de Renault) et Philippe Darmayan (vice-président exécutif d’ArcelorMittal), le soin de négocier les conditions de départ de DGS. Les discussions avaient abouti le 6 décembre à un accord attribuant à l’intéressé une « indemnité transactionnelle » de 1,5 million d’euros et une indemnité « pour mise à la retraite obligatoire » de 300.000 euros.

Le 21 décembre, au lendemain de l’élection de Frédéric Saint-Geours, un avenant à ce contrat avait été signé, engageant l’UIMM à assumer les conséquences fiscales d’une éventuelle condamnation de DGS. A savoir : au moins 8 millions que le fisc serait en droit de réclamer au titre des 18,9 millions sortis en liquide des comptes de la fédération patronale, entre 2000 et 2007. Sur cette somme, 13,6 millions ont disparu dans la nature, 2,3 millions ont été retrouvés dans des coffres-forts et 3 millions ont servi à verser des compléments de salaires et de retraites à certains salariés maison. Compléments pour lesquels, fin 2007, l’UIMM a payé 424.000 euros d’impayés de cotisations sociales aux Urssaf et aux Assedic, les arriérés d’impôt restant à la charge des bénéficiaires.

Au printemps, l’affaire du « parachute doré » de DGS avait déclenché un nouveau scandale et l’UIMM a fini par corriger le fameux contrat, le 20 juin. Denis Gautier-Sauvagnac a remboursé une petite moitié de son indemnité transactionnelle (720.000 euros) et l’UIMM a levé la clause de confidentialité attachée à sa promesse de régler son hypothétique facture au Trésor public. Pour en avoir le coeur net, le juge d’instruction a convoqué d’autres protagonistes : après DGS mardi et Michel de Virville, lui aussi mis en examen hier pour « subornation », Philippe Darmayan sera entendu, aujourd’hui. Pour revenir ensuite au fond du dossier. Ernest-Antoine Seillière devrait être convoqué prochainement comme témoin, en tant qu’ancien président du Medef et ancien membre du bureau de l’UIMM.

GUILLAUME DELACROIX


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