Meeting de lancement du Parti de gauche : Intervention de Hayat Dhalfa : "Il n’y a pas de territoires définitivement perdus pour la République"

samedi 29 novembre 2008.
 

La toute fraîche élue locale que je suis a une double obsession ; l’une qui est bien évidemment liée à son territoire d’intervention , l’autre liée à sa capacité d’agir quand on ne souhaite pas s’adapter au monde tel qu’il est .

D’abord la Seine Saint Denis, son histoire ouvrière, sa place particulière dans la région francilienne, son rôle dans l’histoire de la gauche française et sa capacité de mobilisation, un département qui a dit non à Maastricht, non au TCE et non à Nicolas Sarkozy . Un département qui voit aujourd’hui se fonder le Parti de Gauche, avec un plaisir non dissimulé pour un certain nombre d ‘entre nous, tant les défis qui nous attendent ici traversent l’ensemble de nos convictions républicaines, laïques, sociales et économiques.

Le premier des défis est, à mon sens, sortir de la dialectique dans laquelle on enferme que trop souvent ces territoires entre la peur et la compassion.

L’une permettant aux néo libéraux de tout poil d’instaurer le débat sécuritaire, fichage et autres restrictions des libertés individuelles, de déceler dès le plus jeune âge le gêne de la délinquance, de disqualifier les classes populaires, la jeunesse, l’immigration. In fine de masquer toute la question sociale et économique au profit d’une crise culturelle et religieuse d’une population in intégrable, qui amènerait la thèse du choc des civilisations aux Portes de Paris.

L’autre pendant, le compassionnel, s’il puise ses racines dans un certain humanisme ne fait à l’arrivée que gloser sur l’impuissance du politique en renvoyant chacun à ses mécanismes de solidarité propre, échouant à la mise en œuvre de mobilisation collective.

Vous excuserez le côté lapidaire des démonstrations, le temps imparti est court.

Cette dialectique en soi est une dialectique de la résignation, qui viserait à admettre sans piper qu’il y aurait des territoires définitivement perdus pour la République.

C’est donc un travail de fond qui nous attend ici !

Redonner crédit à la politique, quand on vient de se faire voler sa souveraineté populaire, n’est pas chose aisée.

Mobiliser, quand on n’est pas en capacité de régler des questions de vie lourdes, par ailleurs droits constitutionnels, comme le travail ou le logement, n’est pas chose aisée non plus.

Revaloriser les fondamentaux de la gauche, les différencier les unes des autres, quand on a connu les divisions électorales des dernières cantonales et municipales en Seine Saint Denis, n’est pas facile.

Faire valoir la laïcité, l’école, est une chose qui se complique quand le Président de la République en tant que tel dans son discours de Latran nous dit « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. »

Le volontarisme politique qu’il va nous falloir pour aborder les questions d’égalité, de partage des richesses, de l’Etat Social, de transformation social ; pour ne pas céder à l’ethnicisation de la République ( dans ses formules sympathiques comme la diversité, comme dans celles qui le sont moins comme les quotas ou le fichage ethnique), va exiger un front politique pour les européennes certes mais aussi pour l’action de proximité.

L’élue que je suis, deviens aujourd’hui une élue du Parti de Gauche ! Pour accompagner toutes ces questions entre autres. Mais aussi , je le dis en toute modestie, pour regagner de la capacité contestataire, de la capacité de proposition, de la capacité de mobilisation. Face aux transferts de compétences, à la complexification de la gestion publique, à la RGPP et aux finances publiques, à la mise à mal des services publics, aux injonctions de mise en place du SAM dans les écoles, de mise en place de la loi Boutin dans une ville qui pour mon cas atteint les 40% de logements sociaux, au débat sur le Grand Paris…nous avons besoin d’actions coordonnées, de plate formes de débat avec les citoyens, au risque sinon de devenir de simples gestionnaires ou de plus ou moins bons exécutants des politiques nationales . Mon engagement est entier, parce que je ne suis pas exempt de l’espoir et de l’enthousiasme suscités dans un premier temps par Marc Dolez et Jean- Luc Mélenchon .

Ni moi, ni les amis que j’ai rencontré ces derniers jours à la Courneuve, à Tremblay, à Montreuil, à Drancy, à Saint Denis, à Saint Ouen, à l’Ile Saint Denis, à Bagnolet, à Epinay Sur Seine et j’en passe, qui le hurlent avec vous . Oui décidément « ça suffit comme ça » !


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