PSYCHOLOGIE ET CONGRES SOCIALISTE : UNE COMBINAISON OPAQUE

mercredi 3 septembre 2008.
 

La scène de la gauche du parti socialiste s’encombre de théâtrales mises en demeure. La main sur le cœur paraissent des proclamants émouvants qui me somment de réaliser l’unité immédiate de la gauche du parti et ainsi de suite. Je ne suis pas épargné par les commentaires de psychologues de comptoir. Serait aussi en cause mon caractère quand ce n’est pas mon orgueil. Et tutti quanti.

La psychologisation de la politique est l’autre versant de la dépolitisation ! Aujourd’hui elle permet encore une fois de faire l’économie de la politique.

Psychologie et absence de mémoire sont les deux sources intarissables qui alimentent la confusion et l’opacité. Et ce n’est jamais gratuit, bien sûr.

Notez que je devrais avoir l’habitude. Quand la gauche socialiste éclata, les fins psychologues y virent un effet de mon égo et de celui de Dray. Que Dray parte rejoindre Hollande en transitant par la fondation du NPS et que je me refuse à ce ralliement ne corrigea pas cette rumeur. C’est comme si la politique était un prétexte dans l’existence des militants.

Il en alla de même quand je pris mes distances avec « Nouveau Monde » que j’avais créé avec Henri Emmanuelli. Que je sois entré en campagne publique contre le TCE et sur la ligne d’union avec tous les non de gauche sans exclusive tandis qu’il faisait un choix d’observation jusqu’en mars ne parut pas suffisant pour comprendre notre éloignement.

Puis qu’il choisisse de refuser les campagnes communes avec "l’autre gauche" ne parut pas non plus une divergence politique suffisamment explicative. Avait-il raison ? Ou bien moi ? Ou bien aucun des deux ? Personne n’en discute jamais. De nos caractères il est pourtant souvent question. Comme si on faisait des gens qui tiennent bon contre la marée que nous affrontons depuis vingt cinq ans avec des angelots en sucre doux. Ah ! la bonne vieille psychologie ! J’ai trois raisons d’être agacé quoique parfois très amusé du spectacle, en dépit du côté donneur de leçon sans mémoire qu’il m’oblige à supporter.

Première raison. D’aucuns dans cette cohorte manquèrent sciemment tous les rendez-vous précédents. En particulier celui du congrès du Mans où le rassemblement des partisans du non aurait pu faire la différence décisive. La candidature de Laurent Fabius y fut tout simplement assassinée. Lieneman, Vidalies, Laignel, Moglia, et combien d’autres, venus de tous les courants nous nous étions rassemblés en dépit de nos bien anciennes divergences entre nous et avec Laurent Fabius. Le Nps non. Des pusillanimes quand même un peu conscients couinèrent. Ce fut leur maximum de courage. Pour les rassurer et apaiser aussi notre colère on fit courir la thèse du râteau : « on va ratisser plus large en présentant deux motions différentes ». Et les plus retors ajoutaient avec des clins d’œil « parce que Fabius, tout de même » ! Nous eûmes même à subir des démonstrations compliquées et tarabiscotées qui finirent de rendre l’atmosphère irrespirable. Ainsi quand Gérard Filoche expliquait qu’il fallait d’abord voter NPS pour « peser à gauche sur Fabius ». Peser à gauche avec Montebourg, Peillon et compagnie…. Et c’est au NPS qu’eut lieu le vote pour la synthèse qui entraina la synthèse générale. Pour finir, « le râteau » fonctionna surtout comme une matraque sur la tête de la gauche du parti et le camp du non : Peillon, Montebourg, Assouline, firent campagne pour Ségolène. Emmanuelli se mura dans le silence. Hamon devint transparent et s’inscrit aux abonnés absents.

Deuxième raison. Parmi ces masques, combien signèrent ou tout simplement répondirent à l’adresse que mon courant, « trait d’union » fit circuler en mai dernier pour l’unité des gauches du parti ? Combien répondirent au courrier personnel qui leur fut alors envoyé ? S’ils ne le firent pas ce n’est pas pour des raisons psychologiques. C’est qu’ils avaient un autre scénario en tête. Un scénario qui ne devait surtout pas s’intituler « de gauche ». C’est celui qui a débouché sur le regroupement des « reconstructeurs » dans lequel la condition initiale posée par les fondateurs était qu’on m’en écarte ainsi qu’Henri Emmanuelli pour ne pas effrayer les strauss kahniens hésitant et autres grands barons de « la ligne claire » à qui je donne légitimement de l’urticaire.

Troisième raison. Toutes ces mises en demeure tiennent de l’envoutement. Car quel genre de gauche me demande-t-on de « rejoindre » immédiatement ? Quel est son périmètre ? Que des journalistes ne sachent rien du passé, même le plus récent et baptise « gauche du parti » ce que leur mémoire d’étourneaux leur permet de noter est une chose. Que des militants politiques chevronnés fassent semblant de sortir de l’œuf, voila ce que je ne suis pas prêt à regarder faire sans mot dire. De quelle "gauche du PS" parle-t-on ? Avec Fabius ? Mais c’est exactement ce dont ils ne voulaient pas au précédent congrès ! Avec Aubry ? Avec Cambadélis ? Admettez qu’il y ait débat. Bref : d’où jusqu’à où ? C’est ma première question et tant que je n’ai pas la réponse qui me convient, je ne bouge pas d’un mètre de là où je suis avec Marc Dolez. J’en suis d’autant plus convaincu que quelques uns des intéressés, et non des moindres disent ne pas avoir tranché à propos de ce périmètre. Et quand je lis la presse, je ne suis pas rassuré sur leurs intentions. Je sais, bien évidemment, que la presse … Ainsi quand j’apprends dans « Le Monde » qu’Emmanuelli se rapproche de Martine Aubry je n’en crois pas un mot connaissant les intéressés. Et du coup je flaire le coup de billard à douze bandes. Mais qui en est l’auteur ? Qui veut forcer la main d’Emmanuelli ou bien pousser Martine Aubry à se démarquer ? Je me méfie.

Ce panier de crabes ridiculise qui y met seulement une pince ! Il en va de même sur le programme. J’ai dit dans la précédente note ce qui me parait être le socle de principe de base. Pour le reste on se reporte sans difficulté au communiqué commun que nous avons diffusé avec Marc Dolez. Nous sommes sans mystère ni dessous de table. J’aurais pu y ajouter que d’une façon ou d’une autre je refuse de condamner « Die Linke » comme le réclame Gérard Filoche si jamais cette divergence devait être le prétexte trouvé pour nous flétrir. Non, nous ne le ferons pas. Ne serait ce que parce que ce n’est pas un sujet de congrès socialiste. Et parce que nous estimons et respectons Oskar Lafontaine. Enfin parce que nous approuvons son choix en Allemagne. Libre à d’autres de trouver plus moral et « plus à gauche » de vouloir « peser à gauche sur le SPD » qui gouverne avec la droite ! Comme pour des milliers de socialistes, Lafontaine est un modèle de fidélité à soi-même si le PS fait le choix de la ligne démocrate au congrès de Reims.


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