Aux capitalistes de payer leur crise ! par Olivier Besancenot

mercredi 15 octobre 2008.
 

Le nouveau plan Paulson, adopté par le Congrès américain, comme le premier financement français d’une banque en faillite, Dexia, montrent ce que sera la réponse capitaliste à la crise : sauver le système en sauvant les riches, et faire payer tout cela par les populations, qui n’ont évidemment aucune responsabilité dans le désastre. Que le PS ait approuvé, sans surprise, le financement public de Dexia (et s’apprête à approuver toutes les socialisations des pertes à venir) montre que sa conversion officielle récente à l’économie de marché n’est pas un vain mot. Pas d’unité nationale, pour sauver le capital !

La crise capitaliste peut entraîner tout le monde dans son sillage, avec son lot de chômage en plus, de salaires réduits, de familles expulsées de leurs logements, de famines, de destructions écologiques, de tensions et de guerres. La gauche libérale ayant à l’évidence partie liée avec le système en crise, ce n’est que de la gauche anticapitaliste que peuvent venir des propositions concrètes, immédiates, pour stopper les conséquences de la crise et en protéger les plus faibles.

Il faut en premier lieu socialiser le système financier. Il faut freiner les spéculations financières. Cela peut se faire par l’instauration d’une taxe dissuasive sur toutes les transactions boursières, celle d’un délai de six mois entre l’achat et la revente des titres et, s’il le faut, la suppression de la vente des titres (suspension des Bourses). Il faut de toute urgence assurer la transparence de la finance, en supprimant tout secret bancaire. Cela suppose la fin des paradis fiscaux, y compris au sein de l’Europe (Luxembourg). Les banques de ces États voyous devront se soumettre à la transparence, ou alors être interdites de toute transaction avec celles de l’Union européenne.

Il faut la nationalisation de toutes les grandes banques et compagnies d’assurance, faillies ou pas. Ce qui implique : la nationalisation, sans indemnité et sans vente des actifs ultérieurs, le rejet de la mutualisation des pertes avant de reprivatiser les profits* ; la mise en place d’un service public bancaire, sous contrôle de la population, mutualisé, qui aurait pour objectif de drainer l’épargne, de mobiliser le crédit pour satisfaire des besoins sociaux élémentaires décidés par la collectivité ; l’extension du service public à l’échelle européenne, l’abrogation de l’indépendance politique de la Banque centrale européenne afin que les choix financiers s’opèrent sous le contrôle démocratique des populations et ne restent pas aux mains d’une technocratie soumise « aux lois du marché ».

Ensuite, il est nécessaire de mettre un terme au droit divin lié à la propriété capitaliste. Il faut donner aux travailleurs de véritables pouvoirs dans l’entreprise et, pour cela, modifier le droit de propriété, par exemple par la participation d’une représentation des salariés aux pouvoirs de décision. Cela implique l’exercice d’un contrôle ouvrier, avec ouverture des livres de comptes. Travaillant dans l’usine, au bureau, jour après jour, souvent année après année, créant les richesses, les salariés ont depuis longtemps conquis le droit d’exercer leur pouvoir. Si les patrons refusent le partage du droit de propriété, s’ils s’opposent au contrôle ouvrier, nous demandons leur expropriation et la mise de l’entreprise sous autogestion ouvrière.

Une nouvelle répartition des richesses est également nécessaire. Une des sources de la crise est la faiblesse du pouvoir d’achat. Dans l’immédiat, les travailleurs ne doivent pas faire les frais d’une crise qui n’est pas la leur. En ce qui concerne l’emploi, nous exigeons l’interdiction des licenciements et la nationalisation des entreprises qui menacent de fermer, avec relance de la production sous contrôle ouvrier. En effet, on nationalise des banques pour sauver les profits : au nom de quoi refuserait-on de nationaliser des entreprises pour sauver des salariés ? Nous revendiquons le maintien du pouvoir d’achat des salaires, par l’introduction d’une échelle mobile qui augmente automatiquement les salaires en fonction de l’inflation, 300 euros d’augmentation pour tous et un salaire net minimum porté à 1 500 euros. Nous voulons le relèvement des minima sociaux, une indemnisation du chômage digne de ce nom, l’arrêt de toute nouvelle privatisation (dont celle de La Poste), et que l’on revienne sur les contre-réformes introduites en matière de retraite et de santé.

Comment financer tout cela ? Pas un sou ne doit sortir de notre poche : c’est aux capitalistes de payer la crise de leur système. La taxe sur les transactions financières sera utilisée pour ce faire. L’urgence commande aussi de récupérer l’ensemble des dividendes des actionnaires pour l’année en cours. Plus généralement, il faut une profonde réforme de la fiscalité, qui taxe les profits capitalistes, dont les mesures immédiates doivent être : du côté des dépenses, supprimer tous les cadeaux aux entreprises ; du côté des recettes, revenir sur les dégrèvements consentis aux capitalistes (dont les 15 milliards votés en début du mandat de Sarkozy), rétablir un prélèvement plus élevé sur les bénéfices des entreprises, accroître l’impôt sur la fortune, à hauteur du creusement des inégalités dans la répartition des patrimoines.

Olivier Besancenot


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