UNE BIFURCATION DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITE (résolution finale du conseil national de PRS les 11 et 12 octobre 2008)

dimanche 19 octobre 2008.
 

« La crise que nous vivons annonce une bifurcation dans l’histoire de l’humanité. Ce n’est pas seulement une crise financière. C’est la dernière en date -et potentiellement la plus violente- des crises qui secouent le capitalisme depuis son origine. C’est une crise du régime économique mondial actuel fondé sur l’endettement. C’est une crise de l’hégémonie américaine dans un monde marqué par de nouveaux rapports de force. C’est une crise des orientations politiques néolibérales qui ont inspiré les gouvernements de tous pays depuis un quart de siècle. Un cycle de plusieurs décennies est donc en train de se refermer.

La crise va muter

A court terme la suite est malheureusement connue. La crise va poursuivre ses développements. Elle va continuer au plan financier car la quantité de capital fictif qu’il faudrait garantir pour maintenir la valeur des actifs est bien supérieure aux ressources des Etats eux-mêmes. Elle va frapper de plus en plus durement l’économie réelle. Dans une économie dominée par la finance, les canaux de transmission à la sphère réelle sont très nombreux : crise du crédit aux particuliers, crise de l’immobilier, pertes enregistrées par les firmes industrielles qui spéculent en Bourse, affaiblissement des recettes fiscales des collectivités publiques, dégringolade des retraites confiées aux fonds de pensions… Elle va avoir des conséquences toujours plus violentes au plan social : déjà le chômage enregistre en France une progression très importante, les annonces de plans sociaux se multiplient. Au plan international, elle annonce de nouvelles menaces sur la paix : affrontements pour le contrôle des matières premières, lutte effrénée de l’Empire américain pour sauvegarder sur le terrain militaire une hégémonie injustifiée au niveau économique. La crise financière va donc se prolonger comme une crise économique, sociale et politique.

Pour un bouclier social

Les milliards qui ont été engloutis dans de vains pare-feux incapables de contenir la propagation de la crise au sein de la sphère financière seraient mieux utilisés à éviter la propagation du désastre à l’économie réelle et à empêcher la dégradation des conditions de vie des populations. Il est possible de limiter les dégâts pour le plus grand nombre. Il faut bâtir un véritable « bouclier social », en protégeant l’outil productif et les travailleurs eux-mêmes. Pour cela il faut l’arrêt immédiat des réformes néolibérales, un moratoire sur les directives européennes de libéralisation, l’abandon du projet de privatisation de la Poste, l’abandon du bouclier fiscal, l’abrogation des franchises médicales, un moratoire sur les prêts relais, la hausse des salaires et des minima sociaux.

Hélas, ce n’est pas le chemin suivi par le gouvernement. Celui-ci ajoute la crise à la crise en poursuivant ses politiques de réduction de la dépense publique et des protections sociales. Au prétexte d’économie budgétaire, le gouvernement pousse ainsi les feux de la RGPP (Revue générale des politiques publiques), un plan social de 500 000 emplois dans la fonction publique, qui aggraverait le chômage, affaiblirait encore les capacités d’intervention de l’Etat et priverait nos concitoyens des droits fondamentaux garantis par les services publics ! La décision scandaleuse de faire supporter par l’assurance-chômage le report du paiement des cotisations des PME démontre la volonté de faire payer la crise par les travailleurs et les chômeurs. C’est continuer à aggraver le partage inégal de la richesse qui est pourtant à la racine de la crise. De même, le dessaisissement des citoyens opéré depuis plusieurs années au nom de la suprématie de la « concurrence libre et non faussée » et la crise démocratique qui en découle risquent d’être aggravés par les appels du pouvoir à l’union nationale et l’accentuation de sa dérive autoritaire. C’est donc une crise globale de la société qui se dessine.

L’URGENCE DU MOMENT

La suite à moyen et long terme est ouverte. Une telle crise globale appelle de nouvelles réponses politiques. Vers où les populations frappées par le désastre vont-elles se tourner ? En France, Sarkozy veut prendre appui sur la crise pour justifier l’aggravation du démantèlement de l’Etat et des acquis sociaux. En Autriche, dimanche 27 septembre, l’extrême-droite a battu ses records électoraux. Partout les fauteurs de guerre du choc des civilisations désignent le concurrent comme un ennemi irréductible. Où la gauche incarne-t-elle une alternative crédible, une voie de paix et de progrès ? La Grande-Bretagne paie l’addition de la soumission blairiste au capital financier. La social-démocratie européenne relit, hagarde, ses odes à la mondialisation en se demandant ce qui n’a pas marché. Et la présence de Pascal Lamy et Dominique Strauss Kahn à la tête de l’OMC et du FMI souligne dramatiquement l’impuissance de leurs thèses.

C’est dire la responsabilité qui pèse sur la gauche française à l’heure où ses principales organisations préparent leurs Congrès. Sauront-elles expliquer au plus grand nombre les racines de la crise en montrant que c’est le système lui-même qui est en cause ? Sauront-elles proposer une stratégie politique permettant d’arrêter cette machine folle en rendant aux citoyens la maîtrise de leur devenir ? Sauront-elles opérer les ruptures qui s’imposent, notamment avec une construction européenne qui lie les mains des peuples alors que la crise s’abat sur eux ? C’est possible, car la crise invalide l’illusion que la gauche pourrait accompagner la mondialisation libérale. Elle démontre au contraire l’urgence d’une réinvention de la gauche elle-même. Cette tache est l’urgence de l’heure. C’est là que le devoir commande.

Pour sa part, PRS agira pour aider à faire avancer dans la crise les réponses de progrès social et de paix. PRS participera notamment aux actions engagées contre la libéralisation des services publics ou pour la hausse des salaires. PRS décide également de lancer une campagne sur la crise financière afin d’en dévoiler les mécanismes et de présenter les réponses politiques qu’elle appelle. Cette campagne culminera dans un grand rassemblement le samedi 29 novembre prochain à Paris.


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