Les sociaux-démocrates européens nagent souvent en pleine confusion.

dimanche 23 juillet 2006.
 

On connaissait déjà les dérives de Tony Blair. On a pu constater navrés le choix du SPD allemand d’engager une grande coalition avec la droite, plutôt que de former un gouvernement de rassemblement de gauche, alors que cette dernière pouvait être majoritaire. On a du sanctionner radicalement l’alliance récemment nouée par les sociaux-démocrates slovaques avec des partis d’extrême-droite, et protester contre les accords locaux des "camarades" autrichiens en Carynthie avec l’équipe d’ Haider.

Décidemment, on ne peut pas dire que les socialistes et sociaux-démocrates européens soient au clair avec leurs alliances et leur volonté de changements. Comment s’étonner alors qu’une telle confusion éloigne bon nombre d’électeurs de nos partis frères et dans le même moment contribue à renforcer le vote vers l’extrême droite et des forces néofascistes. Le dernier événement en date, dans cette confusion générale, vient de l’ex-communiste, Massimo D’Alema, nouveau ministre des affaires étrangères italien. Il a été président du PDS et ensuite député européen. Il a gardé de ses années néostaliniennes, le dogmatisme et la rigidité de pensée, mais il a abandonné toute ambition de transformation en profondeur de la société. Devant renoncer aux dérives du communisme, il a comme certains de ses camarades, tout passé par dessus bord et en premier lieu l’idée que le capitalisme n’était pas inéluctable et le libéralisme généralisé incontournable. Il s’est, avec le zèle du néophyte transformé en social-démocrate de droite. Où s’arrêtera t-il ?

Dans un discours au Forum de Venise le voilà qui loue et encense la très géniale Angéla Merkel et qui ayant découvert la démocratie sur le tard, ne peut toujours pas admettre que le peuple n’accepte ni son point de vue, ni celui des élites qu’il a décidé de servir. Et il répète tous les lieux communs, largement propagés par les élites dirigeantes de nos pays, sur les résultats du référendum : "le populisme antipolitique qui s’est manifesté de manière aussi virulente à travers les référendums français et hollandais est une des maladies de fond non seulement de l’Europe mais aussi de nos démocraties". L’idée que le vote en faveur du Non relève d’une critique politique des formes prises par la construction européenne ne l’effleure pas. Lui, comme d’autres, ne veut pas entendre, ne veut pas comprendre, car il ne veut rien remettre en cause. D’ailleurs il propose de continuer de plus belle, en particulier les élargissements de l’Europe. "Il ne faut pas regarder l’élargissement avec crainte. On a besoin d’une classe politique capable de mener des batailles de vérité contre les peurs irrationnelles". Ah ! On retrouve, à nouveau, l’argument maintes fois répétés de l’irrationalité de ceux qui refusent la méthode et la construction libérale et non politiquement maitrisé de l’Europe. La critique visait directement Laurent Fabius tandis que D’Alema multipliait ses louanges sur " la nouvelle philosophie d’Angéla Merkel". Si quelqu’un a découvert quelque chose de nouveau dans la pensée de Merkel, qu’il nous le signale. En tout cas, le peuple allemand n’avait été que très modérément convaincu, car son parti ne pouvait gouverner seul l’Allemagne et la gauche aurait pu présenter une alternative.

Quand à la victoire de la coalition de gauche en Italie, elle ne fut acquise - fort heureusement contre Berlusconi- que d’une courte avancée et encore elle fut surtout obtenue par une forte remontée des partis les plus à gauche. Quand nos camarades sociaux- démocrates, ailleurs en Europe, mais en France aussi, admettront ils qu’il est grand temps pour convaincre et rassembler de présenter une ligne qui allie la nécessité de l’alternance et l’exigence de l’alternative ? La confusion ca suffit !

Marie Noelle Lienemann (députée socialiste européenne, ancien ministre)


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