Grèce : Syriza change la donne !

jeudi 28 août 2008.
 

La situation politique en Grèce a profondément changé suite à l’émergence du phénomène Syriza, que nos camarades grecs ont rejoint il y a peu. Voici leur présentation de la situation lors de l’école d’été du CIO.

Syriza est une coalition de 11 partis et organisations de gauche (divers groupes trotskistes ou maoistes, des scissions du parti social-démocrate Pasok ou du parti communiste KKE, des altermondialistes et beaucoup d’inorganisés) que nous avons rejoint il y a deux mois. Syriza est en formation, mais il y a déjà une bataille entre l’aile droite qui est organisée et l’aile gauche qui ne l’est pas encore.

Les élections de septembre 2007 étaient leur première participation et Syriza avait obtenu 5%. En un an, le soutien de Syriza a été presque multiplié par trois pour arriver à 13%, voir 19% dans les sondages, soit un million de personnes. Cela illustre le potentiel et le vide qui existe à gauche et cela a modifié le rapport des forces dans le pays. Des couches larges dans la société considèrent Syriza comme une alternative au gouvernement, ce qui surprend les anticapitalistes de Syriza, qui craignent de devoir répondre au changement dans la société et n’y sont pas préparés. Syriza a cassé la tradition de vote misérables pour l’extrême-gauche, c’est aujourd’hui le seul parti de gauche dont le soutien augmente.

Le Pasok est dans une crise dont il n’arrive pas à sortir. Les masses savent qu’elles n’ont rien à attendre d’une organisation qui ne fait rien pour se distinguer de la politique du gouvernement malgré le fait qu’elle est dans l’opposition. Des dizaines de scandales de corruption ont impliqué des membres du Pasok.

La classe capitaliste est très inquiète. Le gouvernement de droite n’a plus qu’un siège de majorité et le Pasok n’est pas une alternative fiable. Le parti communiste KKE et Syriza ont ensemble dans les sondages jusqu’à 25% des voix. Des milliers d’articles parlent de l’émergence du phénomène Syriza, qui représente un véritable casse-tête électoral.

La situation sociale a elle aussi beaucoup changé en un an. Le mouvement étudiant a réussi à attirer les lycéens et les professeurs aux cours de manifestations et d’occupations. Au cours d’une lutte de deux mois, le mouvement a réussi à obtenir des concessions sur la question de la gratuité de l’enseignement. Mais le gouvernement a quand même introduit le capital privé dans l’enseignement après la grève et les collèges privés sont légalisés. Les étudiants organisent maintenant la riposte pour empêcher l’application de ces lois et personnes ne sait jusqu’où cela peut aller.

La Grèce a connu trois grèves générales avec 3 millions de grévistes au point culminant. Des dizaines de professions ont aussi été en grève entre celles-ci : les dockers, les journalistes, les avocats, les éboueurs, les électriciens… La réforme des pensions a mené à une lutte qui a fait partir le ministre responsable. Le nombre de travailleurs impliqués montrait que la volonté de lutter était présente, mais les directions syndicales n’ont pas été à la hauteur et ne voulaient pas aller jusqu’au bout. La conscience de classe se développe vraiment dans une telle situation.

L’an dernier, le gouvernement n’a rien fait pour aider les victimes des incendies de forêts et de multiples scandales de corruption ont touché les partis. L’inflation est aussi très grande dans un pays où ¼ de la population vit sous le seuil officiel de pauvreté.

Mais ces conditions objectives ne suffisent pas à expliquer la formation de Syriza. De nouveaux éléments ont permis cela, notamment l’attitude sectaire et arrogante du KKE qui a laissé le champ libre à une formation possédant une attitude ouverte. Ensuite il y a l’échec de la gauche anti-capitaliste, qui représente au moins 30 organisations différentes et qui joue pourtant un rôle dirigeant dans les protestations, notamment étudiantes. Syrisa a opéré un tournant à gauche en critiquant vertement les partis traditionnels et en faisant référence au socialisme ainsi qu’à d’autres termes de gauche, mais sans toutefois d’explication, ni de soutien aux luttes sociales et syndicales. Synaspismos, qui fait partie de Syriza, a connu aussi un tournant à gauche qui a commencé il y a trois ans avec l’élection de leur nouveau dirigeant.

Les conditions objectives et subjectives vont continuer à se conjuguer pour nous fournir assez d’adrénaline politique pour mettre en avant l’alternative socialiste au capitalisme.


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