Commune de Rodez, communauté d’agglomération du Grand Rodez, Région Midi-Pyrénées... Quel bilan ? (interview de Guilhem Serieys)

vendredi 7 février 2020.
 

La Grande Interview Guilhem Serieys

Au delà de mes mandats, défendre mes convictions

A 28 ans, Guilhem serieys ne se reconnaissait plus dans la ligne politique du Parti Socialiste. Après avoir soutenu, en Aveyron, la motion présentée par Benoît Hamon, il a annoncé, quelques jours avant le congrès de Reims, sa démission du PS pour rallier le Parti de Gauche créé par Jean-Luc Mélenchon. Une décision mûrement réfléchie qui ne remet nullement en cause les 3 mandats qu’il compte assumer avec toujours autant d’implication.

Rappelez-nous rapidement votre parcours politique

J’ai adhéré au PS en 1996 à l’âge de 16 ans. J’ai été président de l’Union Nationale des Etudiants de France de 2000 à 2003 avant d’être élu conseiller régional en 2004. Enfin, c’est en 2008 que je suis devenu conseiller municipal de Rodez et vice-président de la Communauté d’agglomération en charge de l’enseignement supérieur et de la formation.

Quel bilan tirez-vous de ces 7 premiers mois de mandat sur la commune de Rodez

Très satisfaisant. Baisse de 2% de la taxe d’habitation, gratuité des garderies dans les écoles, lancement du projet de construction d’une école neuve à Bourran, aménagement d’une Maison des associations au Faubourg, réfection en synthétique du stade saint-Eloi, augmentation de 30% de l’aide aux clubs sportifs en contrepartie d’une implication dans l’animation et l’éveil des plus jeunes... autant de mesures bien perçues par les Ruthénois et qui visent un regain d’attractivité du chef-lieu.

Sans oublier les projets dits structurants comme l’aménagement du foirail avec le Musée Soulages, la construction d’un parking et d’une nouvelle salle des fêtes ou encore la réalisation d’un multiplex cinéma.

Parlons de l’agglo. Quel regard portez-vous sur les dysfonctionnements du début du mandat qui ont fait beaucoup parler ?

J’ai été désagréablement surpris par la tentative de déstabilisation du président Mouly par un des maires du Grand Rodez. La gravité des enjeux pour notre territoire appelle chacun au sens des responsabilités. Aujourd’hui, l’Agglo fonctionne bien sur l’essentiel comme en témoigne la finalisation de la convention territoriale signée prochainement, avec la Région et, je l’espère, avec le département. Cette feuille de route façonne le Grand Rodez de demain autour de 3 axes majeurs : l’emploi et l’activité économique, le tourisme et l’enseignement supérieur.

L’enseignement supérieur, parlons-en. Que comptez-vous faire pour lui donner, 50 ans après l’arrivée des premiers étudiants à Rodez, la lisibilité qu’il mérite et qu’il n’a toujours pas aujourd’hui ?

L’Agglo doit avoir un rôle d’aiguillon pour éviter la concurrence entre les offres de formation proposées par les différents établissements. Le développement de l’enseignement supérieur en Aveyron en général, sur le Grand Rodez en particulier, passe par la complémentarité au service de deux objectifs : la démocratisation de ces cursus post bac et l’ouverture de masters en lien direct avec le tissu économique local et ses capacités industrielles. Je pense aux sciences de l’ingénieur, aux systèmes embarqués, à l’agroalimentaire, à la santé et à la motricité pour consolider la filière STAPS. L’enseignement supérieur à Rodez peut être un formidable vecteur d’attractivité.

Que pensez-vous de la décision d’extension de l’université Champollion sur son site actuel de l’avenue de l’Europe ?

J’en suis très heureux puisque c’est une position que j’ai toujours défendue. En accord avec la position précédente de Marc Censi, j’estime que Burloup est le site le plus cohérent pour développer l’enseignement supérieur à proximité des logements étudiants de Bourran et des équipements (gymnase dojo et centre nautique Aquavallon) du Val des Sports. Ce projet de 8,5 millions d’euros améliorera considérablement les conditions d’enseignement mais aussi de vie et de bien-être des étudiants.

Peut-on parler de vie étudiante à Rodez ?

Non et c’est un paradoxe. 2000 jeunes sans véritable vie étudiante, cela ne peut pas continuer. Le Grand Rodez souhaite associer les étudiants à sa politique en matière d’enseignement supérieur et de formation en leur donnant les moyens de porter leurs projets dans les domaines de l’animation, de la solidarité, de la prévention et de la citoyenneté. Je compte beaucoup sur la création, début 2009, du conseil des étudiants pour donner à Rodez l’identité étudiante qui lui manque aujourd’hui.

Quel bilan tirez-vous de vos premières années de conseiller régional ?

Dans un contexte de désengagement de l’Etat (réseau ferré, aides économiques...) marqué par une non compensation des charges transférées synonyme d’une réduction considérable des marges de manoeuvre financières de la Région, je ne peux que me féliciter du travail précis, ambitieux et rigoureux, mené par la majorité régionale autour du président Malvy, pour une Région forte et protectrice.

Concrètement

Je prendrai quatre exemples.

* L’effort fait en matière d’éducation et de formation, y compris les aides apportées aux familles, qui représente 45% du budget de la région. Je citerai notamment le chéquier lecture et la bourse régionale de premier équipement en faveur des apprentis, deux mesures qui améliorent le pouvoir d’achat.

* La politique menée en matière de transports collectifs. La Région a lancé un plan rail sans équivalent au niveau national. 820 millions d’euros ont été mobilisés avec l’Etat, dont 500 millions concernant directement le quart nord-est de Midi-Pyrénées et essentiellement Rodez.

* Avec le Shéma régional de développement économique voté en 2007, la Région est chef de file dans ce domaine qui vise à soutenir les entreprises portant des projets créateurs d’emplois. Toujours en matière d’économie, 4 millions d’euros sont consacrés au plan de reprise et transmission d’activités.

* Les politiques territoriales qui visent un développement régional équilibré parle maintien d’activités en dehors de la seule métropole toulousaine. Depuis 2004, le Grand Rodez a bénéficié de 5 millions d’euros pour mener à bien les projets de création de l’Ecole de musique, du gymnase dojo et d’Aquavallon, de l’aéroport, du pôle multimodal de la gare ou encore du stade synthétique de La Roque.

Vous avez récemment participé à la présentation des nouveaux onds européens investis en Midi-Pyrénées. Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs aveyronnais pour être éligibles à l’octroi de subventions ?

La bonne nouvelle, c’est que 1,3 milliard d’euros seront investis dans la région pour 2007-2013. Les mauvaises nouvelles, c’est la fin des critères de zonage garants d’un développement équilibré des territoires et la diminution de 30% du Fonds Social Européen (FSE). Sachant que le cofinancement est un critère intransigeant, je conseille aux Aveyronnais de mener des démarches simultanées auprès de la Préfecture de Région, de la Communauté d’agglomération ou des Communautés de communes auxquelles ils appartiennent, du Département et de la Région. Qu’ils s’appuient enfin sur cette dernière prête à assumer son rôle de chef de file dans la coordination entre partenaires financeurs.

Pourquoi avoir démissionné du PS avant même le Congrès de Reims ?

Parce qu’il préivilégie la bataille des "people" aux vraies orientations politiques. Le Parti socialiste n’est plus aujourd’hui en mesure de proposer une alternative crédible au pouvoir en place. Le 6 novembre dernier, 80% des adhérents ont voté une des 3 motions issues de l’ancienne majorité. S’inscrivant ainsi dans la ligne politique de la Social démocratie européenne qui accepte le Traité de Lisbonne, copié collé du Traité européen rejeté par les Français en 2005. Je respect cette position au centre gauche de l’échiquier politique français mais je ne m’y reconnais pas. Ma place est désormais aux côtés de Jean Luc Mélenchon dans un Parti de Gauche (PG) qui défendra la République face à la puissance de l’argent, les conditions de vie des gens ordinaires et la souveraineté des peuples face à une Europe libérale qui se construit dans le dos de la démocratie.

Les débuts du PG sont-ils encourageants ?

Nous comptons déjà 5000 adhésions au niveau national, une cinquantaine en Aveyron dont celle de plusieurs élus, Jean Louis Roussel, conseiller général de Rodez Nord, Claude Catalan maire de Montbazens et moi-même. Le grand meeting de lancement le 29 novembre à Paris et le congrès fondateur du 7 février 2009 ne feront qu’accélérer cet élan. Premier objectif : les élections européennes pour montrer que le front de gauche qui n’a pas renoncé à changer la société peut être majoritaire...


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