30 octobre 130 : Fondation d’Antinopolis

vendredi 6 novembre 2020.
 

Le 30 octobre 130 l’empereur Hadrien fonde une cité en l’honneur de son jeune favori, mort une semaine plus tôt : Antinopolis.

Sur le site s’élevait déjà une ancienne ville égyptienne liée au culte de Ramsès II. Seul son grand temple est conservé, tout le reste est rasé et rebâti.

Cette ville porte la marque d’un triple projet impérial. Il s’agit d’abord d’instaurer un culte à Antinoë, dont l’empereur semble mal se remettre de la mort. Mais cette déification est liée à l’effort de consolider l’intégration territoriale du vaste empire. Du nord de l’Angleterre à la côte sud de la méditerranée, entre l’Espagne et la Judée, les coutumes sont diverses et les tensions menacent parfois la prospérité de l’Etat. Hadrien est connu pour avoir cessé la politique expansionniste de ses prédécesseurs, structuré l’administration et renforcé la cohésion des populations. Dans cette perspective la fondation de la nouvelle cité permet également de faire pénétrer la culture grecque au cœur de la géographie égyptienne. Elle est la première cité hellénistique de la région.

La ville est un complexe urbain centré autour du temple. La divinité locale est conservée, mais « romanisé », et on y adjoint le culte du nouveau dieu Osiris-Antinoüs. Le plan de la ville est calqué sur les cités grecques qui sont centrées sur les allées processionnelles plutôt que sur le croisement du decumanus et du cardo, caractéristiques du système urbanistique romain.

Sa subsistance est assurée à la fois sur le plan matériel et social. Un réseau de routes est institué, notamment la Via Nova Hadriana qui relie l’agglomération à la Mer Rouge. Les alimenta, aide alimentaire aux plus démunis que Trajan avait instauré pour la capitale, sont ici dupliquées. Pour favoriser l’acclimatation de la culture hellène, les mariages mixtes sont autorisés, sans perte du statut de citoyen pour les contractants. La cité est dotée d’une constitution propre, qui lui permet d’être dirigée par son propre sénat.

Plus tard, le poids spirituel de la ville reste puissant puisque l’essor puis l’affirmation de la chrétienté n’entame pas son caractère sacré. Elle s’enrichit encore de nombreuses constructions de culte.

A partir du 10è siècle, la ville est abandonnée et seul un temple gréco-romain massif subsiste, dont les matériaux sont utilisés au 19e pour construire des bâtiments industriels. Aujourd’hui, les derniers restes du cirque ont été détruits pour faire place au cimetière musulman contemporain.

Sylvère Cala


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