La canicule, une preuve du réchauffement de la planète ?

mardi 25 juillet 2006.
 

Au moment où une grande partie de l’Europe et de l’Amérique du Nord étouffe sous une nouvelle canicule, se pose à nouveau l’épineuse question de la cause de cette vague de chaleur et de son lien avec la dynamique de réchauffement de la planète.

Ces températures sont-elles un phénomène climatique conjoncturel ou la preuve de dérèglements plus profonds ?

La vague de chaleur a déjà fait une vingtaine de morts en France, où l’on craint une répétition de la canicule de 2003, qui avait tué 15.000 personnes en France et 20.000 en Italie.

De l’autre côté de l’Atlantique, on enregistre également des températures record dans plusieurs régions des Etats-Unis et du Canada. "Nous sommes en train de cuire", a déclaré Dennis Feltgen, de l’institut météorologique américain.

La plupart des scientifiques s’accordent désormais sur le fait que la Terre est en train de se réchauffer et que cette tendance va s’accentuer du fait de "l’effet de serre" provoqué par les émissions de certains gaz qui piègent la chaleur dans l’atmosphère. Mais beaucoup de chercheurs jugent qu’ils ne faut pas tirer trop de conclusions d’un seul événement climatique.

"On ne peut bien sûr pas dire qu’un seul événement météorologique est le fait du réchauffement climatique", a expliqué Asher Timms, du Centre Tyndall pour la recherche sur le réchauffement climatique, en Grande-Bretagne. "Mais dans l’ensemble, notre système climatique est en train de changer".

"SEULES LES MOYENNES COMPTENT"

Les détracteurs de la théorie du réchauffement global, qui prévoit avec la hausse des températures une intensification des phénomènes climatiques extrêmes, mettent en cause l’emballement médiatique lors des vagues de chaleur.

"Il y a eu des périodes plus chaudes par le passé. Il y en aura d’autres à l’avenir", a déclaré Bill O’Keefe, membre de l’Institut George C. Marshall, un think tank de Washington, et consultant proche de l’industrie pétrolière.

"Si celle-ci durait longtemps, peut-être pourrions nous dire que l’activité humaine a un impact".

Mais beaucoup de scientifiques sont désormais convaincus de l’existence d’une tendance lourde. Selon la Nasa, 2005 a été la l’année la plus chaude en 100 ans, sachant que les trois précédentes étaient déjà les plus chaudes depuis 1890.

Le Centre national américain de données climatiques a fait savoir que le premier semestre 2006 avait été le plus chaud depuis le début de ses relevés, en 1895.

"Les moyennes de la Nasa pour la planète et les statistiques que nous réalisons sont beaucoup plus parlantes que l’observation des phénomènes extrêmes en Grande-Bretagne, en France ou en Italie", a dit Philip Jones, climatologue de l’université britannique d’East Anglia. "Ce sont les moyennes qui comptent".

"Dix des 12 dernières années ont été les plus chaudes depuis 1850. La température moyenne de la planète a grimpé de 0,7 degré depuis cette date et on s’attend à ce qu’elle progresse encore de 2 à 5 degrés au cours du prochain siècle", a-t-il dit.

DAVANTAGE DE CANICULES A L’AVENIR

Les sceptiques affirment que l’augmentation des températures au cours du siècle qui s’est écoulé n’a pas été provoquée par la libération de gaz à effet de serre liée à l’industrialisation de la planète mais s’explique par le fait que l’on sortait d’une période froide connue comme "le petit âge glaciaire".

Selon Jones, l’augmentation des températures au 20e siècle a été trois fois plus forte que lors des autres siècles, signe qu’il ne s’agissait pas d’une tendance naturelle.

Si quelques étés chauds ne prouvent pas que le climat change, les vagues de chaleur seront en revanche inévitables en cas de réchauffement climatique.

"Bien évidemment", a-t-il souligné, "si le climat se réchauffe, les épisodes extrêmes sont de plus en plus sévères".

Outre la hausse des températures, de plus en plus de signes illustrent ce réchauffement. On assiste notamment à une élévation du niveau des océans, provoqué d’une part par l’augmentation du volume d’eau lié à son réchauffement, et d’autre part par la fonte des glaciers de montagne.

A en croire Jones, les océans s’élèvent en moyenne de 1,5 mm par an. Et cette progression a été de 20 cm depuis la fin du 19e siècle.

Les autres illustrations possibles du réchauffement de la planète sont l’augmentation de l’intensité des ouragans, la diminution de l’enneigement des massifs montagneux ou encore des modifications des régimes de précipitations.

Pour tenter de forger un consensus scientifique, l’Onu a chargé depuis 1988 un Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) de compiler les données sur la question. Ses conclusions ont une influence majeure sur les décisions politiques car la question climatique fait l’objet d’un lobbying intense du fait de ses répercutions en matière économique et énergétique.

Membre du Giec, Le professeur Jones a refusé de dévoiler les conclusions du quatrième rapport du Groupe, attendu en 2007, mais il a laissé entendre qu’il abonderait totalement dans le sens de la théorie du changement climatique.

Pour de nombreux scientifiques, les canicules actuelles sont donc un avant-goût de ce que peut réserver, à l’avenir, une tendance lourde au réchauffement global.

Robin Pomeroy


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