Le régime géorgien : hypernationaliste et adepte du nettoyage ethnique ! (par Hubert Sage Président du cercle Laïcité et République Sociale)

vendredi 22 août 2008.
 

Il n’est pas possible de ne pas réagir à la complaisance scandaleuse des médias en faveur du régime géorgien et de la politique de son président SAAKASHVILI.

Le faire passer pour l’agressé alors que c’est lui qui a lancé ses troupes contre l’Ossétie du Sud, ce que personne ne peut contester, ce n’est déjà pas mal, mais oublier délibérément que ce n’est pas pour délivrer les habitants mais au contraire pour les asservir, puisque 90% ont par référendum en 2006 voulu se séparer de la Géorgie, après une guerre d’indépendance victorieuse en 1992 (certes aidée par les Russes), c’est de la malhonnêteté intellectuelle.

Alors accepter que SAAKASHVILI raconte sans être démenti que les Russes pratiquent le nettoyage ethnique, voire le génocide, est un comble, même si on n’a aucune complaisance pour les actions passées et présentes des régimes russes successifs ici et là dans le monde !

En effet il est indispensable de faire connaître à tous la nature du régime géorgien, hypernationaliste fanatique, et ethnocidaire. Un peu d’histoire est toujours nécessaire : STALINE, Géorgien de la ville de GORI (et toujours vénéré par les habitants de la ville), donna à la Géorgie, une des Républiques soviétiques, les territoires d’Ossétie du Sud et d’Abkhasie, érigés en régions dites autonomes, qui permirent une colonisation massive de ces 2 territoires par des colons géorgiens qui se comportèrent en colonisateurs brutaux, brimant les autochtones par les moyens administratifs et économiques classiques.

Evidemment, lors de la chute de l’URSS et de l’indépendance de la Géorgie en 1991, le gouvernement géorgien supprima ces 2 régions autonomes pour amorcer une répression ethnique qui n’osa pas dire son nom ; mais le résultat ne se fit pas attendre : les Ossètes et les Abkhases se révoltèrent et conquirent leur indépendance avec l’aide des Russes (qui certes avaient intérêt à affaiblir la Géorgie) mais qui, néanmoins laissèrent une des provinces d’Abkhasie et une importante partie de l’Ossétie du Sud à l’Etat géorgien. Certes les colons géorgiens, exécrés par la population locale furent obligés de partir des territoires libérés (jusqu’à 250 000 en Abkhasie), mais les nombreux Ossètes du Sud qui vivaient dans le territoire resté à la Géorgie, devant les brimades, se réfugièrent en totalité en Ossétie du Nord, membre de la Fédération de Russie, sur le versant nord du Caucase.

Pour bien comprendre la situation de domination que les colons géorgiens exerçaient contre les populations locales, il faut se rendre compte que les minorités arméniennes et grecques qui formaient près de 15% de la populations d’Abakhasie, bien que chrétiens, se battirent avec leurs milices aux côtés des abkhases musulmans (ce qui est plus que significatif, dans ces régions, de la réalité et de l’intensité de l’oppression géorgienne) contre les colons géorgiens chrétiens qui étaient parvenus à devenir majoritaires dans la région d’Abkhasie.

En effet les régimes géorgiens qui se sont succédés en Géorgie depuis l’indépendance de 1991, à l’exception notable de celui de CHEVERNADZE, l’ex ministre des affaires étrangères de GORBATCHEV, se sont caractérisés par un impérialisme ethnique et religieux fanatique, avec en prime l’action ethnocidaire de l’église orthodoxe géorgienne qui se distingue par l’accaparation brutale des autres lieux de cultes chrétiens

Il faut ainsi faire connaître au grand jour les brimades exercées depuis des décennies par l’administration et la police géorgienne dans la province de DJAVAGH (150 000 habitants), donnée par STALINE à la Géorgie en 1920, alors qu’elle est peuplée à 90% d’Arméniens et située à la frontière de cette République.

Là, non seulement une politique active de type « minidragonnades » en vue d’affamer la population (donc de réaliser un nettoyage ethnique) est organisée désormais par les autorités géorgiennes de SAAKASHVILI, (une révolte a failli se déclencher en juillet 2008 contre ces exactions) mais les clercs de l’Eglise orthodoxe géorgienne (qui ont demandé en 2007 le rétablissement de la royauté !!!) sont envoyés presque systématiquement dans les grandes églises arméniennes historiques pour s’en emparer et supprimer les inscriptions arméniennes gravées sur la pierre en les remplaçant par des inscriptions géorgiennes (cela s’appelle de l’ethnocide) !!!!

Et tout ceci dans l’indifférence générale, notamment celle de l’administration des USA qui se gargarise pourtant de démocratie et de droits de l’homme, et parle pour cela de défendre ce « pauvre » SAAKASHVILI et son gouvernement hypernationaliste fanatique, avec un parlement où il n’y a aucun Abkhase, aucun Ossete et aucun Arménien originaire de ces provinces données par STALINE à la Géorgie. !!!! Il faut aussi savoir que l’administration étasunienne, qui soutient sans vergogne le régime hypernationaliste géorgien soutient également, et en même temps, le régime hypernationaliste fanatique d’Azerbaidjan qui voulait faire dans les années 90 (comme en 1922 à Shoushi par des massacres de nature génocidaire) le nettoyage ethnique des Arméniens dans la province du Haut Karabagh donnée par STALINE à l’Azerbaidjan (les 150 000 Arméniens de la province se sont alors révoltés et ont conquis leur indépendance), et les régimes turcs successifs connus pour leur savoir-faire dans le nettoyage ethnique génocidaire et le négationnisme, rejoints maintenant pour ce faire par les forces islamistes.

Et tout ceci, en vue d’acheminer, sous leur contrôle garantissant l’ultralibéralisme, pétrole et gaz de l’Azerbaidjan à un port turc de la Méditerranée, les oléoducs et gazoducs devant passer obligatoirement par la Géorgie. Il va donc de soi pour l’administration des USA de soutenir sans retenue des régimes qui se ressemblent par leur hypernationalisme fanatique en instrumentalisant des forces religieuses rétrogrades et obscurantistes, qui jouent elles-mêmes la surenchère nationaliste, mais qui ont tous le grand mérite à ses yeux de prôner l’ultralibéralisme économique.

Or, même s’ils ont un caractère formel de démocratie par des élections, ces régimes n’ont pas le caractère républicain émancipateur qui consiste à garantir les droits des populations à vivre dans des états-nations, et les droits de l’homme universels et imprescriptibles de liberté individuelle, d’égalité en droit et de fraternité sociale qui fondent l’humanisme et la laïcité.

Les médias pourraient-ils rappeler tout cela au lieu de s’aligner sur la thèse scandaleuse de l’administration étasunienne, soutenue d’ailleurs avec acharnement par des régimes ultra catholiques et ultra libéraux comme ceux de la Pologne et de la Lituanie ?

Hubert Sage


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message